Les films dramatiques français, je m’y risque avec prudence. Ceux que j’ai pu voir par le passé sont presque toujours soporifiquement bavards, leurs personnages s’abiment dans des auto-analyses grandiloquentes pour donner de l’importance à des intrigues et des émotions qui n’en ont pas, et au final je me tire souvent de là comme d’un sommeil agité : avec une barre au-dessus des yeux et avec l’envie de boire. Victoria est souvent comme cet archétype de film pompeux et autocentré, mais étrangement ce film a les qualités de ses défauts. A intervalles réguliers, le film semble indiquer combien tout ce verbiage assommant est à la fois la cause et la conséquence des déboires de ses personnages. Finalement, moins ils se (la) racontent sur leur crise essentielle, plus ses protagonistes s’autorisent à exister réellement, et c’est en touchant le fond que Victoria va le découvrir. Si à l’exhortation à se sortir la tête du nombril on ajoute des personnages peu archétypaux, une intrigue judiciaire légèrement absurde, et une réalisation tendre et pourtant implacable, eh bien ma foi, ça donne un résultat plus que regardable. Je ne m’enverrais pas des films comme Victoria tous les jours, parce que, ouais, c’est quand même bavard, même au second degré. Mais j’ai pas mal au crâne et aucune envie de me murger, et j’appelle ça une victoire. Ha ha.