En 1994, le nom du Rwanda me faisait lever les yeux au ciel. Tout comme l’évocation de la Somalie ou de l’Irak, à 1 ou 2 ans près. Franchement, ça me FAISAIT CHIER d’en entendre parler aux infos, d’en entendre parler à table, de m’entendre comparée aux enfants dans ces pays, qui n’avaient pas « ma chance ». A l’époque du Rwanda, j’avais 12 ans, je n’étais pas capable de bien prendre la mesure de tout ça. Mais en fait je ne m’étais jamais intéressée à ce qui s’était passé là-bas, même pas après. J’ai lancé Hotel Rwanda uniquement parce que je voulais voir Don Cheadle, et je me suis retrouvée avec près de 2h de honte et de colère envers moi-même. Et je l’avais bien méritée, ma « white guilt ». Alors je me suis interdit de pleurer ou de détourner les yeux, c’était un minimum. Et je me suis sentie très conne d’avoir mis près de 20 ans à m’intéresser au monde, puis de ne pas faire mieux. Pour ce à quoi ça sert. Bon Dieu, on se fait vraiment honte parfois.