La plupart des tearjerkers ont l’avantage d’une certaine honnêteté intellectuelle, quand bien même ils peuvent souvent s’avérer émotionnellement manipulateurs. Et vous savez quoi ? C’est pas grave, ce sont les règles du jeu, au bout du compte. Aussi quand un film promet de parler du travail de deuil, il bénéficie de quelques passe-droits qui vont de soi, et qui nous autorisent à procéder à cet échange d’une histoire lourde en pathos contre larmes abondantes mais faciles. Là où j’ai un problème, c’est quand le scénario se refuse à cette honnêteté, et commence à emprunter des voies qui ne font pas partie de l’accord initial… comme par exemple forcer un twist dans une intrigue qui n’en avait aucun besoin (qu’on a pourtant vu 1h à l’avance) ou, pire, imposer un côté fantastique totalement superflu (qui démolit en fait une partie du propos du film). Collateral Beauty fait les deux. Or, dans ce type de situation, j’aurais tendance à me sentir plutôt extorquée de mes larmes. Ce que j’essaye de dire c’est que c’est M. Night Shyamalan avait voulu tourner une version moderne d’A Christmas Carol de Dickens, Collateral Beauty serait exactement le résultat, et je trouve ça malhonnête vu que je n’avais pas du tout signé pour ça.