On entend plein de choses sur les fonctionnaires. Etant la fille de deux d’entre eux, je sais depuis que je suis toute petite que ces poncifs sont loins d’être systématiquement vrais. Non, les fonctionnaires ne sont pas tous, loin s’en faut, des feignasses, des gens mal aimables et de mauvaise volonté, aimant à se réfugier derrière la complexité de l’administration pour en faire le minimum. Je le savais pour avoir sous les yeux un père très travailleur et attaché à « bien faire », par exemple.
Aussi est-ce sans préjugé que j’ai commencé à travailler comme vacataire dans un ministère, l’an dernier. Ce premier poste de deux mois, bien que d’un intérêt intellectuel finalement limité, m’a au moins permis de rencontrer des personnages hauts en couleurs. A l’époque, déjà, j’aurais dû ouvrir un blog car il y avait beaucoup à dire ! Non pas sur le travail, comme on s’en doute, mais par les gens avec qui effectuer ce travail.
J’avais un peu moins à en dire, le mois suivant, lorsque j’ai signé pour un second poste de vacataire dans un autre service du même ministère, pour quelques semaines ; mais cette année, à nouveau, l’envie m’en a pris lorsque j’ai intégré un troisième service pour environ deux mois. Le fait de remplacer une personne qui faisait déjà le travail de deux assistantes, et tout de même ne pas avoir grand’chose à faire de mes journées, me semblait être une aberration folle. Oh, le nombre de pauses café ! Les discussions d’une heure sur les enfants ou la politique !
Mais je n’avais encore rien vu. Non, même quand on me disait « oh tu peux lire le journal, on te dira rien ! », même quand on se tapait l’incruste dans mon bureau pendant une heure, non, je n’avais encore rien vu.
Car mon quatrième poste allait me faire découvrir DOM THOM (un jeu de mot sur son nom et son origine), la plus merveilleuse collègue que la Terre ait porté… A elle seule, elle cumule tous les travers, tous les stéréotypes, toutes les idées que la conscience collective française véhicule à l’envi.
DOM THOM ? Elle n’est jamais de bonne humeur, jamais à l’heure non plus, et jamais vraiment d’humeur à travailler. C’est pas facile tous les jours pour DOM THOM, qui, invariablement, subit les misères que lui font subir ses enfants majeurs qui ont sempiternellement besoin qu’elle fasse un tas de choses pour eux. C’est du temps qu’on ne peut pas consacrer à son travail, certes, m’enfin, faut ce qu’il faut. Et puis, ya toujours la collègue pour gérer le superflu -comprenez, le travail. Pour DOM THOM, venir travailler, ce n’est rien d’autre que ça, aussi textuellement que possible : veni. Par extension, venir, c’est déjà travailler. Même si on passe sa journée sur du perso. Ou en pause clope… aaaaah, la pause clope. Ou la pause café. Ou la pause « j’ai pas envie de travailler », les jours où elle annonce clairement la couleur sans cacher que c’est moi qui vais trimer.
DOM THOM, c’est tout un roman, mais j’ai préféré en faire un blog, plutôt…