Je ne regarde pas souvent New York: Section Criminelle. Déjà parce que toutes les sections sont criminelles (traduction de titre miteuse oblige, je boycotte), ensuite parce que j’ai toujours espoir que Shirley Bellinger revienne à la vie au lieu de la donner, et enfin parce que Goren, je ne le supporte pas. Dans cette excellente franchise faite d’ensemble shows plus brillants et subtils les uns que les autres, et se bonifiant avec les années par-dessus le marché, c’est vraiment un mouton noir.
Mais dimanche soir, on avait envie de se faire une série (BSG et TWW étant indisponibles une fois de plus), on est tombés dessus, on a regardé. C’est parfois aussi simple que ça.
Ce qu’il est grand, Goren ! D’ailleurs dans le générique à un moment il se plie en deux pour regarder un suspect dans les yeux, ça trompe pas. Il est beau aussi… Son sourire charmeur quand il tourne autour de sa proie… Et puis surtout, ah oui surtout, qu’est-ce qu’il est fort !!! C’est bien simple, tout le monde est trop lent pour lui. Goren, s’il n’avait pas un cahier des charges imposé par la chaîne qui scrupuleusement a besoin d’occuper 45 mn de façon la plus formatée possible, il résoudrait non pas une, mais au moins deux voire trois affaires par épisode. Parce qu’il est comme ça : il sait tout avant tout le monde.
Première enquête hier soir : une jeune femme très influençable et à l’esprit particulièrement malléable qui aime qu’on prenne les décisions pour elle se fait embringuer dans une histoire qui la mène droit au casse-pipe.
Premier coup de génie : le duo Goren/Eames est sur la piste de Donnie, le poseur de lino (et accessoirement poseur de bombes sur ses complices), là ils apprennent qu’il prend des cours de danse, donc Goren entre sur la piste (Goren ne paie pas ses cours de danse, ce serait insultant) et hop ! Première femme entrant dans le champs, elle a son manteau dans la main : il fait trois pas, la drague, et à peine partie, il annonce à sa collègue qu’elle est la nouvelle complice de Donnie ! J’ai peut-être loupé un truc mais à quel moment a-t-on dit qu’il avait UNE nouvelle complice ? Et comment a-t-il su que c’était elle ? Il n’a même pas parlé aux autres ! Il ne s’est pas dit que sur deux cours de danse par semaine, Donnie pouvait avoir plein d’autres possibilités pour recruter un complice ? Mais non, je suis bête : c’est Goren ! Il est dans la confidence des Dieux (= scénaristes).
Après naturellement, on finit par perquisitionner la voiture de la pauvre femme et on trouve deux produits chimiques cachés dans le coffre. Et là, j’aimerais qu’on fasse une pause sur le regard de cocker d’Eames qui attend sagement que Goren l’irradie de la lumière divine de son intelligence pour lui lire les étiquettes et dire à quoi ça sert ! Eames a fait l’académie de police, mais Goren lui, il a pris des cours avec Paster et Einstein, on ne peut rien contre lui ! Eames doit vachement s’identifier à la femme qu’ils cherchent, dans cet épisode, je vous le dis…
Pour finir, naturellement, on a droit une fois de plus au show de Goren. Je ne sais pas si c’est l’acteur ou le rôle qui influent, mais qu’est-ce que ça peut être gonflant de le voir faire son cirque à chaque épisode… La scène de la danse avec Donnie, c’était en plus le nec plus ultra du ridicule. Mais si c’est spectaculaire, c’est pour Goren ! Dans sa tête, il sait exactement quoi dire, et comment faire en sorte d’obtenir que la complice balance le criminel ! Les rouages de l’esprit humain sont des toboggans pour lui !
Et Eames, elle fait quoi pendant tout ce temps ? Bah, elle, elle assure la phrase de chaque fin de chapitre, la petite accroche un peu piquante. C’est contractuel. Et puis sinon elle pose des questions, pour que les téléspectateurs qui n’ont pas le Q.I. à quatre chiffres de Goren puissent comprendre ce qui se passe.
Ce n’est hélas pas toujours facile de suivre. La preuve dans le second épisode (celui-là je suis certaine que c’est une rediff, je m’en souvenais très bien… mais je n’ose pas dire pourquoi à cause de I HATE BRENT SPINNER…). Là, mon homme était complètement largué. Déjà l’enchaînement dans le pré-générique était digne d’un marathon. A la suite de quoi notre héros se fait fort de résoudre toute l’enquête tout seul. Parce qu’il ne peut pas compter sur ses collègues, techniquement, ce serait comme si un cheval de course espérait qu’un petit poney rose à crinière fuchsia l’aide à gagner sur l’hippodrome de Longchamps. Donc à partir d’une simple date de naissance, il arrive à conclure non seulement que la victime s’est rendue à la fête d’anniversaire de la psy, mais en plus il trouve le resto du premier coup ! Et là on est obligé d’être soufflé par tant de brio ! Ensuite sa façon de démasquer les actes manqués de la fille des suspects, en interprétant ses mots (pas étonnant qu’il obtienne toujours des aveux s’il interprète tout !) pour les tourner en dénonciation ou en tous cas, pour en faire un témoignage menant à des indices, est simplement bluffante. Mais bon, c’est Goren, à force, on admire en silence.
Vous voulez que je vous dise ? Une part de moi est vraiment ravie qu’il ait fallu ramener Big dans la franchise. Ca ne se dit pas, mais les problèmes de santé de Vincent d’Onofrio nous auront vraiment rendu service. Parce que, que cela vienne de l’acteur ou de l’écriture, au moins, on était certains que ça ne pouvait pas se reproduire dans la même série. C’est vrai, un flic qui résoud une affaire, seul, sans l’aide de personne, en interprétant les témoignages, en comprenant les preuves tout seul, en ne faisant presque jamais appel aux services médico-légaux, et en étant capable de toujours tout savoir sur tout… eh bah merde, c’est l’ennui mortel.
Moi aussi j’ai été ravie d’apprendre le retour de Big ! Goren commençait à me sortir par les yeux : il est moche, sa voix française est horrible, et c’est vrai que les épisodes deviennent parfois limite incompréhensibles !