Il n’est pas à prendre avec des pincettes, en ce moment, mon homme. L’embargo sur Battlestar n’est toujours pas levé, non plus que celui sur A la Maison Blanche. On avait commencé à progresser sur Babylon 5 mais je sais pas ce qui s’est passé, on a déterré un coffret des Experts et du coup on l’impression d’avoir délaissé Babylon 5 aussi, alors il regarde plutôt South Park et ça me désole, bref c’est un peu la panique.
Du coup ce week end pascal, alors que nous allions en courses (5 bons kilomètres de marche à pieds, puis retour, je peux vous jurer que c’étaient des courses qui se sont faites mériter), nous tombons en extase devant… la saison 1 de Oz avec la quelle je bassine tout le monde depuis que je sais sa sortie imminente. Moi, interdite, en pâmoison ; lui, confiant, qui me dit « je te l’offre ». Or en ce moment personne n’a de sous, donc je me suis vue forcée…
…j’arrive toujours pas à croire que je l’aie fait…
J’ai donc refusé la proposition en question. Et là j’ai fait une des pires choses de ma vie de téléphage : j’ai dénigré la première saison de Oz. « Mais ya même pas dix épisodes, c’est cher pour pas grand’chose, on revient dans six mois ça sera à quinze euros même pas, en plus franchement elle est passée sur M6 cette saison, je l’ai en intégralité en VHS, comme si j’avais besoin de m’acheter ça maintenant tout de suite ».
Si le Dieu de la télé est miséricordieux, il y aura peut-être une espoir de rédemption pour moi.
Lassé par mes arguments plus qu’il n’était convaincu (parce que lui n’a vu que le pilote et avait bien envie de voir la suite), il remet le coffret à sa place sur mes recommandations (« mais si vas-y repose-le avec l’autre, bouhouhou, là côté du coffret de Profit qui me fait de l’oeil, bouhouhou ») et on repart comme si de rien n’était.
Mais une fois nos courses faites et notre marathon achevé, impossible de ne pas revenir sur l’incident. Il me demande avec insistance pourquoi, si on ne peut acheter ce DVD, on ne le cagoulerait pas purement et simplement. Après tout, c’est vrai, quelques posts plus tôt je faisais moi-même l’apologie d’une certaine consommation, comment dire ? à la carte… de la production téléphagique.
Il met le doigt sur quelque chose.
Ce n’est pas tant l’existence du DVD qui m’empêche de cagouler une série. Je ne me dis pas « puisque le DVD existe, j’ai qu’à économiser/vendre à rein/faire un prêt Cofidis pour me le procurer », en me flagellant à chaque cagoulage illégal. Ce ne sont pas des considérations de ce genre qui me préoccupent, mais simplement l’idée insoutenable de cagouler une série que j’aime profondément.
Je peux cagouler des séries complètement inédites en France, en « sortie d’usine » comme dirait un certain Miyo de ma connaissance, je peux cagouler aussi certaines qui ont été diffusées mais que j’ai ratées. Pas systématiquement mais je suis obligée de reconnaître que ça m’est arrivé.
Mais qu’il s’agisse d’Oz, Battlestar Galactica, A la Maison Blanche, NY SVU ou Une Nounou d’Enfer (QUI A RI ? Dénoncez-vous sur le champs), par exemple, bref, de séries que je juge d’exception, et là ça m’est physiquement impossible. J’insiste : physiquement.
Il existe un monde parallèle dans lequel il est plus simple de voir les séries que j’aime, du moins une partie d’entre elles, sans avoir à dépenser mes rares sous, ni attendre la Saint Glinglin que sorte la saison 3 (une saison par an, une p***** de s******** de m**** de saison par an ! un sitcom qui a plus de 10 ans !). Mais je n’ai pas envie de vivre dans un monde où je ne possède pas la série dans le format optimum, dans un coffret kitschissime ou au contraire sublissime, avec un livret ridicule que, si je ne sors pas de son package dés le premier jour, je vais irrémédiablement tordre et abimer avec les visionnages. C’est du pur sentimentalisme, peut-être un peu de matérialisme en sus, je ne doute pas un seul instant que personne ne compte sur mes 40 euros pour vivre et éventuellement produire sa série suivante, c’est juste parce que ces séries-là sont mes cultes à moi et qu’elles sont à ce titre intouchables.
Je me prive ainsi de certaines séries que j’aurais suivies avec plaisir si je n’avais pas dû m’en priver, et je suis consciente. Mais ce sont là les limites du cagoulage pour lady.
Cela vient peut-être aussi de l’affection toute particulière que j’ai pour les VHS (et dont je parlerai plus amplement dans un post qui est pour l’instant réduit à la triste condition de brouillon) et dont j’aime tant le côté tactile et chaleureux, que seul le coffret peut me rappeler (même si un froid DVD à l’éclat narquois n’a vraiment pas le même sens pour moi, le coffret, lui, prolonge un peu cette sensation).
Peut-être que quand les chasseurs de cagouleurs auront compris qu’en chacun de nous, il y a la limite sentimentale qui sépare ce qui n’est qu’usage courant, entretien de la machine à téléphager, en somme, et ce qui a vraiment de la valeur, alors peut-être aurons-nous une base solide sur laquelle établir les règles qui satisfassent, sinon tout le monde, au moins une large portion de chacune des parties. En attendant, c’est à chacun d’établir la ligne à ne pas croiser, et laissez-moi vous dire qu’on vit à une époque où hélas, on a plus de raison d’effacer les lignes que de les revoir au plus serré.
Et pendant ce temps, je me maudis d’avoir été raisonnable, et mon homme se rabat sur South Park. La vie est moche, voilà la vérité.
Confessions nocturnes
Bon, ça fait plusieurs fois que je viens et que j’oublie mon commentaire… Parce que oui, tu mets le doigt dessus… Il y a effectivement certaines séries dont il n’est pas concevable de cagouler (que j’aime cette expression… Tu es une reine pour ce genre de chose, je m’incline… Quant à l’option vente de rein, etc… mdr comme on dit) et qu’on attend d’avoir les moyens de s’offrir ou se faire offrir dans un coffret. Je sais que jamais je ne l’aurais fait pour Buffy ou Angel et qu’il y a certaines séries que j’attends d’avoir en dvd avant de les revoirs (mais l’avantage c’est que je les ai généralement vues donc c’est moins dommageable que lorsqu’on attend de l’inédit à se mettre sous la dent).
Et apparemment, le fait de possèder ces fameux coffrets fait réfléchir du monde ces derniers temps (Heather ayant pondu une réflexion sur le pourquoi du comment aussi).. Parfois, on a pas le choix (genre si on veut découvrir une série avant d’acheter, si ladite série n’existe point en dvd alors qu’on en rêve depuis des lustres) mais c’est vrai que quand tout est là, sauf les sous… C’est dur. Je compatis…
Pour ton homme, il ne veut pas voir les vieilles VHS que tu as ? (Ben oui, tant qu’à faire, même si la qualité est moins bonne… Quand même quoi…).
PS : si on pouvait rester décent et éviter les clins d’yeux à Fatal truc-muche… lol