L’ufologie est-elle la tendance télévisuelle de ce début d’année ? On pourrait le penser, surtout en ayant vu La Mesías et, en avant-première, Société distincte, quelques jours avant le démarrage de Fabricante de ovnis. Et une autre série que je ne cite pas parce que ça me semble spoiler.
La série argentine a en effet démarré… eh bah euh, aujourd’hui en fait, sur ST★R+, constituant ainsi l’une des dernières séries originales de la plateforme sud-américaine avant qu’elle ne soit fusionnée à Disney+ cet été. Cette fois on est plutôt dans la comédie, donc c’est beaucoup plus léger que les séries que je viens de citer. Le changement fait plutôt du bien dans un panorama se prenant souvent au sérieux.
Dalí Montero est un influenceur qui poste des videos de type mindset ; vous savez, « le vouloir c’est le faire », « le succès appelle le succès », « investir financièrement c’est investir en soi-même »… ce genre de conneries. Si vous êtes déjà allée sur internet en 2024, vous avez difficilement évité ce genre de type. Ce qui est moins apparent que ses videos auto-suffissantes sur fond de voiture de luxe et de vin haut de gamme dans lesquelles il se présente comme le Président de sa propre compagnie, c’est qu’en fait Dalí est fauché comme les blés. Il travaille dans un restaurant où son ami Chuchín est également serveur (quand il le lui sert pas, bien-sûr, de cameraman), et même là c’est très généreux de parler de travail, parce que Dalí n’en fout pas une. La seule raison pour laquelle il a un boulot là, c’est pour empocher les pourboies, notamment des « Pleiadians », une organisation sectaire qui se réunit régulièrement pour annoncer l’arrivée imminente d’extra-terrestres (…et lever des fonds). Alors, les voitures de luxe dans lesquelles Dalí se montre volontiers ? Eh bah en fait ce sont les voitures de la clientèle, qu’il emprunte au voiturier.
Le problème c’est que Dalí n’est pas sans responsabilités. Il a un fils, Marvin, qui vit avec sa mère et son beau-père. Dalí tente en permanence d’impressionner Marvin, auquel il raconte mensonge sur mensonge afin de lui apparaître, à lui aussi, riche et plein de succès… mais ne voyant pas qu’il n’a jamais vraiment réussi à forger une relation sincère avec lui. D’ailleurs, Marvin est plutôt intéressé par la science et l’écologie, et s’en contrefout, en fait, du pognon…
Le premier épisode de Fabricante de ovnis parle en fait assez peu d’extraterrestres, à part dans la scène d’ouverture (sur laquelle je reviens dans un instant). C’est surtout l’occasion de planter le personnage central, hautement faillible, et les dynamiques qui le poussent à se lancer dans un nouveau plan foireux plutôt que mettre sa vie en ordre. Au cours de l’épisode, Dalí va se faire virer du restaurant, apprendre que son ex et Marvin partent emménager en Allemagne avec le beau-père, et… ah, attendez ! Il semblerait que la troisième nouvelle soit une BONNE nouvelle : Dalí aurait hérité d’un manoir familial cossu à Ogarrio del Cobre, la bourgade minière où ont vécu son père et son grand-père. L’opportunité lui semblant inespérée, il se met en chemin afin de toucher son héritage, vendre le manoir, et changer de vie pour obtenir la garde de Martin. La fin du premier épisode nous prépare à quelques désillusions…
Pour le moment, cet épisode introductif n’en dit pas plus de la bourgade où Dalí revient après des décennies d’absence, ne sachant à quoi s’attendre. Mais les spectatrices détiennent une information capitale.
C’est que, dans la première scène de la série se déroulant en 1989 à Ogarrio del Cobre, on a pu voir le grand’père de Dalí s’isoler au milieu de la cambrousse avec son chien, prendre des substances hallucinatoires, et assister à l’enlèvement dudit chien par un ovni. Etait-ce réel ? Ou papy a-t-il imaginé cet enlèvement ? Une chose est sûre, il a parlé de cet événement à son entourage pendant le reste de sa vie, au point que Dalí en porte un tatouage.
Et vous admettrez que ce ne saurait être une coincidence que la même série qui nous a présenté cet enlèvement soit aussi la série qui introduit la communauté des « Pleiadians »…
En cherchant le poster de la série, j’ai lu quelques résumés qui indiquent où se dirige l’intrigue de Fabricante de ovnis ; il ne faut clairement pas en attendre un traitement sérieux des extraterrestres. Mais j’aime bien son discours sur les croyances ridicules ; de la même façon que Dalí se moque des « Pleiadians », la série nous invite en effet à nous moquer des idées de Dalí en matière de succès. A plus forte raison parce que c’est si facile de faire semblant que ces croyances se concrétisent… Comme cette satire est nécessaire, par les temps qui courent !