Ça ne m’a jamais dérangée qu’on dise ou qu’on pense que j’ai 30 ans. Pour moi, 30 ans serait même l’âge idéal, et ça fait déjà une ou deux années que je n’hésite pas à arrondir toute seule à la décennie supérieure. J’ai 27 ans et demi, ou disons 28, ou même 30, et ça me convient très bien. Ce n’est qu’assez récemment que j’ai ma vie a commencé à ressembler à celle d’une trentenaire, pourtant ; quand j’ai commencé à avoir une vraie carrière, notamment. Mais les histoires de trentenaires, ça a toujours été beaucoup plus mon truc que les teenageries, même avant que je n’en arrive à ce stade. Quand j’étais ado, c’était pour moi l’absolu idéal dans la vie, avoir 30 ans. Quand je serai grande, je serai trentenaire.
C’est comme ça.
Aussi, quand un peu par hasard, je suis tombée sur le pilote de Katagoshi no Koibito, je ne me suis pas vraiment posé la question de savoir si j’allais regarder, ça tombait assez sous le sens. Et j’en ai eu pour mon argent : a contrario de certaines séries qui présentent les trentenaires comme des ados attardés, l’héroïne de cette série, Moe, est la trentenaire de mes rêves. Elle ressemble un peu à Sumire de Kimi wa Pet, mais en plus équilibrée : elle travaille, elle a une vie amoureuse, des amis, son caractère bien à elle, bref, elle a 30 ans. Cherchez pas. Mais Moe (à la différence, donc, de Sumire) se pose des questions sur sa vie. Ce n’est pas qu’elle ait une pression sociale pour se marier, ce n’est pas que sa vie professionnelle soit un fiasco, non, elle se demande simplement à quoi va ressembler sa vie dans quelques temps. C’est ça aussi le charme d’avoir 30 ans : les grandes transitions de la vie sont derrière soi, ne reste plus qu’à faire le choix des grandes orientations qu’on veut à présent lui donner. Une époque de luxe, quelque part.
A travers le parcours de Moe qui fait ses grands choix pour l’avenir, Katagoshi no Koibito nous permet aussi de faire la rencontre d’autres personnages plus ou moins de la même tranche d’âge, comme son amie d’enfance Ruriko qui se marie pour la 3e fois mais dont le tempérament infantile ne lui permet pas de réussir son mariage, Nobuyuki, époux de Ruriko qui se rend compte que celle-ci ne l’a pas épousé pour les bonnes raisons et se sent enfermé dans une vie qui n’est pas celle dont il rêvait, Yuusuke, homme marié et ex de Ruriko qui tombe sous le charme de Moe suite à un one night stand, Bun, le patron d’un bar gay qui ne parvient pas à trouver l’âme soeur, ou encore Ryo, qui se présente comme un étudiant voulant travailler à temps partiel dans l’entreprise de Moe.
Tous ces personnages sont tiraillés entre leur désir d’avoir un avenir à leur goût (quel qu’il soit) et une profonde envie d’être eux-mêmes ici et maintenant. Bref, ne pas faire de concession (et ça aussi c’est vachement mon truc, il faut bien le dire), ni sur le présent, ni sur le futur. Mais évidemment, ce n’est pas si simple.
On passe une bonne partie du pilote à se demander où tout cela nous mène. Il faut dire que c’est une même partie du pilote qui tourne autour des caprices de Ruriko, dont la superficialité et l’apparente insouciance masquent une grande peur de l’avenir. Elle voudrait que chacun trouve sa chacune, mais en fait c’est elle qui rêve de stabilité. Elle n’a simplement aucune idée de ce à quoi peut ressembler cette stabilité. Une fois qu’on met en retrait ce personnage pour se concentrer sur les rencontres de Moe, ça devient largement plus intéressant, même si les adeptes du « et c’est quoi les enjeux » en seront pour leurs frais. Si Katagoshi no Koibito est bien évidemment une comédie romantique, elle n’a pourtant pas comme enjeu de maquer à tout prix deux de ses personnages. Non, on se contente de suivre ces personnages qui font un bout de chemin, les uns avec les autres, les uns malgré les autres, et en ce qui me concerne, vous le savez, ça me convient tout-à-fait ; mais ça ne sera pas du goût de tous.