Si tout était à refaire…

19 juin 2022 à 23:05

Quand le monde va mal, on voudrait pouvoir tout recommencer. Changer le futur, qui n’aurait pas envie d’essayer ? Par les temps qui courent, c’est pas comme si l’idée étaient saugrenue. Et je ne dis pas ça que parce que je publie cette review un soir d’élection…
The Lazarus Project arrive donc à point nommé. La série britannique reprend, certes, des tropes classique sur le retour dans le temps, mais les utilise avec une certaine finesse et en capturant parfaitement les angoisses du monde qu’elle essaie de changer. Un retour dans le passé à la fois.

George est un type à la vie parfaitement banale, qui développe une application capable de traiter des données pour relever des tendances et, dans une certaine mesure, procéder à des prédictions du monde financier afin de faciliter les investissements. Il croit beaucoup en son projet, soutenu par sa compagne Sarah.
Le matin du 1er juillet, il se réveille à ses côtés et se prépare à un rendez-vous dans une banque, qui devrait financer sa start-up, lui permettant ainsi de commercialiser l’app. Il obtient son prêt, et tout semble parfait. Dans les semaines qui suivent, Sarah lui apprend qu’elle est enceinte, et le couple se marie. Ce bonheur exponentiel évolue, cependant, en parallèle d’une autre progression : celle du virus MERS-22, une nouvelle pandémie qui commence à faire des ravages. En l’espace de 6 mois, George puis Sarah tombent malades, et l’avenir semble incertain… Jusqu’à ce que George se réveille le matin du 1er juillet, aux côtés de Sarah, un rendez-vous à la banque prévu quelques heures plus tard. Il lui apparaît assez vite qu’il a opéré un retour dans le passé, et il tente d’en avertir sa compagne, mais les jours s’égrènent et celle-ci est au contraire terrifiée par la paranoia que George semble avoir développée. Finalement, encouragée par son ami Karl, elle finit par le quitter.
C’est à ce moment-là qu’une femme du nom d’Archie apparaît dans la vie de George pour lui indiquer que ce qu’il vit est normal. En tout cas normal pour lui. Et que si jamais il retourne à nouveau dans le passé, il faut qu’il vienne la trouver. George se réveille ensuite le 1er juillet, aux côtés de Sarah ; au lieu de se rendre à la banque, il se rend à l’adresse que lui a donné Archie.

C’est là qu’il apprend ce qu’est le Lazarus Project, une organisation internationale qui tente d’éviter une extinction massive. En dernier recours, elle utilise le retour dans le temps : elle a la possibilité de « restaurer la sauvegarde » du monde à chaque 1er juillet. Les agentes du Lazarus Project sont capables de se rappeler de ce qui s’est déroulé avant le retour dans le passé, mais… normalement, c’est une capacité qui leur est donné. Pour George, elle est naturelle. Archie lui propose donc de rejoindre l’équipe, et qui refuserait de sauver le monde ? En outre, il peut mettre ses talents d’analyste à leur service.
The Lazarus Project existe donc dans une famille téléphagique bien familière, en bonne compagnie au milieu de séries comme El Ministerio del Tiempo et Timeless, pour ne citer qu’elles. Moins qu’à la science-fiction, la série emprunte à l’espionnage, ce qui permet de jouer avec des peurs spécifiques : même si la pandémie de MERS-22 est résolue dans ce premier épisode, on imagine sans peine la résonance de cette intrigue, surtout que COVID-19 a aussi existé dans la timeline de The Lazarus Project.

Mais justement, c’est aussi assez cynique. On ne sauve pas exactement le monde de chaque danger : juste des dangers qui menacent trop de vies à la fois. Ce premier épisode fait grand cas de ces explications assez terribles, et unanimement acceptées par toutes les employées du projet : il y a des gens qu’on laisse mourir et des catastrophes qu’on laisse arriver. Il ne s’agit pas de créer un monde parfait, juste de s’assurer d’une destruction minimale. C’est supposé être acceptable.
Evidemment, ça ne l’est pas. George en est conscient… et la série en est consciente. Son intrigue de time loop va bientôt créer un dilemme pour son protagoniste, qui, étant encore nouveau, n’a pas encore bien accepté que certaines personnes ne pouvaient pas être sauvées par un simple retour en arrière. Ce que ce premier épisode met en place n’est peut-être pas super original, mais il répond à des angoisses qui sont bien réelles, et des questions qu’on se pose, collectivement, de plus en plus. Qui choisit quand les pertes sont trop importantes ? Pour quoi comptent nos existences dans ce monde-là ? Peut-on sauver tout le monde ou, au moins, les personnes qui comptent pour nous ? Et dans ce cas… n’est-ce pas tout aussi cynique ? The Lazarus Project est une variation futée sur ces thèmes, un exercice de pensée ponctué de nombreuses scènes d’action et de revirements. Ca n’en fait pas nécessairement la série de l’année, mais ça en fait quand même une série qui n’est pas dénuée d’intérêt.


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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

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