Avoir hâte qu’une série sorte est devenu rare pour moi ; il faut dire que les sorties se bousculent de plus en plus, ce qui n’aide pas. Cela dit la raison est tout simplement que je passe aussi peu de temps possible à attendre une série : avec les années, j’ai moins envie de m’intéresser aux projets en développement qu’aux fictions qui existent déjà. Et puis pourquoi espérer quelque chose d’une série à venir ? Ni le pitch ni le cast ni même le trailer d’une série ne sont des outils précis et efficaces pour prédire ce qu’on pensera d’une série. Le seul moyen de le savoir, c’est tout simplement de la regarder. The Flight Attendant est l’une des rares exceptions à ce tableau.
A mon humble avis, Kaley Cuoco est la meilleure (…potentiellement la seule) chose qui soit ressortie du succès colossal de The Big Bang Theory. Elle a su apporter toutes sortes de qualités qui n’étaient pas partie intégrante de son personnage à l’origine, pour faire de Penny la seule des protagonistes de ce sitcom un personnage qui sache évoluer. Souvent en dépit de l’écriture, et non grâce à elle d’ailleurs… Elle a en outre un sens du timing impeccable, une aura tendre, et il émane d’elle quelque chose que je trouve très fort, et qui a réussi à percer l’enveloppe de bimbo blonde stupide qui lui avait été initialement infligée. Cela, alors que ce typecasting ne date pas d’hier : elle incarnait déjà une blonde superficielle et pas très futée dans 8 Simple Rules il y a près de 20 ans ! Et Charmed n’était pas exactement un oeuvre réputée pour sa finesse dans le domaine non plus.
Tout justement : à la télévision au moins, Kaley Cuoco semble avoir été, pendant deux décennies, limitée à la façon dont elle était perçue : une « belle blonde ». Cela lui a indubitablement apporté de bonnes choses, mais The Flight Attendant promettait à la fois un changement de ton (il s’agit d’un thriller), et de paradigme, puisqu’elle allait être productrice exécutive de la série. Alors j’avais vraiment envie de voir ça, et l’annonce du jour sur HBO Max m’a donné la dernière impulsion don’t j’avais besoin pour me lancer.
Quelle actrice est Kaley Cuoco quand elle maîtrise quel rôle elle incarne ? Eh bah, elle est elle-même. En mieux.
Cassandra Bowden est une hôtesse de l’air qui profite pleinement de ses voyages internationaux pour mener une vie excitante… du moins le pense-t-elle. Tout le monde sauf elle semble avoir remarqué qu’en réalité elle est une alcoolique peu fiable et à la vie privée toujours bordélique. Mais cela lui convient en l’état, ou plutôt, elle n’a pas vraiment le temps ni l’envie de s’interroger à ce sujet, et continue à boire et faire la fête aux quatre coins de la planète.
Jusqu’au jour où. Car dans ce type d’histoires (surtout si ces histoires arrivent à des femmes), il y a toujours un jour où, vous aurez noté.
Lors d’un vol vers Bangkok, Cassie tombe sous le charme d’un passager, le charmant (et riche) homme d’affaires Alex Sokolov. Ce n’est pas vraiment professionnel de flirter avec un client, mais ce n’est pas le genre de choses qui arrête Cassie ; aussi une fois à destination, elle accepte de dîner avec lui. S’en suit une folle soirée dans les restaurant, club et chambre d’hôtel les plus chics de la ville, qui se finit (évidemment ?) dans le lit d’Alex.
Sauf qu’au petit matin, Cassie a l’horrible surprise de se réveiller à côté d’un cadavre. Alex a été égorgé, et s’est vidé de son sang dans le lit. Elle ne se souvient pas de ce qui a bien pu se passer.
Cassie est un personnage pour lequel on se prend vite d’affection, malgré ou peut-être justement à cause de ses imperfections, qui sont à la fois assumées et gentiment passées sous le tapis. Il y a mélange de déni et d’acceptance dans son comportement. Sa meilleure amie Meg, également hôtesse de l’air pour Imperial Airlines, n’est pas dupe, mais elle est conciliante. D’autres de ses collègues, ainsi que son frère Davey et son amie l’avocate Ani, sont parfois plus directs quant à ce qu’ils pensent de son mode de vie, sans toutefois se montrer trop durs (à l’exception d’une consœur avec laquelle elle s’entend moins, Jada). Dans l’ensemble, de toute façon, il n’y a pas grand’chose à redire sur elle, puisqu’elle est fonctionnelle, et même plutôt sympathique dans l’ensemble. Cassie est simplement quelqu’un dont les défauts sont aussi visibles que les qualités.
Naturellement, la mort d’Alex Sokolov va tout changer. Très vite, The Flight Attendant pointe du doigt un défaut, qui d’inconséquent devient dramatique dans les circonstances présentes : Cassie boit tellement, qu’elle oublie ce qu’elle a fait la veille. Et elle a donc totalement oublié ce qui s’est produit pendant sa soirée avec Alex. Cela veut dire que sa première peur est qu’elle puisse être arrêtée pour meurtre ; elle est terrifiée à l’idée que la police puisse le penser… et très franchement, terrifiée à l’idée qu’elle puisse elle-même le penser.
Au-delà de la performance de Kaley Cuoco, qui est incroyable et cristallise tout ce que je considère faire partie de ses qualités, ce qui m’a vraiment électrisée dans ce premier épisode, c’est d’une part sa réalisation impeccable (le sens du rythme, du montage, de la superposition…), et d’autre part, que justement la série prenne le temps de regarder la réaction de son héroïne.
Il ne fait pas grand doute qu’à mesure que l’intrigue va se développer, on va se demander qui a réellement tué Alex. Je ne pense pas à ce stade que Cassie soit responsable, mais que ce soit le cas ou non, on va sans doute essayer de remonter le fil des événements et donc avoir la « clé ». La « solution ». La « réponse ». Ce n’est pas souvent la partie que j’aime le plus dans un thriller, donc je suis ravie de voir à quel point The Flight Attendant soigne la réaction de Cassie, et le mental breakdown qui est déclenché ce matin-là dans la chambre d’hôtel de Bangkok. Toute la belle assurance de Cassie s’est évaporée, quand bien même elle essaie de prendre les choses en main pour éviter le pire (une arrestation, en l’occurrence). Preuve qu’elle est parfaitement consciente de ses défauts, elle va même vers la fin de ce premier épisode se promettre de se reprendre en main. Les coups d’un soir, et surtout les beuveries, c’est fini, se jure-t-elle.
Derrière la panique, pourtant, d’autres choses apparaissent. L’anxiété provoque des sortes d’hallucinations. La paranoïa s’installe. Les flashbacks du cadavre d’Alex se mêlent à des souvenirs plus lointains. Des éclats de mémoire qui semblent encore faire mal, comme du shrapnel émotionnel. Si The Flight Attendant s’apprête à utiliser cela comme je le crois, alors on va encore plus approfondir qui Cassie est, et comment elle est devenue la jeune femme que nous avons appris à connaître pendant cette introduction (je vais pas vous mentir, j’ai eu parfois le sentiment d’avoir affaire à une version plus dynamique et moins caricaturale de Patrick Melrose, on verra si ça se confirme).
Du coup, non seulement Kaley Cuoco m’a donné envie de tester la série, mais sa performance m’a convaincue de rester, et de surcroît je suis plus que charmée par l’approche choisie pour la suite. Les choses lancées pendant cette introduction prouvent que même si la série se ménage des points d’interrogation et même des passages plus légers, on se prépare à une belle exploration des complexités de son personnage central, et je ne peux qu’aimer.
Ce premier épisode est brillant, et il me semble d’ailleurs n’avoir vu que du bien en être dit. A raison ! Je viens ajouter ma voix au concert de louanges.
J’ai du mal avec ce genre de séries, mais dans le genre, ça semble être un très bon choix. Ravie que ça t’ait donné envie de continuer en tout cas. 😀
J’ai vu que les 2 premiers épisodes mais complètement d’accord avec toi je trouve que ce qui est particulièrement intéressant et quelque part réaliste malgré la situation de base abracadabrante, c’est de montrer à quel point ça va forcément l’impacter elle !