L’un de nous deux est de trop dans cette ville

18 mai 2010 à 23:03

Message personnel à TBS : quand je disais que le pitch de Shinzanmono m’intéressait, mais que je me méfiais parce que la série apparaissait dans le top Oricon des nouveautés attendues cette saison, je rigolais. C’était une plaisanterie. Pour déconner. Faut pas me prendre au mot dans ces cas-là ! Faut pas faire une série pourrie juste parce que j’ai sous-entendu que toutes les séries de ce top l’étaient ! Faut pas faire ça !

Et donc résultat, eh bah voilà : première grosse déception de la saison. Mais je suis rassurée, puisque le public japonais a l’air de penser comme moi (entre le pilote et le deuxième épisode, la chute de 5% le dit de façon assez claire même si ça reste une performance correcte).

Le problème principal de Shinzanmono, osons-le dire tout de suite, c’est son ton. J’ai rarement vu une série policière bradant autant sa crédibilité. Le soucis ne vient pas de l’inspecteur Kaga et ses petites excentricités, notamment envers la bouffe (bien qu’on ait l’impression d’avoir fait le tour de tout ce que pouvait faire Hiroshi Abe en la matière), ça pourrait, mais non, ce n’est pas le problème ; depuis le temps que fleurissent sur les écrans les personnages d’enquêteurs doués-mais-un-brin-toqués, ça ne gêne pas, le spectateur est immunisé. Non, le soucis, c’est vraiment la réalisation.

On parle ici d’un pilote dans lequel 90% de la bande sonore consiste à passer les musiques de la BO du film La Famille Addams. Et les autres 10%, on met la musique la plus contraire possible à l’ambiance de l’action en cours, comme par exemple ce passage pourtant badin pendant lequel Kaga fait la queue pour une quelconque pâtisserie (je me chargerai d’en savoir plus sur les mets abordés pendant ce pilote quand mon estomac sera décidé à ne plus faire de salto arrière) et tombe sur la jeune journaliste qui vient d’en acheter elle aussi et lui en propose ainsi qu’à son collègue, que Kaga refuse, mais que la pâtisserie tombe en rupture de stock pile quand vient son tour. Pendant cette scène anodine et relativement charmante, la musique est d’abord sombre et mystérieuse (lamentations de violoncelle à l’appui) pendant un long moment… avant de partir vers une musique de jeu video truffée d’effets sonores ridicules pile quand Kaga s’énerve parce que son collègue a mangé une pâtisserie achetée par la journaliste, et qu’il se lance dans une tirade du type « il faut mériter ce qu’on mange ». Du coup, la rencontre est inutilement alourdie, et la chute ne fait que rendre complètement ridicule les circonstances de la scène et le personnage principal. Il faut le voir pour le croire, ça décrédibilise la moindre seconde.
Et tout est comme ça.

Évidemment, puisque l’enquête suit son cours avec juste assez d’intérêt pour qu’on la suive, on voudrait penser que ce traitement n’est pas trop grave, mais ça reste quand même très énervant.
Dans le pilote, le déroulement de l’enquête tend à indiquer ce que sera la structure de la série. On a l’enquête principale : le meurtre d’une femme divorcée qui venait d’emménager dans le quartier. Et à partir des fausses pistes (car on sent très vite que la police ne tient pas le bon coupable), on va résoudre plein de petits mystères et de petits secrets du quartier. Heureusement que c’est une série japonaise et qu’on sait qu’on n’en a que jusqu’à l’été, sans quoi ça pourrait durer des plombes sans que l’enquête principale n’avance, une idée comme ça.

La bonne nouvelle, c’est que Shinzanmono fait un relativement bon travail lorsqu’il s’agit de décrire le quartier de Nihonbashi et l’ambiance qu’on y trouve, entre « vieille ville » et « quartier d’affaires », qui donne l’impression de très bien connaître ce petit microcosme où se croisent salarymen en costard et petites familles modestes. C’est du bon boulot et cela s’accomplit grâce à l’inspecteur Kaga qui, étant un shinzanmono (« nouveau venu »), arpente les rues en quêtes de choses intéressantes à grignoter (mais j’envisagerai d’en savoir plus lorsque mon estomac aura accepté de ne plus jouer à chat avec mon foie), et découvre ainsi, progressivement, ses habitants et les liens qui les unissent. C’est intéressant, même s’il est dommage que son attention soit tout de suite braquée sur une maison en particulier, ne nous laissant découvrir les autres habitants, c’est le trailer de fin d’épisode qui le dit hein, qu’ensuite, progressivement. Pour la jouer vraiment finement, il aurait fallu que chacun ait une apparition marquée dans le pilote, et pas juste un passage si bref à l’écran au tout début de l’épisode. Mais bon, non, c’est sympa quand même.

Le vrai inconvénient, ça reste quand même que Shinzamono est une série policière reposant sur un personnage (voulu comme) charismatique, le suivant presque à chaque instant, au lieu de s’organiser comme une série-chorale où les secrets du quartier ne l’auraient pas attendu pour se développer. Au lieu de ça tout tourne en permanence autour de Kaga, ce qui donne l’impression d’avoir sur les bras une série très conventionnelle là où il y avait moyen, avec un peu d’imagination, de faire quelque chose de largement plus captivant. On a l’impression d’avoir vu ce petit numéro un nombre incalculable de fois, et ça n’encourage pas du tout à regarder la suite.
Pas. Du. Tout.

Dans le fond, peut-être que la faute en revient aussi un peu à Hiroshi Abe. C’est un plutôt bon acteur et on reviendra pas dessus, mais il est tellement utilisé à l’écran qu’on manque un peu d’air. Il aurait peut-être fallu mettre quelqu’un d’un peu moins connu pour donner un souffle nouveau au personnage de Kaga, déjà assez peu original, dans une série assez peu originale… Attendez, j’ai dit « assez peu » ?!

Non, rien à faire, j’ai beau essayer de nuancer mon propos, je suis bien obligée d’admettre que Shinzanmono est assez décevante, voire fatigante, et que nombreux sont les éléments qui m’incitent à ne pas lui donner de seconde chance.
Du coup, le quartier de Nihonbashi résoudra ses mystères sans moi, je le laisse à Kaga qui a l’air de s’y plaire.

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5 commentaires

  1. Nakayomi dit :

    *mode fan boy on* le monsieur m’a l’air somme toute plutôt pas mal… Je crois pas l’avoir déjà croisé tiens… […] Ah si, dans Yasha apparemment… *mode fan boy off*

    *mode fan pâtisserie on* Sinon, faut pas que je regarde, parce que ça va me donner envie de manger des pâtisseries cette affaire (déjà qu’en ce moment, les tartes aux fraises et les fraisiers me font de l’oeil plus que de raison…). *mode fan pâtisserie off*

    Après… J’ai envie de dire… Pourquoi pas… Faut voir… Éventuellement. Je reste meilleur client que toi sur le policier donc… Mais a priori pas sur ma liste de priorité.

  2. Eclair dit :

    Arf. Moi qui mettait religieusement les épisodes sur la pile « à voir plus tard »…J’adore Hiroshi Abe mais si la réalisation casse tout, tant pis !

    Ca sera pour la pile « à voir dans une seconde vie » alors…J’ai la pile « incontournable » qui grossit plus vite que le temps qui me reste à vivre.

  3. ladyteruki dit :

    @Naka : je précise que pour le moment, ce sont uniquement des pâtisseries japonaises, et non franç- oh, triple lutz, joli !

    @Eclair : quel pessimisme contraire à la prière du Téléphage ! (un aide mémoire dans le lien) « Mon Dieu, donnez moi le temps de regarder les séries que je ne peux ignorer, le courage de regarder toutes les séries dont je n’ignore pas l’existence, et la sagesse de savoir celles qui sont à ajouter à la liste ». Le temps, c’est le Dieu de la Téléphagie qui y pourvoira.

  4. Nakayomi dit :

    @lady : Ah oui, mais en fait, peu importe la provenance des pâtisseries, c’est juste que ça donne une grosse envie « générale »… (Tiens, au passage, dans les sponsors de la série, y’a pas une boulangerie ou une chaîne du genre ? lol)

  5. Scarlatiine dit :

    Je suis d’accord avec Naka, pour une série que tu n’aimes pas, tu donnes drôlement envie avec ces pâtisseries ^^

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