Expérience vécue par de nombreux téléphages, et plus particulièrement par les pilotovores : après avoir vu un pilote, dites devant le fan de n’importe quelle série que vous ne l’avez pas aimé, et vous avez une chance sur deux d’entendre en retour que, je cite, « ça s’améliore ensuite ». Par ensuite, ce même fan peut aussi bien entendre un épisode de plus… que toute une saison : « ça s’améliore ensuite… pendant la saison 4 ! » est en fait souvent le sous-entendu.
Il y a évidemment un certain prosélytisme dans cette réponse, mais pas seulement.
Que quelque chose soit bien clair : c’est absolument contre mes principes de regarder une série en espérant qu’à un moment, ça va bien finir par s’améliorer. Je sais que ça en fait hurler certains, mais ça se passe pendant le pilote, les enfants, c’est là qu’il faut être bon, pas dans deux mois, et encore moins dans quatre ans, d’accord ? Dés le pilote.
Je ne dis pas que le pilote doit être absolument parfait, parce que d’une part, la perfection n’est pas de ce monde, et d’autre part si le pilote était parfait on n’aurait pas envie de revenir la semaine suivante puisque tout aurait été dit dés le pilote, mais il faut que le premier épisode soit suffisamment convaincant. Qu’il inspire une certaine confiance et qu’on se dise que, bon, ok, ya peut-être encore ci ou ça à travailler, mais dans l’ensemble c’était bon et j’ai aimé. Je cherche dans un pilote la même chose que je cherche chez un homme : c’est peut-être pas parfait dans l’absolu, mais l’essentiel c’est que ça me plaise (et qu’au minimum, ça dure plus de 20 minutes). L’idée c’est que je sente du potentiel, pas que ce soit un chef d’œuvre dés le départ. Je suis une téléphage raisonnable, dans ma folie.
Mais enfin, quoi, si je ne suis pas convaincue au premier épisode que j’ai une raison de rester, je ne vois pas pourquoi je me forcerais à regarder en espérant que ça s’arrange ! J’ai autre chose à faire ! D’autres pilotes à découvrir !
C’est donc très rare quand je regarde une série qui ne m’a pas convaincue au-delà de son pilote. Dans ces cas-là, c’est parce que je suis mitigée, ou que vraiment je me demande si j’ai pas loupé un truc. C’est un peu comme mes retentatives téléphagiques, quand je regarde un pilote une seconde fois quelques années après l’avoir découvert, en me disant qu’étant dans un autre état d’esprit, je verrai peut-être quelque chose qui m’a échappé la première fois et que d’autres semblent voir. Eh, ça a marché pour quelques unes, après tout… une minorité, mais quand même.
Une fois arrivée au bout de la saison 4 de 30 Rock cette nuit (je m’inquiète maintenant de ce sur quoi je vais réussir à faire une obsession alors que je dois à présent me désintoxiquer ET de Saturday Night Live, ET de 30 Rock…), je me suis dit que ce cas de figure était quand même super rare. De carrément allergique, je suis devenue (certes à la faveur d’un état de santé médiocre) plutôt enthousiaste vis-à-vis de la série (mot-clé : plutôt). Mais il faut dire que pour 30 Rock, j’ai carrément persisté.
Peut-on aimer n’importe quelle série si on lui donne du temps ?
Je crois que c’est justement la raison pour laquelle je refuse de donner trop de temps à une série pour me plaire. C’est la raison pour laquelle c’est quitte ou double avec moi (ça, et le fait que si on me donne le choix entre un pilote dont j’ignore tout, et le deuxième épisode d’une série qui ne m’a pas tout de suite convaincue de son potentiel, je préfèrerai toujours l’inconnu…).
Au cinéma, on ne se lie pas sur le long terme, mais à la télévision c’est tout le principe et, bien consciente de cette particularité de ma chère passion, je pense que je me méfie spontanément des gens qui veulent laisser du temps à une série pour qu’elle plaise à un spectateur qu’au départ elle a laissé froid. C’est comme un piège. J’ai l’impression qu’on cherche à m’habituer aux personnages, peut-être même à me les faire aimer, et une fois que j’en serai arrivée là je ne pourrai plus dire du mal de la réalisation, du scénario ou quoi que ce soit d’autre ; je trouverai des excuses à la série parce que l’affectif prendra le dessus. Alors, instinctivement, j’ai envie de répondre que oui, on peut aimer n’importe quelle série si on lui donne du temps.
Est-ce que l’étrange expérience 30 Rock vérifie cette crainte, ou la nuance ? Est-ce que le fait d’insister, encore et encore, au prétexte que je ressens une certaine pression extérieure par exemple, ou parce que je vomis tripes et boyaux depuis plusieurs jours, a joué dans le fait que plus je regardais d’épisodes, plus je voulais en voir ?
Je plaisante souvent sur le fait que la téléphagie est une forme d’addiction (et si je le nie, je dois reprendre le programme depuis le début, alors…), mais c’est quand même un peu ça, non ? Si on laisse du temps à une série… on est sûr de s’y accoutumer. C’est pour ainsi dire inévitable.
Pourtant il y a des séries que je n’aime vraiment pas ! Mais je me demande parfois si je leur ai laissé une vraie chance.
Si j’avais regardé tous les épisodes de Ma Famille d’abord dans l’ordre… euh, non, mauvais exemple. J’ai dû voir les deux premières saisons comme ça. Et je déteste la série. Mais je revenais. Mais c’était l’heure qui s’y prêtait. Mais je ne changeais pas de chaîne. Mais je n’aime pas regarder le journal télévisé. Mais j’aurais pu mettre une VHS. Euh, j’en étais où ?!
Oui, voilà : existe-t-il une série que j’aie regardé sur le long terme et que je n’ai pas aimée ? Est-ce que c’est possible ?
Bah, non, puisque j’arrête quand je ne suis pas convaincue ! Et il n’est pas né celui qui me fera regarder un deuxième épisode de Gossip Girl ou de True Blood, ah ça non, même pas la peine d’y penser ! Je ne vais certainement pas m’infliger ça !
Ça me semble un comportement assez effrayant que de dire « tiens, regardons plusieurs épisodes en espérant que ça s’arrange ». Je déteste faire ça. Je me méfie de pareil comportement. Si on n’accroche pas, on n’accroche pas, inutile d’insister. D’un autre côté la télévision est justement conçue pour fonctionner sur le long terme. Mais si on n’en a pas envie, pourquoi se forcer ?
Voilà que je recommence à me contredire moi-même !
Non, vraiment c’est un dilemme.
Peut-être que dans le cas de 30 Rock, comme, peut-être, dans le cas d’autres séries que j’ai appris à aimer sur le long terme (il y a eu le cas Big Love, aussi, l’an dernier, et ça a encore mieux marché parce que là j’ai même acheté les DVD !), il y avait un autre facteur au moment du pilote. Un truc du genre auto-persuasion. Peut-être que la première fois, j’ai décidé à mon insu de ne retenir que le négatif. Je croyais ne pas aimer Tina Fey et je me retrouve à regarder 4 saisons d’une série dont elle ne quitte quasiment pas l’écran, ça remet des choses en perspective !
Nan mais, en fait, ça s’améliore ensuite.
…
Avec le recul moi aussi, une série/drama dont le pilote me semble génial, elle sera géniale, et si le pilote ne me plaît pas trop, la série non plus.
Et les séries que j’ai regardées parce que tel acteur y était, si malgré tout je n’accrochais pas je me forçais à les regarder, parce que cet acteur aurait peut-être une scène inoubliable… Mais la série n’était pas inoubliable au bout du compte.
Mais dans ton cas je comprends que tu ne t’astreignes pas à attendre que la série se bonifie dans un deuxième temps, tu as déjà bien assez à faire avec les séries qui te plaisent, j’imagine !
Dans ce facteur temps, il y a aussi le facteur développement de l’histoire… Un pilote, ça n’est jamais qu’une mise en bouche (bon, plus pour les séries à tendances feuilletonnantes, certes, ce qu’elles ne sont pas toutes)… Sur la longueur, on peut jouer avec le canevas bien défini, on peut jouer le côté récurrent de certaines choses, on peut creuser les personnages… Je suis pas sûr que ce ne soit qu’un côté affectif qui joue sur l’appréciation d’une série qu’on aimait pas au départ.
Je me souviens qu’Ugly Betty, je trouvais ça franchement moyen au début. Et pourtant, c’est bien au cours de la première saison que ça se décante (bon avant de retomber dans de mauvais travers au milieu de la deuxième saison mais chut).
Alors bon, c’est vrai que je conçois qu’on ne soit pas masochiste -comme moi- et qu’on va pas se taper plein d’épisodes d’une série qu’on aime pas (d’ailleurs, je l’ai pas fait pour Friday Nigh Lights, même pour tous les Kenny et les Eddie du monde). Par contre, je déteste connaître le début de l’histoire et pas la fin (après, on me dira toujours que je peux lire les spoilers et tout, mais ça me plaît pô…), d’où parfois le supplice sur quelques séries (qui m’auront tout de même fait passer des saisons agréables au début…).
Ma hantise, face à mon mode de consommation des séries (des pics pilotovores, beaucoup de picorages et de moins en moins de patience) qui se rapproche un peu du tien, c’est justement la peur de rater certaines séries. Cette culture de l’instantanée, que permet, voire encourage, la multitudes de l’offre de séries, de pilotes qui fleurissent sur tous les continents, ne peut-elle pas finir par nous noyer dans du superficiel ?
Après, ça rejoint le questionnement que tu avais déjà eu il y a quelques mois sur ce qu’est la téléphagie ; mais sans entrer dans ce débat, je me demande parfois si avec l’approche que j’ai actuellement du petit écran, je ne serais pas complètement passé à côté d’expériences sériephiles inoubliables, en ne poursuivant pas le visionnage de certaines séries, que j’ai adorées dans la décennie précédant ce bouleversement technologique.
Une des séries qui me vient immédiatement à l’esprit, c’est par exemple Babylon 5. On devine le potentiel devant le pilote, devant toute la saison 1… Pourtant je n’y arrivais pas à accrocher. Visionnage en groupe, effets de communauté téléphagique, ont fait que j’ai dépassé cette saison-là. Et ensuite, à partir de la saison 2, j’ai eu comme une révélation. Ca a façonné ma conception de la SF, mais aussi des séries politiques, etc… (Pour moi, ce fut Babylon 5, et pas Star Trek)
Reste que la question qui demeure est la suivante : si je vivais ma téléphagie au milieu des années 90 comme actuellement, est-ce que je n’aurais pas raté Babylon 5 ?
La remarque vaut pour d’autres séries, que j’ai persévéré parce qu’à l’époque, il n’y avait pas vraiment de choix.
L’offre actuelle tellement riche et diversifiée n’engendre-t-elle pas une culture de l’instantanée qui remettraient en cause un peu le fondement même des séries ?
Trop séries peuvent-elles nuire à la téléphagie ?
L’investissement dans une série, vivre ses hauts et ses bas, est-ce que ce n’est pas aussi une part de la sériephilie ?
Face à un pilote, je suis donc toujours saisie d’un dilemme entre le fait de vouloir cataloguer l’ensemble de façon irrémédiable et l’appel du long terme.
Je crois que je mélange différentes problématiques, mais en fait, ton post me renvoie à beaucoup d’interrogations personnelles sur mon rapport au petit écran et à ma passion pour les séries ; et j’ai l’impression que tout est un peu lié.
Je n’ai sans doute pas assez de recul, mais, « laisser grandir, mûrir, une série » n’était-ce inhérent à la téléphagie ? N’était-ce pas ce qui nous faisait aimer les séries, à la différence des films ?
Avant, je n’accrochais pas toujours dès le pilote, mais je persévérais la plupart du temps. Par manque d’alternative, par temps libre à tuer. Désormais ce n’est plus le cas. La question que cela engendre est : quelles sont les séries que je rate à cause de cette pratique ? (Mais, inversement, combien de séries découvertes grâce à ces crises de pilotovore-ites aiguës ?)
Je comprends parfaitement le dilemme, la peur de rater une bonne série. D’où la necessité de ne pas s’attarder sur des séries où on a pas le déclic.
Moi je fais déjà un pré-choix (thèmes, acteurs, scénaristes etc…), ensuite je visionne le pilote.
Là, dans 80 % des cas je regarde la suite. Il faut vraiment que ça soit très mauvais (genre Romantically Challenged) pour que je ne regarde pas la suite.
Le deuxième épisode sert à confirmer mes impressions. S’il n’y a pas un début d’attachement, je vais voir ailleurs.
En fait je ressens assez vite les limites d’une série. J’ai jamais l’impression de me forcer.
Maintenant en ce qui concerne la fièvre des pilotes, j’en ai de moins en moins. Et je préfère m’attarder sur une série.
Attendre le déclic sur la base d’un pilote c’est à mon sens très dangereux. Par exemple, les séries coréennes changent très fréquemment de ton au fur et à mesure des épisodes. Le pilote n’est pas très souvent représentatif de la série.
Un exemple : flowers for my life, incontournalbe série coréenne, est très comique à ses débuts avant d’explorer ses thèmes plus avant.