C’est l’idée marketing du siècle : pour l’ouverture d’une nouvelle banque, un billet a secrètement été mis en circulation. C’est un billet d’un dollar comme il en existe tant, à la seule différence que son numéro de série permettra à un chanceux de décrocher 1 million, offert par la banque à la veille de son lancement, en direct à la télévision !
L’idée de génie, c’est qu’entre sa mise en circulation par la banque et l’annonce du numéro de série gagnant, ce billet sera passé entre bien des mains. Le gagnant pourrait être n’importe qui… mais sera-t-il n’importe qui ?
La série libanaise Dollar repose sur une excellente idée de base, imaginée pendant une réunion entre diverses agences de publicité et le directeur de la nouvelle banque SBH, Monsieur Wajih. Plus précisément, c’est un pubard du nom de Tarek qui improvise cette campagne, alors qu’il n’a pas vraiment d’autre idée à proposer à l’exigeant Wajih (et franchement il aurait pu mieux préparer la réunion, m’enfin). Le vieil homme d’affaires est immédiatement enchanté et demande à son assistante Zeina, qui ne suspecte rien, de lui donner un billet d’1 dollar, n’importe lequel. Zeina trouve un billet dans son propre sac à main, le donne à son patron, et retourne vaquer à ses taches. Lorsque progressivement Zeina comprend à quoi ce dollar va servir, elle se met en tête de remettre la main dessus. Evidemment, elle n’est pas la seule à avoir eu cette pensée : Tarek est également bien décidé à récolter le million promis ! Tant que la campagne n’a pas encore été lancée, ils ont un avantage tactique pour mettre la main dessus, et se mettent donc à retracer les faits et gestes de Monsieur Wajih pour comprendre où est passé leur ticket gagnant.
Comme ils sont les seuls (en-dehors de Monsieur Wajih) à connaître l’existence de ce billet miraculeux pour le moment, et que Zeina, parce qu’elle a fait un selfie fort opportun, est la seule à en connaître le numéro de série, ils vont un peu être obligés de collaborer. Leur expédition va les mener dans plusieurs couches de la société libanaise, en quête de ce fameux billet qui en vaut un million…
J’avais envie d’aimer Dollar : son pitch semblait amusant et son générique (3mn20 de générique, même ; ya plus beaucoup de pays au monde à nous offrir ce genre de choses !) mettait en place une ambiance réjouissante…
…et, oui, il y a un « mais ». Dollar n’est pas la série que j’espérais trouver.
Disons pour être charitable que le premier épisode de Dollar se regarde avec… légèreté. Faut vraiment pas trop s’investir, hein.
Pour commencer, la réalisation n’est pas franchement au taquet, ce qui est très triste après avoir passé plus de trois minutes à regarder un truc très stylisé, ancré dans l’esthétique des années 70, pour au final se retrouver avec un épisode lisse comme un billet neuf, très voire trop moderne, et en sus, plutôt lent. L’ambiance retro et américanisée n’a en fait rien du tout à voir avec la choucroute, et l’épisode inaugural de Dollar n’a en fait aucune originalité ni sens du rythme.
Un problème qui découle de l’écriture elle-même, bien-sûr. D’ailleurs plus l’intrigue progresse plus on a l’impression d’avoir dix coups d’avance sur les protagonistes ; non qu’on sache où est passé le fameux bifton, mais parce qu’ils semblent extrêmement longs à tirer les conclusions les plus simples. La scène pendant laquelle Zeina additionne a+b pour comprendre à quoi va servir son billet est le parfait exemple de cela. Ca tire en longueur pour pas grand’chose, alors que l’épisode est plutôt court : 40 minutes ! Et ça inclut ce fameux générique de trois minutes… Moi je vous avoue, j’ai du mal à comprendre comment un épisode d’un thriller comique peut sembler trop long.
Malgré tout, j’ai l’impression que Dollar se donne du mal pour meubler, en rajoutant des intrigues secondaires en plus de cette étrange aventure. Tarek et Zeina ont des motivations différentes pour décrocher le million, Tarek se trouvant dans une situation financière difficile depuis son divorce (provoquant des retards de loyer), et Zeina commençant à s’impatienter vis-à-vis de son fiancé Nizar. Malgré ses tempes grisonnantes, ce dernier n’est en effet toujours pas autonome et vit aux crochets de son riche père ; Zeina est résolue à ne pas l’épouser tant que Nizar refusera de vivre par ses propres moyens. Nizar, obséquieux mais pas vraiment décidé à sauter le pas, tente de la faire changer d’avis et en rajoute dans son numéro de charme, mais cela ne fait que repousser Zeina (…on se demande bien dans les bras de qui elle finira probablement par atterrir). Cet aspect est amusant, et donne à Amel Bouchoucha qui l’incarne de nombreuses occasions pour Zeina d’adresser des regards meurtriers, ce qui lui sied à merveille. Mais même avec tout ça, l’épisode peine à avoir du rythme. J’ai envie de dire que ce n’est pas là qu’il aurait fallu meubler, mais plutôt en commençant à rajouter des obstacles à la réalisation de l’objectif principal.
Pour avoir (contrairement à mes habitudes) jeté un œil au deuxième épisode de la série, et l’avoir trouvé un tantinet plus réveillé, je ne rejette pas complètement Dollar. Je crois que même avec ses longueurs, elle peut être plutôt réjouissante, à condition de ne pas trop en attendre. Et puis qui peut vraiment résister à une buddy comedy sur fond de cupidité ? Mais cette série originale Netflix peine tout de même à convaincre sur pas mal de plans, et je ne suis pas absolument pressée de finir ses 15 épisodes ; d’ailleurs, vous ne me verrez pas les bingewatcher.
« (3mn20 de générique, même ; ya plus beaucoup de pays au monde à nous offrir ce genre de choses !) » en effet ! Et même si j’ai connu une époque où les génériques étaient plus longs que les misérables secondes auxquelles on a souvent droit maintenant, 3minutes20 ça me parait long ! Ca me manque, les génériques. Même quand au bout de trente épisodes je pouvais parfois les sauter, ça faisait partie de l’identité d’une série, et il y a tellement de génériques mémorables que je fredonne encore et ont aidé à cimenter les séries dans ma mémoire. D’ailleurs je suis toujours amère qu’il m’ait fallu si longtemps pour réaliser que les Kdramas avaient des génériques ! Je suis contente que, maintenant, la plupart du temps, ils ne soient plus coupés.
Quant à la série… peut-être ? je sais pas… comme tu dis, l’idée qu’un thriller comique paraisse long, pour ce genre là, c’est quand même con. Néanmoins, je suis tellement peu ce que fait Netflix que sans toi j’aurais (comme souvent) jamais su que cette série existait, donc (comme toujours) merci pour l’article ♥
Le pitch semblait effectivement intéressant, mais si la série traîne en longueur, ce n’est pas un bon combo. :/