Sunshine State

26 juillet 2019 à 10:26

Mandy obtient son GED, et déménage pour le lointain et épatant État de l’Ohio. Pour autant que Shelby, Kaitlin, Jayla et Erica puissent en juger, c’est la première fois que cela se produit dans toute l’histoire de la Floride ! Les quatre amies, elles, n’ont rien vu changer dans leur vie : elles occupent toujours des petits jobs miteux qui paient à peine les factures de leur mobile home pourri.
Mais en voyant Mandy évoluer dans la vie, Shelby s’interroge… ok ça va sembler complètement fou, mais s’il était possible de choisir une autre voie ?

Florida Girls est exactement ce que son nom annonce : une comédie sur quatre jeunes femmes qui vivent dans une culture trailer trash à la fois drôle et pathétique. C’est la caricature de la Floride qu’on aime critiquer (et qui le rend parfois si facile), et en même temps, c’est un commentaire à mi-chemin entre le désespoir et l’optimisme.
On y trouve un sens de la démesure similaire à celui de Claws (les deux séries partagent, après tout, le même État), une palette de couleurs équivalente aussi, et un sens très proche de la débrouillardise à tout prix. Mais comparativement, les femmes de Claws, qui certes sont un peu plus âgées, ont réussi leurs vies par rapport à celles de Florida Girls ; c’est vous dire l’ampleur du problème de ses héroïnes.

Il y a toutefois une autre série que m’a rappelée Florida Girls, qui géographiquement n’a absolument rien à voir mais qui thématiquement reprend une partie des mêmes questionnements : la dramédie irlandaise Can’t Cope Won’t Cope, qui mettait de la même façon ses héroïnes face à un ultimatum implicite. Continuer de se marrer sans penser au long terme, ou prendre le taureau par les cornes parce qu’à un moment les délires vont commencer à ne plus être drôles ? Shelby, qui est vraisemblablement l’héroïne de Florida Girls (…son interprète est aussi la créatrice de la série), se pose la question dans ce premier épisode, après avoir vu Mandy quitter leur mobile home pour ce qui est présumé être une vie meilleure. Toute relative, mais quand même meilleure.
Ses copines ne sont pas nécessairement dans cette interrogation, mais leur vie n’est pas beaucoup plus brillante, faite de relations sans avenir, de petits arrangements avec la légalité, de combines en tout genre pour n’avoir pas à se prendre la tête… mais au final quand même ramer en permanence. Chacune illustre sans le vouloir cette peur de ne pas savoir de quoi demain sera fait, une volonté affichée de ne pas trop s’en préoccuper, et en même temps une rébellion permanente contre la galère. Veulent-elles une vie meilleure ? Oui, bien-sûr. Mais elles veulent aussi, dans leur majorité, une vie facile. Allez concilier les deux…

Traitée sur le ton de la plaisanterie souvent grotesque, Florida Girls parle de femmes pauvres, peu éduquées, bref sans avenir. Mais jeunes, alors avec un avenir quand même. Quand on a toujours vécu dans un milieu dont personne d’autre ne s’est jamais sorti, comment avoir de l’ambition ? Et d’ailleurs est-ce souhaitable d’avoir de l’ambition ?
Ce tiraillement est poignant, quand bien même Florida Girls essaie de se la jouer cool et sans prise de tête. Est-ce typiquement floridien ? Pas vraiment. Mais la série joue des clichés (et de l’expérience de sa créatrice, apparemment) pour en remettre une couche et rendre ces dilemmes plus marrants à suivre. Cela n’en fait pas nécessairement la série de l’été, du tout du tout à vrai dure… mais ça en fait une des rares séries sur ces thèmes particuliers. C’est déjà pas mal.
Et en plus Mélanie Field est au générique.

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

1 commentaire

  1. Tiadeets dit :

    Toujours intéressant de lire tes analyses.

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