On a tous quelque chose en nous d’Irlandais… ou, parfois, comme Gloria, on le voudrait bien. Pour une fois les scénaristes cèdent à l’appel du trèfle, et nous offrent un épisode laissant une large part aux Irlandais de la série, nouveaux ou bien connus des spectateurs.
On peut faire mine de s’en défendre mais après avoir plaqué une pseudo-paix des ménages à Em City entre Burr et les Latinos, après avoir réglé le sort de ce crétin de Clayton Hugues (et, à cause de lui, celui de Mobay), après avoir mis un point final à la relation entre Beecher et Keller, après avoir réglé le problème du petit nazillon qui avait tenté de poignarder Saïd, après avoir définitivement enterré la relation entre Schillinger et Cloutier, après avoir réglé le cas de Dayell, que reste-t-il à cet épisode ?
Un match de basket. Fort sympathique au demeurant, mais surtout totalement inoffensif : aucun intérêt dramatique, aucun enjeu pour les personnages impliqués, un pur moment de grâce pendant lequel aucun prisonnier ou membre de l’administration n’a une idée derrière la tête (genre se débarrasser de quelqu’un d’autre), bref, une bonne grosse excuse pour meubler l’épisode.
Alors, au fond, le seul véritable intérêt de cet épisode, ce sont les deux intrigues liées aux Irlandais. Il faudra simplement s’armer de patience et attendre le dernier quart de l’épisode pour en profiter.
D’abord, c’est le caricatural Padraic Connelly qui débarque (sous des prétextes fallacieux, comme de plus en plus souvent ; dois-je vous rappeler comment les Chinois avaient débarqué ?), et qui décide de faire le fier, convaincu qu’il ne va pas rester longtemps et qu’il n’a donc aucune raison de frayer avec qui que ce soit, et moins encore sympathiser. Encore un qui n’a rien compris au film. Ryan O’Riley viendra lui tendre la main UNE fois. Juste une, parce qu’on est à Oswald, quand même. Sauf qu’évidemment, le séjour à Oswald se prolonge et que cet imbécile d’Irlandais a décliné l’aide du seul autre Irlandais capable de l’aider. Ici on n’a pas vraiment une intrigue passagère vouée à mourir avant la fin de l’épisode, comme cela arrive, mais un arc qui devrait probablement nous emmener jusqu’à la fin de la saison. Aussi, bien que s’étant tiré une balle dans le pied, Connelly ne va pas mourir tout de suite mais, oh, ne vous faites pas d’illusion, c’est le sort qui l’attend à n’en pas douter. J’ai bien aimé ce que cette intrigue, même amenée maladroitement, tente de nous rappeler sur la réalité à Em City, à travers les clans, la survie et toute cette sorte de choses. Avec l’éclatement de tant de « tribus » ces derniers temps, l’individualisation de nombreuses intrigues, et un sentiment communautaire volontairement atténué depuis la fin de la « guerre des races », le rappel n’est pas sans mérite.
Ryan O’Riley n’a pas dit son dernier mot, comme on s’en doute.
On continue donc à suivre notre Irlandais préféré avec une très touchante exploration de sa relation à Cyril. Cela fait plusieurs épisodes maintenant que leur lien est fort et, en apparence, indestructible, là où il avait pu parfois être mis en danger par le passé (comme par exemple pendant les matches de boxe), et c’est devenu un tel acquis que naturellement il fallait remettre tout ça en question. Pour cela, l’arme fatale a en réalité été déployée précédemment par l’arrivée d’un personnage affirmant être la mère de Ryan ; cela n’effleure que maintenant celui-ci, mais ça ne signifie pas qu’elle est la mère de Cyril pour autant. La violence de cette révélation se ressent d’autant plus que tous les deux passent par une période difficile : entre les humeurs changeantes et Cyril (devenue une vraie bombe à retardement) et les menaces qui pèsent sur Ryan, ils n’ont pas besoin de ça, les O’Riley.
Car, déterrant une nouvelle fois une vieille intrigue, l’épisode nous rappelle que notre serpent à sonnettes préféré, souvent si suave et persuasif, a quand même sauvagement éclaté le violeur de Gloria Nathan, et qu’il n’en a jamais payé les conséquences. Alors qu’Arif (témoin du carnage) se décide enfin à parler, Ryan et Cyril sont plus en danger que jamais d’être séparés, Ryan gagnant en bonus un aller simple pour le couloir de la mort. Où notre anguille favorite va-t-elle aller chercher sa solution ? Auprès de nulle autre que sa dulcinée, Gloria Nathan, avec qui les choses sont relativement officielles même s’ils ne se touchent pas ni ne se parlent pas frontalement de leurs sentiments (et je trouve au final cette façon de communiquer assez touchante arrivés à ce stade). Ryan va donc lui demander, tenez-vous bien… de l’aider à s’échapper avec son frère, et, sous-entendu, de partir aussi avec elle. Partir loin de tout. On devine, surtout en plongeant les yeux dans ceux, si persuasifs, de Ryan, qu’elle pourrait dire oui à cette folle proposition. Quel incroyable perspective, plus que n’importe quelle tentative d’évasion par le passé… On connait la réponse de Gloria, elle si raisonnable, si sérieuse, mais en même temps, on tremble de délice à l’idée de la voir dire oui !
Quand un épisode ne vaut que pour les intrigues touchant UN personnage, d’ordinaire, on fait un peu la moue. Mais dans le cas de Ryan, difficile de se plaindre tant les différentes facettes de ce prisonnier trouble sont prometteuses quelles que soient les situations.
Les axes des autres personnages reprendront probablement très vite (ce n’est pas The Ryan O’Riley Show, après tout), mais la parenthèse est moins discutable que d’autres épisodes peu convaincants de la série. Passe pour cette fois.