On aurait pu espérer que du Kentucky au Wyoming, il n’y aurait pas loin (au moins téléphagiquement parlant).
Eh bien non, Longmire n’est pas un nouveau Justified. Loin de là. Les comparaisons sont difficiles à éviter, et pourtant elles se font systématiquement au détriment de la nouveauté d’A&E, qui peine à s’installer dans un paysage audiovisuel auquel elle n’a rien à apporter.
Ce n’est pas que le pilote soit mauvais. C’est simplement qu’il n’est pas bon ; et on ne peut pas se permettre de ne pas être bon quand la concurrence a déjà réussi à faire cent fois mieux.
Le plus gros tort de la série vient de son format (forcément) policier. Or l’enquête de ce premier épisode n’est pas très originale, voire même franchement stérile, à un tel point qu’on ne voit pas trop comment cet angle de la série pourrait s’arranger avec le temps. Les éléments de l’enquête sont, à dessein, disséminés avec une lenteur insoutenable, pour éviter que la résolution ne se fasse trop vite, et ainsi légitimer la durée de l’épisode, au lieu de l’exploiter.
Alors soit, Longmire ne veut pas jouer sur une dominante policière, c’est tout-à-fait respectable et ce n’est pas moi qui la blâmerai. Mais qu’en est-il du reste ?
C’est là que se logent les bons points de ce pilote. Grâce à cette affaire dépourvue de tout intérêt précédemment évoquée, Longmire parvient tout de même à donner la substance de son contexte, et en tirer quelques qualités qui lui évitent le ravin.
Ainsi, le personnage de Walt Longmire, s’il est assez classique dans son comportement de cow boy solitaire qui estime que les actions sont plus parlantes que les mots, possède une blessure qui le rend, à défaut de sympathique, au moins intéressant, à plus forte raison lorsque cette blessure s’exprime dans des moments inappropriés.
La mort sur laquelle il travaille permet également d’apprendre à connaître les forces en puissance, avec la réserve indienne d’un côté, et l’ennemi intérieur que représente Connally, l’un des membres de sa propre équipe. De la même façon, son amitié avec l’Indien Henry Standing Bear est l’occasion de quelques interactions qui ne sont pas dénuées d’intérêt.
Le problème est tout justement là, dans le fait que rien ne vous tirera de rire narquois en vous disant que vous êtes tombés sur une grosse bouse ; mais comment prendre au sérieux Longmire quand tant de choses semblent n’être que le recyclage d’ingrédients qu’on connaît si bien ? La série n’a aucune forme d’originalité à apporter aux thèmes cent fois vus et revus, et qui justement ont trouvé une nouvelle jeunesse avec Justified.
Les dialogues pas trop mauvais, la réalisation pas trop mauvaise, le cast pas trop mauvais, tout ça ne donne pas très envie de poursuivre, et pourtant bien malin celui qui trouvera un reproche concret à formuler à la série.
Le seul espoir de Longmire est probablement d’emprunter une route aussi feuilletonnante que possible, étant donné les éléments installés dans cet épisode inaugural.
Mais à ce stade, difficile de déterminer à ce stade si la série penchera plutôt du côté procédural, ou tirera partie des pistes lancées pour en faire le coeur de son intrigue. Ou pire, si elle décidera de s’en servir comme d’un pseudo-fil rouge, comme il est si tentant de le faire pour beaucoup de séries, à plus forte raison si elles sont diffusées pendant la période estivale, réputée (à tort ou à raison) d’une exigence inférieure.
Longmire n’entrera pas dans les annales, c’est sûr, mais il ne tient qu’à elle d’éviter de faire mourir son public d’ennui en accentuant son côté dramatique. Pari lancé, je tenterai au moins le deuxième épisode avant de déterminer quel sort lui réserver. Mais au-delà, si elle poursuit sur cette lancée sans corriger le tir, continuer à regarder la série va devenir difficile à expliquer.