Elle va mourir seule. A l’hôpital, on a demandé à ma mère si elle souhaitait ou non être appelée de nuit pour être prévenue, si jamais ça n’arrive pas pendant la journée. Sinon, on l’appellera au petite matin. « On la garde jusqu’à 8h », fait l’infirmière d’un ton qui se veut rassurant.
Je n’arrive pas à croire ça. Non seulement qu’elle en parle sans aucune retenue à trois pas à peine de la chambre (après, étonnez-vous qu’elle n’ait pas envie de se battre ! tout le monde parle déjà d’elle comme si elle était déjà morte !), mais surtout de ce que sous-entend cette proposition. Ma grand’mère va mourir, et elle va mourir seule. Et tout le monde trouve ça normal. Comme si, même, ce serait gênant. Ca prendrait trop de place.
Meurt dans ton coin, n’embête personne. Si on veut dormir, ne va pas vous faire réveiller ! Au petit déjeuner, on verra ça.
C’est donc un certitude, ma grand’mère va mourir seule. Sans douleur, mais seule. Oxymore.
Maintenant ils vous font des services très pratiques pour tout. On vous envoie un mail lorsque vos fleurs de la St Valentin sont arrivées (ne vous dérangez pas pour appeler l’élu de votre coeur, Interflora fait ça pour vous), on se fait envoyer un SMS par l’agence d’interim (c’est pas comme si chercher un emploi avait vraiment de l’importance !), et on vous appelle au petit déjeuner pour ne pas vous réveiller si votre mère meurt. C’est normal.
BORDEL DE MERDE : C’EST NORMAL.