Ca fait des mois que j’en parle. Pour être sincère, je mentirais si je disais que je n’y ai pas pensé dés l’an dernier, quand dans la nuit du 30 au 31 mai, j’ai fêté les 9 ans, dans l’intimité, entre moi et moi. Même ici je n’en parle pas, alors, le célébrer avec d’autres…
Vous m’auriez demandé en janvier dernier, par contre, je vous aurais dit que la nuit du 30 au 31, ça allait être la fête du siècle. Et en moins de 6 mois, les choses ont bien changé.
C’est donc officiel. J’ai dépassé mon espérance de vie de 10 ans.
Cette soirée-là est enfouie dans un coin de ma tête, et en général c’est là que je la laisse. Mais un soir comme aujourd’hui je ne peux pas m’empêcher d’exhumer les souvenirs. Me rappeler des deux escalopes de dinde que j’avais achetées pour le dîner, mais que personne n’est venu partager avec moi. C’est là que ça a commencé, c’est ce qui a tout déclenché. C’est cet acte ultime de rejet. Je l’ai pris incroyablement à coeur comme tout ce qui avait précédé depuis un mois.
Je ne savais pas encore que ce n’était qu’une « simple » rupture. A l’époque, dans ma tête, ce qui se passait était infiniment plus douloureux.
J’apprenais à vivre « dehors », et rien ne m’avait préparée à ça. Ça faisait des mois que j’essayais de prendre la mesure de ma liberté… et pourtant c’était une liberté toute relative et dés que je m’éloignais, ma chaîne m’étranglait. C’est l’époque où je ne vivais plus avec mes parents, mais toujours chez eux, et toujours à revenir chaque weekend, et toujours à les appeler le mercredi soir ; des questions, des compte-rendus circonstanciés, des reproches, et pourtant, malgré cette sensation perpétuelle d’étouffement, la possibilité incroyable de faire des choses inimaginables quelques mois plus tôt, comme se coucher quand on a sommeil, regarder des séries sans éteindre la télévision précipitamment parce que la porte d’entrée s’ouvre, et parfois même, transgression suprême, sortir avec mon petit ami. Pourtant, je ne savais rien faire de tout ça correctement ; du moins, pas avec modération. Je me couchais à 2h du matin, je regardais des séries tout le temps, et le petit ami… mais on était fiancés, vous comprenez ? C’était forcément quelque chose d’important.
Et puis, il a fallu affronter le fait que celui qui, quelques mois plus tôt, me jurait un amour éternel, était passé à autre chose (il me faudra des années pour découvrir que cette autre chose était une copine, ah que j’étais naïve !), et que, même si je n’avais pas à rendre la bague, c’était fini. Avec une rapidité foudroyante.
Et alors que je découvrais ce que c’était que d’avoir une vie « sans » mes parents (c’était le plus « sans » mes parents que je pouvais concevoir à l’époque), sans leur omniprésence négative, sans leurs reproches incessants (seulement trois jours par semaine !), soudain la seule personne qui m’aimait… ne m’aimait plus.
Ce soir-là, il était à Paris, il m’avait dit « je viendrai peut-être dîner », mais il n’en avait jamais eu l’intention. Et quand je l’ai appelé pour vérifier à quelle heure il viendrait, et qu’en fait il se baladait aux Tuileries (…avec la copine, mais j’étais naïve !), je ne sais sincèrement plus ce que j’ai fait des escalopes, je ne sais plus si je les ai remises au frigo pour les y laisser pourrir ou si je les ai jetées, mais une chose est sûre, c’est que j’ai dérapé. J’ai passé la soirée à broyer du noir devant la télé. Rien ne me faisait rire, rien ne me faisait même ciller, je suis même incapable de dire ce que j’ai regardé ce soir-là, je ne regardais pas vraiment, j’ai juste allumé l’écran et espéré qu’il remplisse le silence. Et il ne l’a pas fait. Parce que le silence n’était pas dans l’appartement, il était en moi.
Pour être tout-à-fait sincère, je ne me souviens absolument pas de quand j’ai fait ça. Ni même comment ça m’est venu. Je me souviens juste qu’il a paru être une idée, disons, « soulageante », de prendre les médicaments et de les avaler d’un coup. C’était l’accomplissement de semaines et de semaines de désespoir à me demander à quoi tout cela rimait de rester là à souffrir (et il y en aurait bien d’autres ensuite, mais je ne le savais pas encore).
Et juste après… je ne dirais pas que j’étais prise de remords, ni que je voulais être sauvée. Je voulais simplement lui donner une chance de me dire quelque chose de gentil avant que je ne meure. Alors je l’ai appelé sur son portable, au beau milieu de la nuit, minuit, une heure, deux heures du matin peut-être, et quand il m’a dit qu’il dormait chez elle, je n’ai d’ailleurs toujours pas compris (naïve !), mais ils sont arrivés dans les 15 minutes parce qu’à l’époque ça prenait 15 minutes d’arriver chez moi, l’ambulance sur leurs talons. Qui a ouvert la porte ? Ont-ils eu du mal à me convaincre de monter dans l’ambulance ? Là ça devient trop brumeux pour que je puisse le dire. Mais ils ont agi vite et je me souviens avoir été encore à peu près consciente dans l’ambulance, lorsque j’ai posé la tête sur ses genoux en espérant qu’il allait le dire, dire ce quelque chose de gentil, pas nécessairement qu’il m’aimait parce que je crois que ça, j’en avais quand même un peu fait mon deuil, mais que je comptais quand même, que je n’étais pas retournée au néant juste parce qu’on ne se mariait plus. Que je comptais pour quelqu’un, quand même. Et que ce quelqu’un n’allait pas me le faire payer en m’ensevelissant sous les injures après. C’était tout ce qui comptait.
Assise à quelques centimètres de nous, elle était là, et je crois qu’elle me caressait les cheveux, et elle m’a dit quelque chose que je n’ai jamais oublié : « tu verras, dans 10 ans, tu en riras ».
De l’hôpital je me souviens assez mal. Je me souviens avoir été beaucoup seule dans la chambre. Je me souviens qu’au petit matin, ils sont passés tous les deux. Je me rappelle que pas très longtemps après, on m’a laissée sortir à la condition que je sois suivie. A l’époque j’étais si docile que je n’ai même pas imaginé NE PAS prendre un rendez-vous quelque part une fois dehors. Mais ce n’était pas encore la question, d’ailleurs.
Parce que quand je suis sortie de là, on a traversé une cour de l’Hôtel Dieu, là où les véhicules déposent les urgences, on est arrivés sur ce boulevard qui n’a pas de nom parce qu’il n’existe que dans ce souvenir, et même quand j’y retourne il n’y ressemble plus du tout, et on est arrivés sur le trottoir, ils marchaient à côté de moi, et là, je me revois, regardant passer un camion de pompiers et avoir envie de sauter sous ses roues. Pas juste avoir envie, d’ailleurs. Juste me voir sauter dessous, d’une vision aussi nette que je vois mon clavier à l’heure où je tape ces mots. Comme assister à ma propre mort.
C’était une fraction de seconde de soulagement.
Mais je m’en souviens essentiellement parce que j’ai ressenti un désespoir comme jamais dans la seconde suivante. J’ai réalisé que j’étais sur le trottoir, que je n’avais pas sauté, et que cette sensation d’écrasement, de vide et de solitude en moi-même n’avait pas de remède. J’étais incroyablement seule au fond de ma tête à ce moment-là, et rien ni personne ne pouvait m’atteindre.
C’est à cette seconde-là qu’en réalité j’ai touché le fond. Pas quand j’ai avalé les médicaments. Quand j’ai compris que je n’allais pas le refaire, parce que j’avais promis au médecin, par lâcheté ou peu importe, en tous cas que je n’allais pas réessayer, mais que c’était la seule chose que je voulais, et que j’étais bloquée là, et que j’allais vivre avec ça alors que tout ce que j’avais voulu, c’était m’en débarrasser, quitter cette conviction que les choses n’iraient jamais mieux, et que désormais je la portais avec moi quoi qu’il arrive.
On a remonté le boulevard Saint Jacques et ils ont fini par rentrer chez elle (naïve !), me laissant revenir dans mon appartment minuscule. Et vide.
Mais c’était assorti.
Je mentirais en disant que les mois qui ont suivi ont été ceux de la guérison. Il s’est passé au moins un an avant que je ne commence à guérir. Tout simplement parce qu’il ne s’agissait pas de guérir que de cette nuit-là, ou que de cette « simple » rupture, mais de guérir de tout ce qui m’avait conduite à décider que l’amour d’un seul type me sauverait de ce qu’avait été mon existence jusque là, qu’il allait me sortir de ma misère affective et me rendre heureuse jusqu’à la fin de mes jours.
Vous voulez connaître un secret ? Aujourd’hui je sais qu’il ne m’aurait pas rendue heureuse. Même la moi diminuée que j’étais, prête à se contenter de bien moins, n’aurait pas été heureuse de ce qu’il avait à m’offrir.
Le plus incroyable, c’est que j’ai dépassé toutes mes espérances à mon sujet. Après une année morbide au possible, après une année à buter contre les parois de mon propre crâne comme dans un cul-de-sac parce que « c’est comme ça », j’ai commencé à avoir un petit rai de lumière. Les choses n’ont plus jamais été les mêmes quand j’ai compris que c’était ce dehors-là qui importait : le dehors de ma tête.
La triste vérité c’est que les travaux auront duré 10 ans et je n’en suis toujours pas sortie. Quoi que je fasse j’essaye d’aller toujours plus loin mais c’est comme si je m’attaquais à des couches et des couches de blindage et que je n’arrive pas à passer le plus petit auriculaire dehors, pas même par un petit trou juste pour sentir l’air de l’autre côté. Encore aujourd’hui je constate mes limites, alors que ça a été, pendant 10 ans presque sans interruption, une obsession que de les franchir.
Presque sans interruption, parce que je me suis perdue en route. Parce que je ne sais toujours pas gérer la douleur. Parce que passé un certain seuil, je pense encore parfois à la mort comme à une délivrance. Et parce que quand même mes propres parents ne m’ont pas aimée, cycliquement, j’ai un trop-plein de solitude et que quiconque arrive dans ma vie à ce moment-là devient la personne la plus importante au monde. J’appréhende fortement le moment où il y aura de nouveau quelqu’un réellement dans ma vie, d’ailleurs, mais remettons ce vaste sujet à un post futur.
Pourtant la vérité c’est que j’aime la vie. Un peu. Mais un peu, c’est tellement plus qu’il y a 10 ans ! L’horizon était noir. Il n’est pas clair aujourd’hui, mais en tous cas il est d’un noir un peu moins noir.
Aujourd’hui je n’irais pas jusqu’à dire que tout est parfait. C’est le contraire. Vous m’auriez demandé en janvier, j’avais encore certains de mes amis à mes côtés (je les pensais tels, disons), nous avions surmonté des choses difficiles ensemble, comme la mort de freescully, et je n’étais pas encore prise à la gorge par mon déménagement. Je nourrissais pour la première fois depuis des années un embryon de sentiment pour quelqu’un et je me sentais en vie. Je sortais. J’avais des projets.
Nous voici au mois de mai et cette histoire d’appartement n’avance pas, les amis ont fait machine arrière et je me suis refermée, un peu. Oh, pas de beaucoup : je suis encore sortie pas mal ces derniers temps. Mais ce n’est pas la même chose. C’est une vie « sociale », je vois du monde sans grande conviction. Et les projets… oui, j’ai encore les projets, je suppose.
Mais tout cela n’a pas de sens. Et 10 ans après, je ne ris pas du tout. Les choses étaient supposées aller mieux qu’elles ne vont.
Et je me fous, concrètement, de n’être pas la seule à qui ça arrive de se dire que j’avais espéré mieux ; quoi que je fasse je n’arrive pas à m’ôter de la tête que si d’autres gens se plaignent d’être logés à la même enseigne de l’amertume, je ne les empêche pas de sauter sous un camion de pompiers, en tous cas je refuse qu’ils m’assènent un « eh bah pour moi aussi la vie est pas facile, mais je continue ». Parce que tant que ces gens ne sont pas capables de me dire « pourquoi », j’ai pas de leçon à recevoir.
J’ai l’impression d’avoir eu plus que ma part de saloperies. Oui, la vie, ça arrive à tout le monde, mais c’est comme l’égalité et les cochons : à certains plus qu’à d’autres. Je trouve que c’était franchement bien assez de vivre dans la misère affective et intellectuelle pendant 18 ans chez mes parents, puis de passer 10 ans (dont 5 au chômage, et 2 sans allocations) à trimer pour m’en sortir. Vient un moment où on devrait avoir les bons côtés aussi.
Je n’arrive pas à m’ôter cette amertume de la bouche qui dit que, même si dans la vie on n’a pas toujours ce qu’on voudrait, ou ce qu’on pense mériter (et concrètement je ne suis pas encore totalement convaincue de mériter tout ce que je voudrais ; j’y travaille, comme le reste), il devrait à un moment y avoir un semblant de justice, un moment où merde, ça suffit quoi, yen a assez de se battre en permanence, les choses devraient cesser de devenir sans cesse plus compliquées. Je ne sais pas, est-ce que vivre dans la terreur pendant toute mon enfance, embrasser des murs ou des coins de table, baisser la tête quand on pleure parce que même ça on n’a pas le droit de le faire, est-ce que ça n’était pas assez cher payé ? Et est-ce que ça valait le coup d’y survivre pour au final en arriver là où je suis maintenant ?
J’ai survécu 10 ans de plus et, on va être clairs, si ça n’avait pas été le cas, je n’aurais pas connu la faim, la vraie, celle qui fait qu’on pique un paquet de cubes parce que si on mange encore une fois des pâtes à l’eau on pense qu’on va exploser. Je n’aurais pas souffert de tellement de choses si j’avais accepté de sauter sous le camion de pompiers et arrêté tout, arrêté ces conneries une fois pour toutes, dans ma misère affective et intellectuelle, certes, mais en tous cas, un cran en-dessous dans la conscience que tout ça est cruel et absurde.
Au chapitre du sens, la bonne nouvelle c’est que je n’en cherchais pas quand il s’agissait de survivre. Je constatais que ça n’en avait pas (et certainement, ça m’a freinée pour trouver l’énergie de sortir de mes abimes), mais je ne cherchais pas du sens. Je cherchais une sortie.
Aujourd’hui c’est une obsession. Tout cela a-t-il du sens ? Non, ça n’en a pas. Et je ne comprends pas ce que je fous là.
Quelqu’un m’a répondu l’autre jour : « mais c’est à toi de trouver ce qui lui donne du sens, à toi de trouver ce qui te fait plaisir et ce qui te fait du bien ». Sauf que je vis alors dans l’absurde situation où il y a un énorme fossé entre ce qui donne du plaisir, et ce qui a du sens. Ce qui me fait plaisir c’est d’écrire. Et d’écrire sur tout ce dont je me nourris, en particulier. Parce que j’ai ce besoin de sortir de moi-même et de venir ensuite en parler, et essayer d’interesser les gens à cet étrange concept de voyager sans bouger. Parce que le faire géographiquement me permet de le faire intérieurement, et que c’est ce qui me motive, depuis des années : les flux d’entrée et de sortie dans ma tête.
Mais la vérité c’est que ça n’a pas de sens. C’est absurde. In the grand scheme of things, et toute cette sorte de choses. La vérité c’est que c’est incroyablement vain que de vouloir faire ça, d’y consacrer tant de temps, tant d’énergie, tant de ressources. Quand je le fais rien ne m’anime tant, pourtant c’est comme si je me regardais faire avec la conscience que ça ne rime à rien. Que c’est juste une façon de me faire plaisir. Un peu.
Mais que je ne trompe personne et surtout pas moi.
La vérité c’est qu’il y a un trou dans mon coeur, parce que papa et maman ne m’aimaient pas, et que toutes les friandises intellectuelles et/ou audiovisuelles de la planète ne le rempliront pas. Elles me permettent juste de ne pas contempler la béance du trou. Et peut-être aussi de ne pas chercher à le combler avec n’importe qui.
Ca n’a pas de sens parce que même si je voudrais me l’interdire, au fond de moi je pense toujours que si personne au monde ne m’aime, mon existence ne rime à rien. Alors je me nourris de toutes ces choses et j’écris, pour ne pas trop y penser. Parce qu’il parait qu’on doit se suffire de s’aimer soi-même. Comme si quiconque était capable de s’en contenter, il suffit de voir tous ces gens qui se mettent à la colle avec le premier venu, qui couchent avec le premier venu, pour tromper la solitude. Je refuse de faire ça, alors je ressens ma solitude encore plus durement. Vous voyez ? Ca, ça n’a pas de sens pour moi. Ce paradoxe qui fait que personne ne m’aime, et que je suis supposée m’adorer malgré ça et rire au nez de la solitude comme si la solitude, c’était un sentiment réservé à ceux qui ne s’aiment pas.
Et pourtant je m’aime un peu. Ca paraitra toujours terriblement peu humble de le dire, mais il y a des choses que j’aime chez moi. Mais je ne comprends pas pourquoi mes parents ne l’ont jamais aimé, et pourquoi ceux qui l’ont aimé ne sont jamais restés.
Je l’ai dit plus haut, j’aime la vie. Ou en tous cas il y a des choses que j’aime dans la vie.
Je l’ai découvert un soir en rentrant du boulot, il y a 8 ou 9 ans de ça (je pourrais le dater au jour près si je n’avais pas perdu mon journal de guérison de l’époque), en m’arrêtant au jardin du Luxembourg et en prenant une glace à la rose. Quand la vendeuse, 10 ans après, me salue encore (alors qu’il y a eu trois ou quatre ans pendant lesquels je ne suis pas venue une seule fois et qu’elle voit défiler des touristes par milliers), sait-elle seulement ce qu’elle a fait pour moi ce soir-là ? Le goût du parfum de rose, le jardin à la fin de la journée, les bus qui passent et se croisent, la rue à remonter pour arriver chez moi, juste en regardant les passants me jeter des coups d’oeil intrigués parce que je souris comme une demeurée…
C’est ce soir-là que j’ai découvert que c’étaient les petits plaisirs de la vie qui faisaient tout. Je n’ai pas attendu qu’une collègue (pourtant bien intentionnée) me le hurle comme si j’avais besoin de l’apprendre.
Pourtant, même quand on sait qu’il suffit d’une glace à la rose devant les grilles du Luxembourg pour se sentir en vie ET AIMER CA, à un moment, ça ne suffit plus.
Il a fallu se battre pour avoir un boulot et, quelque part, dans le but de payer une glace comme ça, une fois de temps en temps. Ou n’importe quoi d’équivalent (et à mesure que le salaire augmente, pas forcément de temps en temps) en termes de bonheur fugace.
Mais je trouve qu’après tout ça, j’ai droit à ma « récompense », quand même. J’ai suivi les recommandations du médecin. Je me suis fait suivre, et je n’ai plus jamais réessayé même quand putain, je ne voyais pas pourquoi ne pas en finir ici et maintenant. J’ai progressivement fait du nettoyage dans ma tête. J’ai commencé à creuser les parois de ma prison à la petite cuiller pour sortir. J’ai été gentille, j’ai été aimante, j’ai été bosseuse, j’ai été entreprenante, j’ai été passionnée, j’ai été drôle… j’ai été même positive, ce qui était le plus qu’on aurait pu me demander.
Il me semble que j’ai fait ma part. J’ai tout « bien » fait, non ?
Et alors que ce soir je fête ces 10 ans, et que très sincèrement, si on met de côté le fait qu’il y a des gens avec qui j’aurais voulu le fêter ce soir, je suis contente de les fêter, je me demande quand même un peu où est la rançon de tout ça.
On m’avait promis que ça irait mieux.
C’est un peu vrai. Mais trop peu.
bittersweet anniversary
Je t’aurais bien souhaité un joyeux anniversaire, mais je ne pense pas que ce soit une option…
Bon courage, et n’hésite pas a me passer un coup de skype si tu en as envie, tu sais ou me trouver.
Je continue ma lecture…et là…en lisant ce billet, tes mots m’ont ému…
Et je n’ai aucune raison de te le cacher : il y a même des larmes silencieuses qui me coulent sur les joues.
Concernant le sens de la vie, pour moi non plus elle n’en a aucune, mais j’ai trouvé, après une longue période dans le questionnement, ma raison de vivre : je vis parce qu’il n’y a rien à perdre à vivre.
Il n’y a rien à gagner, mais il n’y a rien à perdre, et c’est la raison pour laquelle je vis. Car puisqu’il n’y a rien à perdre à vivre, alors autant vivre, autant vivre jusqu’à la dernière seconde tout ce qu’il y a à vivre, le plaisir comme la douleur.
Ton écriture me touche beaucoup. Et je me demande même si je ne vais pas finir par tout lire…
Merci. Merci d’avoir écrit tous ces mots, ils sont beaux.