Passe décisive

26 mai 2024 à 19:18

Je m’étonne toujours secrètement de n’avoir jamais vu de série produite dans un pays arabe qui parle de football : le ballon rond n’y est-il pas populaire ? Asie, ça s’est vu. Europe, pas de problème. Amérique du Sud, le comble du choix. Même les USA en ont eu !!! Mais monde arabe… rien ? En tout cas rien que je ne puisse trouver.
Ce mois-ci, la plateforme Shahid m’a rassurée, en lançant Forsan Graih, une dramédie se déroulant dans un club de foot en bien mauvaise santé.

Graih (qui semble être un endroit fictif ? ou alors je suis vraiment nulle) est un petit trou perdu, avec une équipe de foot à l’avenant. Le manager, Abu Othman, est aux abois après une énième défaite : trois buts encaissés face à une équipe à laquelle il manquait un joueur ! Le voilà donc qui tente à tout prix de sauver les meubles. Pour cela, il va avoir besoin d’aide…

La première chose à savoir dudit Abu Othman, c’est que c’est un connard. Il a une très haute idée de lui-même (en partie parce que son chauffeur et homme de main Hamdan est un yes man pur jus… et pour cause, il ne parle pas, il ne fait qu’aquiscer !), nourrit de grandes ambitions pour le club, et cultive une propension certaine à piocher dans les caisses. Une combinaison qui n’augure de rien de bon. Mais lorsque l’équipe de Graih perd une fois de plus un match de façon lamentable, son ego est piqué, et il décide de s’investir dans l’amélioration du club.
Problème : ce n’est pas lui qui contrôle les cordons de la bourse, mais son oncle, l’entrepreneur Fahd Al Ajizi, qui commence un peu à en avoir ras-le-bol que l’équipe lui coûte aussi cher, sans aucun résultat derrière. Il semble aussi suspecter qu’il y ait anguille sous roche dans le comportement de Abu Othman lui-même… L’oncle Fahd propose donc de lui donner un chèque de 4 millions de riyals (un peu moins d’un million d’euros), une somme plutôt confortable, pour remettre de l’ordre dans le club. Vous imaginez bien que pour Abu Othman, c’est une aubaine !
…Bon, il y a quand même une condition. L’oncle Fahd veut qu’une personne de son choix soit présente au club, et lui envoie un rapport quotidien sur les actions entreprises. Et, ça va de soi, sur chaque ligne de dépense.

Maintenant qu’il se sait surveillé, Abu Othman doit donc se débrouiller pour à la fois redresser le club de foot de Graih, et quand même essayer de ne pas trop dépenser, histoire de s’en garder un peu de côté.
Alors, pour remplacer son entraîneur brésilien qui n’a absolument rien amélioré (et pour cause, c’est juste un Saoudien qui a aussi un passeport brésilien, mais il n’est pas coach de profession !), il se rapproche de Shafi, un ancien joueur du club. Il y a plusieurs années, Shafi était la star de Graih, mais pendant un match, il a glissé au mauvais moment et raté un but essentiel pour son équipe ; devenu la risée des supporters et rendu fou de rage par l’humiliation qui s’en est suivie, il a arrêté le foot. Désormais, il tient un food truck de pois cassés, qui d’ailleurs n’a pas franchement de clientèle, et passe ses journées à rêver nostalgiquement à sa gloire passée. Toutefois, cette nostalgie se double aussi de ressentiment, et il faudra le convaincre de revenir travailler pour le club, au nom d’une gloire passée que l’obséquieux Abu Othman n’hésite pas à exagérer.
Pendant que Shafi est convaincu, à grand renfort d’excuses et bien-sûr de promesses salariales, de revenir au club Graih, l’oncle Fahd engage comme convenu quelqu’un pour veiller sur ses affaires : Lina, une femme qui a déjà travaillé pour lui dans le cadre de la remise à flots d’une autre de ses compagnies, mais qui n’y connaît rien au foot.

L’épisode initial de Forsan Graih se traine un peu, mais son humour pince sans rire passe plutôt bien. Abu Othman y est résolument notre point d’ancrage dans l’intrigue, mais avec suffisamment de recul et, d’ailleurs, de nuance : il est peut-être fondamentalement malhonnête, mais une part de lui ressent vraiment de l’intérêt pour le club, et voudrait le voir gagner. Shafi pourrait sembler être un personnage plus positif, qui est là pour l’amour du sport ; or il se présente surtout comme un grand colérique (il va menacer de frapper plusieurs personnes au cours de cet épisode… y compris les trois supporters qu’il considère comme les plus irrespectueux), amer, et prêt à tout pour un peu de gloire. Rien qu’avec ces deux personnages au centre de la série, Forsan Graih promet de n’être, mais alors, vraiment pas du Ted Lasso optimiste. Pour le moment je ne sais pas trop qu’attendre de Lina, un personnage à peine vu dans deux scènes ; c’est vraisemblablement le salaire qui l’a convaincue d’accepter l’offre de l’oncle Fahd, donc il est possible qu’il y ait une part de cupidité dans sa démarche aussi ; toutefois, elle semble plutôt être révulsée à l’idée d’aller s’enterrer dans un trou perdu minable. Les épisodes suivants (si je mets la main dessus) clarifieront éventuellement quel genre de protagoniste elle est. D’ailleurs, je me demande dans quelle mesure le fait qu’elle soit une femme va peser dans les réactions de l’équipe… surtout c’est aussi la seule femme du club, et par extension de l’épisode. Enfin, oui, si : on voit brièvement l’ex-femme d’Abu Othman, mais ça va si vite que je ne suis même pas convaincue qu’elle réapparaisse dans des épisodes ultérieurs.

Même si ce n’est pas un coup de coeur pour moi, Forsan Graih est donc amusante, et surtout j’aime son côté cynique. Par contre j’ai une question probablement idiote, mais… le terrain de foot, il est en moquette ?!


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1 commentaire

  1. LeRoiMiracle dit :

    c’est vrai qu’il a l’air en moquette, ce terrain de foot
    (rien que pour l’histoire du food truck de pois cassé, je suis intrigué)

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