Comme quoi, un résumé, ça fait parfois toute la différence. A propos de la dernière série turque en date de Netflix, Kimler Geldi Kimler Geçti (ou Thank You, Next de son titre international un peu raccoleur), j’avais remarqué celui d’IMDb, parce que je ne suis pas abonnée à Netflix donc par défaut c’est le site où je finis généralement par me retrouver à un moment où à un autre de ma journée. Et de Kimler Geldi Kimler Geçti, voici ce que dit IMDb :
Fort bien. Je me suis donc lancée dans le visionnage du premier épisode en partant du principe qu’il s’agissait d’une sorte de legal drama, sûrement avec des intrigues personnelles et peut-être éventuellement romantiques en second plan. Qu’on soit claires, pour moi qui ai tendance à regarder un peu tout ce qui passe (dans la mesure du possible en tout cas, et certes à l’exception des séries policières), de toute façon il était plus ou moins acquis que je testerais la série à un moment ou à une autre, c’était juste une question de la regarder au bon moment. Chercher l’adéquation entre le genre de série qu’elle semble être et mon humeur, en somme.
Sauf que si j’avais regardé du côté de Netflix dés le départ, j’aurais réalisé que son résumé donnait un aperçu bien différent de ce dans quoi je m’aventurais :
…Ah oui tout de suite c’est pas la même. Et effectivement, ayant fini à présent le premier épisode de cette série lancée cette semaine, je vous confirme que Kimler Geldi Kimler Geçti est à 712% une romcom.
Que ça vous serve d’avertissement : je vais parler romcom. On sait toutes à quoi ressemblent mes reviews sur les romcoms !
Leyla Taylan est une avocate, certes ; mais elle s’intéresse à son job encore moins qu’Ally McBeal ! Il faut dire que lorsque commence Kimler Geldi Kimler Geçti (qui apparemment se traduit grosso-modo par « ça va et ça vient », amies turcophones, corrigez-moi !), Leyla vient de rompre avec son petit ami Ömer après que celui-ci l’ait trompée.
Enfin, lui, il prétend qu’il ne l’a pas trompée, et qu’il a simplement couché avec quelqu’un d’autre pendant que leur couple faisait une pause. Really ?! La défense Ross Geller, en 2024 ? Trente années d’articles et de takes pétées sur le fameux « we were on a break », et on en est toujours là ? Aucune excuse, Ömer. Aucune. Et pourtant ce saligaud va quand même tenter de se rabibocher avec Leyla une semaine après leur rupture, en grande partie parce qu’elle lui manque, mais aussi un peu pour n’avoir pas à déménager ses affaires. Il lui fera une crise de jalousie plus tard dans l’épisode, aussi. Parfaitement, le gars qui a couché avec une autre en voudra à Leyla pour avoir osé tourner la page. Fabuleux ce Ömer, il n’en loupe pas une.
Comme la séparation date seulement de la semaine dernière, forcément Leyla est un peu à vif ; c’est la raison pour laquelle, vendredi dernier, elle et ses potes sont parties pour un weekend de débauche, histoire de se changer les idées à Çeşme.
Et côté débauche, Leyla n’a pas chômé : elle a rencontré un charmant jeune homme avec lequel elle s’est trémoussée bien comme il faut ; il s’appelle Feyyaz, mais elle le surnomme Şeyyaz. S’il y a un jeu de mots là-dessous, les sous-titres sont bien incapables de s’en faire correctement l’écho, mais ne me relancez pas sur les sous-titres de Netflix. A son retour à Istanbul, elle va donc au travail encore grisée par cette rencontre, ainsi que par l’alcool imbibé pendant son weekend. C’est alors que son patron, qui est également son oncle, lui confie un nouveau dossier : un divorce entre Tuba Tepelioğlu, une riche jeune femme, et son futur-ex-mari, le riche entrepreneur Cem Murathan. Qui l’air de rien en est à son troisième divorce, lui.
Sauf qu’évidemment, Leyla n’a pas trop l’esprit à un divorce, happée qu’elle est par sa romance naissante avec Şeyyaz, à qui elle a laissé son numéro de téléphone et qui la recontacte dans les jours suivants…
Tout n’est pas à jeter dans Kimler Geldi Kimler Geçti. Pour commencer, j’aime bien la dynamique avec la bande de potes de Leyla. Leyla elle-même, je ne sais pas si je l’aime bien, mais quelqu’un qui sait s’entourer comme ça ne peut pas être foncièrement mauvaise, je suppose.
En fait, ce groupe est sûrement ce que j’ai le plus apprécié au cours de cet épisode inaugural. La série ne donne pas vraiment d’intrigues individuelles à son entourage (ou en tout cas pas au stade du premier épisode), et Leyla elle-même semble systématiquement oublier de leur demander ne serait-ce que comment elles vont ; mais on se retrouve avec des scènes collectives très réjouissantes, surtout que toute la bande travaille dans le même cabinet juridique que Leyla. Ah ça je vous garantis que des réunions comme ça, vous n’en avez pas tous les jours à votre boulot. Certaines des amies ont des circonstances un peu différentes (il y a un couple, Esra et Murat, qui attendent un enfant ; Funda est la copine toujours joyeuse ; Sarp est le mec qui se croit plus cool que tout le monde), mais la série n’est pas trop intéressée par ce qui fait d’elles des personnes, et elles sont surtout là pour réagir à ce qui arrive à Leyla. C’est tellement assumé que je trouve le choix parfaitement acceptable dans le choix présent.
D’ailleurs, tonton est un patron bien relax, parce qu’à part faire une remarquer sur le risque d’incendie quand tout le monde revient de weekend encore saoûl au dernier degré, ce joyeux chaos ne lui pose pas du tout de problème ! T’empestes encore la tequila à 8h le lundi matin ? Pas de souci, tiens au fait voilà notre dernier dossier en date le plus lucratif possible, va visiter la cliente dans sa villa dans les fringues que tu portais dans l’avion, bisou.
Malgré cela, Kimler Geldi Kimler Geçti n’est pas aussi légère que j’ai l’air de l’insinuer.
Cela tient en grande partie au cadre narratif de ce premier épisode, qui nous montre ce qui ressemble à un fast forward dans lequel Leyla est sur le point de se marier (et on peut présumer avec qui à mesure que l’épisode progresse, en reconnaissant certains décors…), mais qu’elle ne fait montre d’aucun enthousiasme pour ces noces, et semble même avoir envisagé de s’échapper le jour de la cérémonie. Comment en est-elle arrivée là ? De qui est-elle réellement amoureuse ? Avec lequel de ses trois prétendants fera-t-elle sa vie ? Kimler Geldi Kimler Geçti ne veut pas nous river à notre siège avec le suspense, clairement, sinon elle prendrait plus de précautions. Mais sa façon un peu désabusée de poser une ambiance pas si amusée que ça quant à la (supposée) conclusion des tribulations amoureuses de son héroïne est, à défaut d’autre chose, un angle plutôt intéressant. Surtout avec ce soundtrack jazzy qui ajoute une touche mélancolique à notre affaire, laissant imaginer qu’il se trame quelque chose de quasiment tragique derrière tout cela. Pas facile d’être une avocate célibataire.
…Ou du moins je veux bien prétendre , même si je me doute qu’un happy ending est quand même prévu pour Leyla. C’est ça mon problème avec la romcom, en fait (bon d’accord : un de mes problèmes). J’ai toujours l’impression de savoir comment ça se finit. Et cette fin ne m’intéresse en aucune façon. Au moins, Kimler Geldi Kimler Geçti joue le jeu, et cherche à nous divertir plus ou moins honnêtement. Ce n’est pas exagérément joyeux ou suranné, ya une bonne ambiance, et euh, bon, je suis un peu à court d’arguments. Aidez-moi un peu, vous, aussi. Vous savez bien que je suis pas dans mon élément là…
En tout cas, j’espère que mon résumé aura, à défaut d’autre chose, réussi à vous faire une idée de ce à quoi ressemble réellement la série !