The evolution theory

6 avril 2024 à 16:11

Vous pouvez imaginer mon excitation à découvrir qu’une série du nom de Dinosaur venait de démarrer. Quelle incroyable idée ! Quelle joie ! Quelle anticipation ! Personne ne pouvait avoir plus hâte que moi de découvrir à quoi elle ressemblait.
…Et ensuite j’ai réalisé qu’il s’agissait d’une comédie écossaise sur des humaines. Bon.

Tout n’est pas perdu : Dinosaur suit Nina, qui travaille au service paléontologie du Natural History Museum de Glasgow. L’intrigue démarre lorsque sa soeur Evie, avec laquelle elle vit et partage de façon fusionnelle à quasiment chaque moment de son existence, lui apprend au retour d’un weekend à Londres qu’elle est fiancée à un type rencontré à peine six semaines plus tôt, Ranesh. Or, s’il y a quelque chose à savoir sur Nina, c’est bien qu’elle est allergique au changement, et celui-ci n’est vraiment pas des moindres.

Mais les dinosaures évoluent. Ou plutôt, notre compréhension des dinosaures évolue. A une époque ont pensait qu’ils étaient tous couverts de peau écailleuse, et aujourd’hui, on sait que de nombreuses espèces portaient en effet des plumes sous une forme ou une autre. Tout est une question d’accepter de nouvelles informations, et de s’y adapter. Tout l’objet de Dinosaur est précisément celui-là : accompagner Nina face au changement, pour observer quand et comment elle s’y adapte.
Le plus surprenant dans ce premier épisode est précisément que cette acclimatation ne se fait pas seulement sous la contrainte. Dinosaur présente une protagoniste qui certes est plus à l’aise avec la routine et le familier, mais qui est parfaitement équipée de l’intelligence à la fois cérébrale et émotionnelle pour intégrer la nécessité du changement, et prendre les mesures nécessaire si elle le choisit. C’est d’autant plus intéressant dans le cas du portrait de Nina que celle-ci est explicitement présentée et revendiquée comme une personne autiste, et que cela casse donc largement le stéréotype.
Certes, elle a une zone de confort. Mais elle n’est pas incapable d’en sortir. C’est juste que cela lui coûte plus qu’à d’autres.

Ainsi, si le premier réflexe de Nina est d’être atterrée face aux changements induits par les noces imminentes de sa soeur (et une partie de leur implication en matière de codes sociaux, genre le fait que le mariage d’Evie soit une cause de célébration mais pas ses 3 diplômes), elle fait la rencontre vers la moitié de l’épisode de Lee, qui tient le coffee truck stationné devant le musée, et qui lui fait remarquer quelques petites choses importantes. Certes, six semaines, c’est court… mais elle n’a jamais rencontré Ranesh, alors comment est-elle si sûre que ce mariage soit une mauvaise idée ? Il ne faudra pas autant d’argumentation que prévu pour que Nina accepte la pertinence de cette remarque, et propose à Evie de rencontrer Ranesh au dîner (sous conditions, bien-sûr). Beaucoup d’autres passages de ce premier épisode sont à l’avenant, et montrent que Dinosaur ne veut pas forcer la main à son héroïne, mais plutôt l’accompagner. Que ce soit face à une démonstration convaincante, par colère, ou parce qu’elle refuse de se laisser abattre par l’adversité, Nina se montre à de nombreuses reprises parfaitement capable d’accepter le changement. Il reste vrai que c’est plus facile quand le changement en question est mineur et/ou qu’elle dispose d’outils pour se prémunir de certains effets négatifs. Il n’en est pas moins évident que l’évolution est possible, et que cela confère à Dinosaur les airs d’une comédie bienveillante plutôt qu’humiliante.

Et puis, outre Nina qui est vraiment une protagoniste passionnante, Dinosaur possède aussi une galerie de personnages secondaires attachants, et le masculin est ici volontaire. Les meilleurs conseillers de Nina sont en effet trois hommes de sa vie : son frère Bo, qui la connaît par coeur bien que n’ayant pas une relation aussi intense qu’Evie ; son collègue plus âgé Declan, dont la complicité repose sur un mode de pensée similaire mais sur lequel il a plus d’expérience ; et, nouvellement, donc, le fameux Lee, qu’elle rencontre dans le premier épisode et qui déjà arrive à élargir ses horizons (bon, pas au point qu’elle mange une biscotte, quand même !). Ces différentes interactions démontrent bien que si l’héroïne n’est pas intéressée (…pour le moment ?) par les relations romantiques, elle n’est pas aussi co-dépendante qu’elle le croît de sa soeur. Voilà qui laisse bon espoir pour la suite de sa vie une fois Evie mariée.
Alors bien-sûr, ce n’est que le premier épisode et rien n’est simple. Pour Nina, jusque là, les choses étaient confortables : rester à l’intérieur des frontières proprement tracées du monde connu, c’est un choix qu’on n’a à faire qu’une seule fois. Or, on ne peut pas s’adapter au changement une fois pour toutes, car les choses continuent d’évoluer. C’est le propre du changement ! D’autres obstacles attendent Nina, à n’en pas douter. Et il faudra donc bien continuer à se mettre à jour, avec tous les défis que cela représente.
Mais on a beau aimer les dinosaures, rien ne nous oblige à en être un.


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