Après un mois de pause, c’est le retour ! En dépit d’un copieux article hier, souffrez que je vous parle de 5 séries supplémentaires dans des mini-reviews parfaites pour un nouveau volet de Take Five ! Et bien-sûr, dans la version améliorée de cette année, il y a quelques extras…
Bag enhver mand (2023)
Drama
Je vois que certains sites parlent de dramédie, mais personnellement, je ne vois pas en quoi. A moins de considérer que le format d’une demi-heure ajoute de facto de l’humour et de la légèreté à la série, euh, non, désolée.
Bag enhver mand se déroule dans les cuisines du Værk, un petit restaurant avec un grand standing, dirigé par Michael Ravnshøj. Ce chef ombrageux, prompt aux cris et aux insultes, se voit imposé quasiment du jour au lendemain une nouvelle sous-cheffe, Naja Rasmussen, qui est bien évidemment tout son contraire. La mise en place de Bag enhver mand met l’accent sur l’ambiance au sein du Værk, pleine d’hostilité, de ressentiment, et de cachotteries (oui, d’ailleurs, qui Naja remplace-t-elle, et pourquoi ? en voilà une bonne question que je ne m’étais pas posée assez vite). Michael est l’un de ces chefs insupportables ; il est convaincu de sa propre excellence autant que de la médiocrité des autres, il est raciste, vraisemblablement sexiste… Il est également fâché avec la notion de plat végétarien (inexcusable pour un chef au 21e siècle, quand même). Bref il a tout pour plaire et c’est bien la raison pour laquelle la gérante du restaurant, Vibeke, lui impose quelqu’un comme Naja. Laquelle passe tout le premier épisode à se faire houspiller et/ou moquer par son supérieur… A part la plaindre, cependant, on n’a pas trop le temps de s’intéresser à qui elle est ou ce qu’elle veut, tant sa présentation aux spectatrices est dénuée d’aspérité (et son charabia sur le branding d’un restaurant ne joue pas tellement en sa faveur). Est-on supposée espérer que, en dépit de sa propre santé mentale (et potentiellement de l’équilibre de son couple, vu que le partenaire de Naja semble avoir des espoirs de paternité), elle change magiquement le caractère de Michael ? Elle est sous-chef, pas psy…
Bon, j’ai un peu du mal à m’attacher à Bag enhver mand, pour être sincère ; ses enjeux paraissent un peu simplistes, et la comparaison avec d’autres séries s’étant attelées à la toxicité des grandes cuisines (la délicieuse Replacing Chef Chico en tête, bien plus recommandable) n’aide pas beaucoup. Sûrement qu’une demi-heure, c’est trop peu pour apprécier ce que la série ambitionne réellement de faire.
Big Girls Don’t Cry (2024)
Teen drama
Ludo, Pluggy, Noor, Roohi et JC comptent parmi les centaines de jeunes filles inscrites à la Vandana Valley Girls School, un internat plutôt sélectif, mais traditionnel. Ici, pas de téléphones (pas de technologie !), pas de garçons, et pas de liberté… mais des amies pour la vie. Et quand on a une bande comme celle-là, tout semble possible malgré les interdits conservateurs.
Big Girls Don’t Cry n’a aucun droit d’être la chronique adolescente pleine de vie et de charme qu’elle est ; ce qu’elle fait ne peut en aucun cas être légal. Fascinée par les personnalités et les parcours de ses jeunes héroïnes, la série les suit dans leurs bêtises, leur messes basses, mais surtout dans la construction des adultes qu’elles seront demain, lorsque les règles strictes du pensionnat seront levées. Chacune avec sa personnalité, son histoire, ses envies, se construit à l’ombre d’une amitié solide. C’est une belle série initiatique, créée par une équipe féminine et portée par l’interprétation solide d’un cast presque totalement féminin et vraiment talentueux (même si j’avoue que j’ai trouvé l’interprète de Pluggy absolument phénoménale), avec des histoires sur l’adolescence qu’on ne racontait pas jusque récemment aux et sur les jeunes filles indiennes. Je veux pas spoiler, alors je vais juste vous dire d’y jeter un oeil, ce qui devrait se révéler plus facile que la moyenne considérant que Big Girls Don’t Cry est une des nombreuses séries indiennes d’Amazon Prime Video.
Ewusu (2024)
Drama
La psychologie, un « truc de blanc » ? C’est le cliché que s’efforce de combattre Soye, dont c’est la profession… et à travers elle, cette série de Canal+ Afrique lancée en mars. Le problème c’est que le cliché est à deux tranchants : quand ses techniques marchent, alors on préfère expliquer cela par la sorcellerie. Dans les deux cas, c’est difficile de faire adhérer les gens à ce qu’elle fait… Ne se décourageant pas pour si peu, Soye a tout de même ouvert un cabinet flambant neuf, et attend de donner sa première consultation ; à un moment ou à un autre, une patiente finira bien par pousser la porte.
Et c’est ce qui se produit dans ce premier épisode, même si c’est un peu par hasard. Une jeune étudiante, poursuivie par plusieurs de ses camarades, se réfugie, paniquée, auprès de Soye. Maria a poussé la porte sans vraiment savoir où elle entrait, juste pour demander de l’aide : cinq autres élèves l’accusent de les voler depuis qu’elle est arrivée à l’internat. Pourtant, la jeune femme jure être innocente. Bon, tenter une hypnose n’est pas exactement le meilleur moyen de prouver que Soye ne pratique pas le maraboutisme. Mais elle parvient tout de même, en se penchant sur le cas de Maria, à prouver aux autres élèves que la jeune femme n’y est pour rien, la suspectant de faire du somnambulisme, ce qui révèle potentiellement un dédoublement de la personnalité…
L’intrigue de ce premier épisode me laissait un peu circonspecte, mais le fait qu’elle ne trouve pas une conclusion en moins d’une demi-heure (Maria a pour mission de revenir au cabinet pour d’autres sessions lorsqu’elle se sentira prête) aide. Il faudra donc aller par-delà le premier épisode pour voir si Ewusu parvient à prouver ce qu’elle prétend. En tout cas, les clichés ont la vie dure… Dans le même temps, Soye se débat aussi avec une famille envahissante (sa mère tient un restaurant où elle la force à aider, et surtout à écouter ses conseils) et un mariage compliqué (avec notamment des problèmes de fertilité que son mari ne veut pas trop affronter). Comme beaucoup de psys, Soye est la première à avoir besoin d’une oreille compatissante !
Helgoland 513 (2024)
Drama, Science-fiction
Je sais qu’on a déjà pas mal parlé de télévision allemande ce mois-ci (Series Mania ne manquait pas de séries de notre voisine), mais Helgoland 513 est intéressante justement parce qu’à mon sens, elle aurait trouvé sa place au sein de la sélection. Mais n’y était pas. La série d’anticipation se penche en effet sur une petite communauté vivant en autarcie sur une île minuscule, vivant dans un univers post-apocalyptique : les habitantes de l’île représentent le dernier espoir de l’humanité. Et leurs ressources sont limitées… si bien que la population est volontairement maintenue à 513 personnes, nombre au-delà duquel la communauté n’a plus assez de ressources à partager. Ainsi, lorsqu’un nouvel enfant paraît, quelqu’un doit se porter volontaire (généralement une personne âgée et/ou malade), ou bien doit être choisi pour se sacrifier à sa place. Le système est en place depuis un certain temps, mais lorsque commence Helgoland 513, il prend un sens nouveau : une femme accouche de jumelles, ce qui n’était pas prévu. Si bien que pour maintenir l’équilibre de l’île, ce n’est pas une personne qui doit décéder, mais deux. Se pose alors la question de savoir qui, parmi les citoyennes de la communauté, est utile et productive… et qui ne l’est pas et doit donc se jeter de la plus haute falaise de l’île.
Ah, tout d’un coup l’euthanasie c’est moins cool, hein ? Ouais, et c’est clairement le propos que j’avais besoin d’entendre après Truelove et dans une moindre mesure Bouchon. Difficile de camoufler le malaise que suscite le calcul soi-disant raisonné qui préside aux décisions. Car oui : un algorithme permet de classer les personnes les moins utiles à la société, et les 3 qui forment le plus bas du classement sont ensuite soumises au vote de la communauté. Suite à la naissance des jumelles, se trouvent donc dans cette situation peu enviable Etienne, un homme qui a volé des médicaments rationnés pour son épouse malade, Elise, une femme âgée dont le potager ne nourrit plus grand’monde, et Christian, un jeune militien qui a eu un accident de voiture détruisant l’un des rares véhicules de l’île. De toute façon c’est soit l’une d’entre elles… soit le bébé « de trop », donc il faudra choisir.
Helgoland 513 met en place les tenants et les aboutissants de son intrigue, ses personnages et leurs dynamiques, quelques secrets enfouis, la réalité du « dehors » loin de l’île (si COVID vous donne de l’anxiété, évitez peut-être le visionnage)… tout en introduisant dans une moindre mesure l’idée de crédit social. L’algorithme qui détermine le bas du classement est en effet influencé par un système à points qui, lui, est plus arbitraire qu’il n’y paraît (on verra la maire distribuer des points suite à un incident, de façon totalement unilattérale). Le sujet de Helgoland 513 est bien-sûr glaçant, ainsi que son traitement. Mais plusieurs intrigues introduites dans ce premier épisode viennent se superposer à cela encore… Le résultat représente un peu moins d’une heure de questions inconfortables. Bref, tout ce que j’aime en matière de télévision.
Palm Royale (2024)
Dramédie, Historique
Je ne m’attendais pas à grand’chose de la part de Palm Royale, en grande partie parce que je crois que, dans le fond, je ne prends jamais les projets de Kristen Wiig au sérieux. Dés qu’elle est à l’affiche de quelque chose, je sais qu’au mieux je serai gentillement amusée ; le type d’humour dont se délecte l’actrice n’est pas nécessairement ma tasse de thé. Palm Royale est un peu mieux que la moyenne de ses rôles ; mais la série repose, une fois de plus, sur un personnage embarrassant, le genre que je n’affectionne pas particulièrement de trouver sur mon écran. Maxine Simmons s’est mise en tête de se faire une place parmi le gratin de Palm Beach, dans la Floride de 1969, où dés ce premier épisode elle manigance avec toute la subtilité non-subtile dont les protagonistes incarnées par Wiig sont généralement capables. Tout le monde voit dans son petit jeu sans problème, grinçant des dents devant l’inélégance avec laquelle elle essaie de mettre son pied dans la porte, et pourtant, dans le même temps, cela marche. Parce qu’elle est l’héroïne, sûrement. L’intrigue arriviste de Palm Royale n’est pas des plus originales, et elle a, en outre, l’immense tort d’éclipser plusieurs figures d’une distribution pourtant aux petits oignons (mais dont on peut espérer que les épisodes ultérieurs tireront meilleur avantage). Si vous êtes prompte à l’overdose de Kristen Wiig, inutile de préciser que vous prenez des risques avec cette série.
Je crois que ce qui m’ennuie le plus est la façon dont ce premier épisode, introduit ses figures et son propos féministes. Entre le personnage de Laura Dern qui se fait fermer le clapet et le premier épisode qui traite en partie d’avortement (je répète : la série se produit en Floride), il y a un tel sentiment de banalité… En l’an de grâce 2024, n’y avait-il pas quelque chose à dire que de parler en trois petites répliques des réseaux souterrains permettant aux femmes (…et auxquelles) d’accéder à ce moyen de contraception ? Palm Royale est-elle si obnubilée par sa légèreté colorée (enfin, pas trop côté cast) qu’elle ne parvient pas à extirper un discours de tout cela ? Alors on peut espérer que la suite de l’intrigue soit un peu plus élaborée, ou décider que ce n’est pas l’objet de Palm Royale. Mais, une fois de plus, je me dois d’insister : scénaristes, si vous n’avez rien à dire sur quelque chose, vous pouvez aussi… ne pas l’aborder.
On en parlait dans la rétrospective de Series Mania juste hier (et d’ailleurs vous y trouverez une review du premier épisode), mais je voulais revenir sur le poster de La Mesías parce que, punaise, des comme ça, on n’en voit pas tous les jours.
Pour une série dont la tagline est « tu honoreras ta mère », on peut difficilement rêver mieux ! Tout y est.
Les dessins d’enfants se superposant aux visages de la mère des deux protagonistes centrales sont saisissants, et la composition religieuse termine d’achever un tableau inoubliable, et unique. Et puis ces chants/cris… Impossible de résister à tout ce qui se dégage de ce visuel en apparence pourtant simple.
C’est sûrement un peu une référence obscure pour quiconque n’a pas regardé la série pendant qu’elle était mise à disposition par Series Mania Plus (je m’en excuse), et il faut donc espérer que la série des Javis nous parvienne dans sa totalité à un moment.
Je suis la première à avouer que je n’ai pas été très active en ce début d’année. L’impression que rien que je puisse dire n’intéresse qui que ce soit, hélas, persiste ; sûrement sans que ce soit la faute de personne.
Mais du coup c’est vrai que peu d’articles se prêtaient à peu de commentaires, et comme les gens éprouvent souvent de la réticence à ne commenter des articles anciens (rapport à ce dont on parlait dans le premier Take Five de l’année), forcément, tout devient obsolète très vite. Alors ça donne l’impression, parfois, que ce que j’écris n’intéresse que moi. Et si ça n’intéresse que moi eh bah, je sais déjà ce que je pense, donc à quoi bon écrire. Ce qui fait que je tourne en rond et qu’on se retrouve avec peu d’articles, dont peu de commentaires.
Vous voyez le genre.
Soyez sûre toutefois que je lis les rares commentaires qui apparaissent, et notamment le très long commentaire de Kiddo ici. Comme mon intention est plus particulièrement de répondre à un passage dans le Take Five du jour, je me suis permis de relever surtout un extrait :
Je ne pourrais être plus d’accord. On n’a pas toutes besoin de parler sempiternellement des mêmes séries. D’autres le font, et parfois même très bien.
C’est même assez paradoxal ce qui s’est passé depuis environ une décennie : on a eu la fameuse ère « Peak TV » (dont on revient), un accès inégalé à la télévision du monde entier, la possibilité de choisir ce que l’on regarde plus que jamais… et dans le même temps, c’est devenu, me semble-t-il, encore plus difficile d’échapper aux injonctions. Entre les plateformes qui jouent sur une notion d’urgence artificielle et erronnée pour donner l’illusion de séries « évènement » (qui en fait sont plutôt des séries dont l’éphémérité s’est accrue), le journalisme série qui a un besoin infernal de clics pour survivre et donc s’autorise très peu la prise de risque, et une culture de la liste (« 10 séries qu’il faudra regarder en 2024 », « les 5 séries qu’il fallait voir en février », « 15 séries comme Succession si vous avez fini Succession mais que vous voulez plus de Succession avons-nous mentionné Succession ? »)… C’est comme si sortir des sentiers battus demandait plus d’effort, alors que techniquement toutes les conditions sont réunies.
Pendant ce temps-là, il y a des perles auxquelles tout le monde ou presque a accès, mais que le public ne cherche à voir. En grande partie parce que ces séries sont mal promues par leur diffuseur/plateforme, mais aussi parce qu’il est rare d’en entendre parler de façon mainstream. Donc oui, effectivement, c’est bon qu’il y ait quelqu’un pour en parler (encore faut-il que les gens savent où trouver cette personne, ce qui est encore un autre débat). Ces séries ont besoin de la promotion qu’on peut leur donner, à notre échelle.
Et en même temps, oui, avoir l’impression de « pousser » pour des petites séries, ou des genres/sujets mal aimés, c’est épuisant. Souvent je me demande à quoi ça rime de m’échiner comme ça. Est-ce utile de mentionner une série dont j’espère vraiment qu’elle touchera une personne, même pas sept cent douze personnes, juste une, qui aura failli passer à côté alors qu’elle l’aurait sans doute ravie ? C’est parfois dur de garder la foi. C’est même, en ce moment, assez dur de déterminer si cette foi a une raison d’être ; après tout, moi je mange pas mieux demain soir parce que quelqu’un a regardé Rencana Besar. Ce serait sûrement plus simple si je me prenais de passion pour House of the Dragon ou chais pas quoi. C’est chiant, parfois, d’être passionnée par ce qui nous passionne…
Et en même temps, on est d’accord que je ne sais pas faire autrement !!!
…Voilà, c’est vraiment tout ce que j’avais en tête pour mars. Maintenant, je vous laisse la parole : qu’avez-vous pendant le mois écoulé ? Et, allez, si vous me parlez aussi de février, ce ne sera absolument pas retenu contre vous.
Ohhhh, Helgoland 513 semble géniale, et Big Girls m’intrigue… Oh, et j’ai réussi à voir Rencana Besar grâce à une bonne âme, et elle était très bonne, ça fait du bien d’avoir des séries révoltées et de découvrir un pays que je ne connais pratiquement pas!
Dés que je peux de nouveau aller sur prime, je regarderai Big Girls Don’t Cry ! Ewusu m’intéresse aussi (l’affiche très fan), je note 🙂
Tous les trios où se reflètent les dessins et les hurlements, c’est puissant comme poster o_o
Merci de m’avoir répondu malgré la longueur du commentaire, tu as très bien expliqué ce sentiment, cette situation..
(Rencana Besar, qu’est ce que je suis contente de l’avoir vue hihi).
En mars, j’ai apprécié particulièrement le gl yorudora she loves to cook and she loves to eat saison 2, le gl thaïlandais making memorable memories, le drama coréen pyramid game (2e drama coréen fini en ce début d’année et encore des saphiques), ainsi que Kiss x Kiss x Kiss: Love ii Shower (que des baisers et parfois un peu beaucoup trop de tromperies mais j’ai passé un super moment 😂).