Où l’on continue de parler d’ARK: The Animated Series, après un premier épisode plus émouvant qu’attendu. Sans vouloir vous spoiler, ce second opus fait exactement la même chose : démontrer que la série animée a décidé de trouver un équilibre assez fragile entre une accumulation de références au jeu, l’introduction de changements un peu plus surprenants, et un discours qui continue d’explorer le thème de la survie.
C’est avant tout l’angle, ici, qui mérite qu’on s’arrête dessus.
Dans le premier épisode, hors quelques minutes aux côtés du défunt Bob (quel Bob, ce Bob), Helena a dû survivre seule à l’hostilité de l’ARK. Enfin, seule, oui et non : le Parasaur qu’elle a sauvé, « Scary », l’accompagne de façon fidèle, et lui a déjà sauvé la mise à son tour. Mais du côté de l’espèce humaine, l’héroïne n’a vraiment eu personne sur qui compter.
Sauf que, s’enfonçant dans la jungle pour échapper aux hommes de Nerva, et profondément blessée, elle atteint ses limites. C’est là qu’ARK: The Animated Series choisit d’introduire Mei Yin, dont j’aime autant vous prévenir sur le champs qu’elle a toujours été l’une de mes deux autrices d’Explorer Notes préférées, et apparue au dernier moment pour secourir Helena. Celle-ci se montre, légitimement, méfiante… mais force est de constater que Mei Yin (apparemment orthographiée Meiyin par la série, allez savoir pourquoi) est une alliée de valeur.
Incarnée par la voix auguste de Michelle Yeoh, Mei Yin apparaît ici à la fois sous la forme d’une guerrière badass, mais aussi d’une femme plus mature. J’ignore à quel point le casting de l’actrice a influencé les flashbacks de cet épisode, ou le contraire, mais dans tous les cas, cette fois-ci, Helena est ramenée aux souvenirs qu’elle garde de sa mère au 21e siècle, et l’association de ces deux femmes dans le même épisode sert absolument un même propos.
Helena est en effet la fille d’une activiste aborigène, Deborah, qui lutte pour la reconnaissance des Droits aux indigènes australiennes ; enfant, déjà, elle accompagnait sa mère à des manifestations, même si à l’époque elle n’en comprenait pas nécessairement la portée et pouvait être effrayée par les réactions racistes. Considérant qu’ARK: The Animated Series est l’adaptation d’un jeu video étasunien, produite par un studio d’animation également étasunien, je dois dire que voir le sujet abordé m’a un peu surprise ; ce n’est pas tous les jours que ce combat intéresse au-delà de ses frontières, et il n’était pas présent dans les Explorer Notes. Quoi qu’il en soit, ARK: The Animated Series met un point d’honneur à apporter une dimension politique à son intrigue et à son propos ici, en insistant sur le besoin de continuer à sa battre pour sa cause, face à la haine et à l’oppression. Cela ne devrait surprendre personne vu les prises de position à la fois de WildCard et des Explorer Notes d’ARK: Survival Evolved au fil des années, mais il s’en trouvera quand même pour râler, soyez-en sûre.
Deborah apprendra ainsi à Helena les fondements de la survie : « c’est ok d’avoir peur. […] Quand je ne peux pas voler, je cours. Quand je ne peux pas courir, je marche. Quand je ne peux pas marcher, je rampe ». Ne jamais abandonner, avec les moyens du bord. Naturellement, cette leçon ne lui revient pas en tête par hasard, car une fois de plus la jeune femme va être poussée dans ses retranchements.
Ce nouveau conte sur l’instinct et l’impératif de survie est l’occasion de se lancer dans l’exploration d’une des cavernes de The Island. Et au passage, de côtoyer : des Troodons (fidèles à leur réputation !) ; un Sabertooth ; des Arthroplueras (oui, sic) ; un Otter qui a sûrement fait hurler d’indignation plus d’une joueuse devant son écran (en tout cas, moi) ; un Trilobite (quoiqu’un tatouage de Trilobite avait été vu dans le premier épisode) ; une colonie d’Onycs ; des Araneos et la Broodmother ; et enfin un vol d’Archeopteryx pour finir dans la douceur. Sur le moment j’ai cru que c’était des Microcraptors, mais ils ne faisaient pas assez chier pour ça. Plutôt pas mal.
Visuellement, ARK: The Animated Series confirme aussi qu’elle est, si vous me pardonnez le jargon technique, putain trop belle sa mère. Je n’en ai pas trop parlé pour le premier épisode, mais il y a vraiment de chouettes plans, sans chercher à faire dans le contemplatif. En outre, la cave de l’obélisque verte, où Mei Yin conduit Helena, est absolument magnifique, forte de couleurs iridescentes et fluorescentes, et, au passage, parfaitement reconnaissable. C’est fou comme dans cette série, sans identifier parfaitement les endroits en cherchant à répliquer les lieux du jeu, on finit par tout de même trouver l’essence de certains endroits-clés de The Island dans ARK: Survival Evolved. Même l’arène de boss de la Broodmother est fidèle à l’esprit de l’original, tout en s’adaptant aux particularités et besoins narratifs d’un medium différent. J’ai l’air de tomber de l’armoire, mais la réalité, c’est que, pour une raison qui à présent m’échappe, je soupçonnais un peu ARK: The Animated Series d’être plus paresseuse qu’elle ne l’est ; depuis le premier épisode, je suis contredite, et j’en suis ravie.
Ce nouvel épisode ne fait figurer aucun des antagonistes introduits dans le premier (Nerva et Rockwell sont, bien-sûr, mentionnés, mais la série insiste pour ne surtout pas adopter un point de vue omniscient, et nous voilà donc dépourvues d’informations sur leurs actions suivantes, ou leur réaction face à l’évasion d’Helena). On préfère y insister sur l’amitié naissante entre Helena et Mei Yin. J’espère que j’ai mal compris l’un des plans et que cela restera effectivement une amitié ; j’ai d’autres plans pour Mei Yin et normalement les Explorer Notes aussi.
Cette amitié se fonde au départ sur le fait que Mei Yin pense avoir trouvé quelqu’un avec qui elle a des ennemis communs, mais le respect naît bientôt de leur collaboration. Cette collaboration ne serait pas possible sans qu’Helena prenne conscience de la nécessité de s’endurcir, et d’apprendre à se battre, là où précédemment elle s’indignait et se réfugiait derrière son statut d’intellectuelle.
Ce que ARK: The Animated Series introduit aussi, c’est l’idée que la persistance à survivre ne saurait se faire sans collaboration, un angle très important du propos fondateur du jeu video, et donc capital à retranscrire ici. Le combat de Deborah fait aussi, indirectement, écho à une préoccupation qui apparaît bien après les Explorer Notes de The Island : « Nous devons nous battre, Helena. Si ce n’est pour nous-mêmes, pour la future génération ». Je n’en dis pas plus parce que, encore une fois, spoilers ; mais je me comprends.
Fonctionnellement, l’épisode remplit vraiment bien son office. L’émotion est moins au rendez-vous ; mais l’action continue d’être réussie, l’intrigue progresse, les références au jeu et à son intrigue se poursuivent, et le thème de la survie continue d’être exploré. Point positif à mes yeux mais certainement pas pour ceux qui bien-sûr se sont dépêchés de la blâmer d’être « woke » (because of course they did), la série ne cherche absolument pas à ménager les sensibilités de tout le monde, et s’engage pleinement dans une défense sans concession de groupes minorisés. Quiconque a lu les Explorer Notes sait que c’est parfaitement fidèle à ARK: Survival Evolved, et donc on va continuer de copieusement ignorer leur avis.
A la place, demandons-nous ce que John Dahkeya fait là, à ce moment de l’intrigue…