Des road trips féminins, la télévision mondiale nous en offre de plus en plus. N’ai-je pas reviewé cette année la première saison de Sweet Kaaram Coffee ? Sin huellas, proposée par Amazon Prime Video aussi d’ailleurs, est également de celle-là, comme le souligne efficacement son matériel promotionnel.
La série espagnole suit deux agentes d’entretien qui découvrent, comme c’est le sort de quasiment toutes les personnes exerçant leur profession dans les séries, qu’au lieu de nettoyer une maison elles ont nettoyé une scène de crime. Et comme je n’ai pas trouvé le temps ni de lui donner une review lorsque je l’ai regardée, ni même de l’insérer dans un Take Five, on parle donc de son premier épisode ce soir.
Parce qu’il n’y a pas que le poster : Sin huellas est en effet efficace en diable ! La série s’intéresse à deux femmes marginalisées, Desiré ou Desi (une Romani) et Catalina ou Cata (une immigrée mexicaine), qui vivent en colocation et font des ménages pour un prestataire… qui ferme ses portes dans ce premier épisode. Se retrouvant sur le carreau avec en plus des impayés de loyer, elles prennent comme un signe du Destin l’appel qui est passé à Cata pour les embaucher le lendemain pour une mission exceptionnelle.
Et effectivement, elle va être exceptionnelle ! Mais pas juste parce qu’elle se déroule dans une demeure hors de prix : en passant l’aspirateur sous un lit, Desi y découvre… une femme morte. Et la découverte en question a ses cheveux encore pris dans l’aspirateur, en fait ! Les deux amies paniquent, bien-sûr, mais encore plus lorsqu’il s’avère qu’elles ne sont pas les seules personnes en vie dans la maison, comme elles le pensaient. Elles prennent la fuite, ne remarquant pas que le sac qu’elles ont attrapé pour éviter d’abimer leur nouvel aspirateur flambant neuf… est rempli de billets. Non, ça, elles ne le comprendront qu’après une course-poursuite qui laisse leur voiture abimée et criblée de balles !
Vous aurez compris que le ton de Sin huellas n’est pas exactement des plus sérieux. La situation dans laquelle se retrouvent ses héroïnes est foireuse, et à aucun moment l’épisode introductif ne tente de prétendre le contraire.
Par contre, des choses légèrement plus dramatiques vont venir se greffer sur cette intrigue pour lui conférer des enjeux complémentaires. Par exemple, Desi est visiblement en conflit avec sa mère, et une scène nous montrera que l’animosité entre les deux femmes est mutuellement blessante (c’est souvent comme ça, me direz-vous), mais que malgré cela, la réconciliation semble impossible. A cause de ces tensions, Desi n’est plus la bienvenue aux événements familiaux, et cela signifie que progressivement elle est en train de se faire mettre au ban de sa propre famille, alors qu’elle s’entend encore plutôt bien avec son frère, et qu’elle a de l’affection pour sa nièce. De son côté, Cata est la seule de sa famille à vivre en Espagne : sa fille est restée vivre avec sa grand’mère, au Mexique, et son mari n’est plus dans le tableau. Enfin, bon, en fait, il s’avère que si : dans ce premier épisode, Ubaldo fait une apparition surprise en Espagne, plus précisément sur le pallier de Catalina, et la supplie de reprendre leur histoire d’amour. En bon mec qui ne doute de rien, il a débarqué sans prévenir avec des fleurs et des musiciens, comme si ça pouvait faire oublier les tromperies et les dettes auxquelles Cata fait brièvement allusion.
Bref, rien ne va dans la vie de ces deux femmes, et pourtant le sac rempli d’argent, bien qu’étant clairement une complication supplémentaire… eh bien, pourrait résoudre bien des choses. Qui ne pourrait pas faire bon usage de billets d’argent gratuit ?
A cela encore faut-il ajouter une troisième protagoniste, Irene. Elle n’apparaît que vers la fin de l’épisode, lorsque Desi et Cata tentent de comprendre à qui appartient le sac, vu qu’elles ne savent même pas vraiment qui les a embauchées pour faire un ménage dans la fameuse baraque cossue. En fait, pendant que les deux amies mènent leur investigation comme elles peuvent, Irene mène une véritable enquête, puisqu’elle est inspectrice dans la police. Accessoirement elle est également l’ex de Desi, ce qui ne manquera pas de donner du piment à l’intrigue à venir…
Avec ce premier épisode rythmé et léger, mais n’oubliant pas d’apporter de la substance à ses héroïnes, Sin huellas réussit son pari. C’est le pari d’une série qui n’est pas trop prise de tête, et qui n’est pas à regarder avec trop de sérieux. Mais c’est une série qui a aussi pris des décisions plutôt malignes, notamment en insistant sur la façon dont Desi et Cata représentent des identités qui n’ont quasiment jamais droit de citer à la télévision espagnole (d’ailleurs on peut rajouter Sin huellas à la liste grandissante des séries prenant en compte les communautés du voyages et leur descendantes), même si c’est pour leur donner une intrigue qui n’est pas follement originale, dans le fond.
…Vous comprenez sûrement qu’avec ces ingrédients, j’avais envie de parler de Sin huellas, mais que j’ai eu du mal à lui faire de la place, face à d’autres séries plus notables. Bon, bah du coup, voilà. Cette fois c’est fait.