Every dog has his day

19 novembre 2023 à 17:16

J’aime bien me lancer dans une série en sachant le strict minimum à son sujet. Idéalement, encore moins que ça, même. C’est un exercice hasardeux, maintenant qu’on ne peut plus cracher quelque part sur internet sans que ça tombe sur un résumé : les plateformes vous donnent un résumé avant même que vous n’ayez vu une image de la série, les sites d’information vous donnent un résumé avant même que vous n’ayez vu une image de la série, les réseaux sociaux vous donnent… bon, si ce n’est un résumé en bonne et due forme, au moins une idée de ce dont il s’agit. Regarder un épisode « à l’aveugle », juste pour le plaisir de jouer à la roulette téléphagique, c’est un plaisir de gourmet.
Une fois de temps en temps, j’aime bien ça, pourtant. La perspective de venir, complètement vierge de tout préjugé ou attente, à une série, fait partie des joies de la découverte pour moi.

Fort heureusement, en matière de télévision internationale, les occasions se présentent un peu plus souvent que la moyenne. Comme par exemple devant la comédie Temps de chien, qui vient de démarrer chez nos amies canadiennes francophones. En plus, avec une comédie, je ne risque rien, pas vrai ? Il ne peut pas y avoir de mauvaise surprise, n’est-ce pas ? A aucun moment je ne vais regretter de m’être lancée sans préparation préalable, hein ?
Hein ?

La toute première scène qui ouvre Temps de chien montre le héros de la série, le vétérinaire Meilleur (c’est son nom, je déconne pas) en train de présenter une émission de télé réalité dans laquelle il organise la cérémonie d’adieu parfaite pour un chien qu’il s’apprête à euthanasier.


Après avoir pleuré pendant quelques heures, je suis revenue finir l’épisode inaugural de Temps de chien. Ma philosophie téléphagique est la pire ennemie de ma santé mentale, certains jours.

En réalité, cette émission de télé réalité est un pilote : Antoine Meilleur, l’un des vétérinaires les plus célèbres du pays, a tourné cet épisode qui est en train d’être montré à un panel de test. Les panélistes réagissent comme prévu : le dernier repas du chien, préparé par un grand chef célèbre, est alléchant ; la chanson interprétée par une star est touchante, et le lit sur lequel le chien est piqué est décoré par une entreprise partenaire. Les panélistes sont en larmes, et la productrice d’Antoine se félicite de cette idée d’émission. Le véto, lui, est un peu moins positif. Il y a quelque chose de malaisant dans le concept de l’émission, à propos duquel il a maintenant des doutes. Toutefois, il est un peu tard. A la tête d’un empire commercial initialement érigé autour de sa clinique vétérinaire, et qui inclut maintenant moult produits dérivés, ainsi que prochainement l’ouverture d’un spa pour chiens, Antoine Meilleur a un peu perdu le contrôle depuis un moment, comme le souligne la réunion avec son équipe.
Et s’il n’y avait que ça. Antoine est aussi un peu surmené, et sa femme lui reproche de ne plus passer de temps en famille. La preuve : il a un passage télé dans la matinée qui vient de lui être imposé alors qu’il devait partir, pour une fois, en weekend de 4 jours. Bref, Temps de chien dresse le portrait d’un homme dont la vie va trop bien.

Alors il la fait, cette maudite interview télé dans un matinale pour promouvoir l’ouverture prochaine de son spa canin. Et c’est là que tout va mal : la chienne de l’émission, qu’il était supposé masser comme si elle était au spa, se met à le mordre. Dans la panique, et n’arrivant pas à lui faire lâcher son bras, Antoine Meilleur assène des coups de poing à l’animal en direct à la télévision.
Pas très difficile d’imaginer comment les choses vont à partir de là pour lui. Le premier épisode de Temps de chien, bien-sûr, n’a pas trop le temps (et sûrement pas l’envie) de parler des retombées de cet incident : ce sera l’objet du reste de la série. Cette exposition a pour vocation de montrer ce qu’il a pour mieux le lui faire perdre, et juste ça. Et elle le fait bien.

Bon, la scène initiale m’avait bien éteint le moral, donc j’étais pas trop d’humeur à rigoler après ça. Mais soyons honnêtes : Temps de chien a un bon rythme, elle prend le temps d’inclure une bonne dose de cynisme malgré un épisode d’exposition par ailleurs chargé, et il y a quelques bonnes scènes (comme quand Antoine Meilleur vide les glandes anales d’un chien sur un parking et que ça lui fait plaisir parce que c’est plus intéressant pour lui que sa vie célébrité). Pour une comédie, c’est pas un mauvais bilan. Il y a, aussi, quelque chose qui se dessine sur le fait que, toute « réussie » qu’elle paraisse être, l’existence de son héros avait de toute façon atteint un point de non-satisfaction qui nécessitait des changements ; je trouve l’idée intéressante car ce qui va se produire ensuite (je ne vous spoile pas) va probablement y gagner en nuances. Et puis, pour finir, il est truculent que le comédien qui joue Antoine Meilleur, l’humoriste François Bellefeuille, était apparemment vétérinaire avant de se tourner vers le show business (on appréciera les parallèles).
Si pour vous, la scène d’euthanasie (même jouée par l’absurde et n’incluant rien de trop graphique) est quelque chose de regardable, je vous encourage à tenter Temps de chien. En revanche si, comme pour moi, le sujet est trop sensible pour vous, alors que cette review soit l’avertissement dont j’ai manqué. Parfois, ne pas se lancer dans une série à l’aveugle, ça a quand même du bon.

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1 commentaire

  1. Mila dit :

    Oh wow, l’entrée en matière était violente, et j’imagine que quand on s’y attend pas, ça doit être un coup dur… C’est toujours ma crainte quand je regarde une série ou un film centrés sur des animaux, et là la série perd pas son temps, on dirait. C’est pas un trigger pour moi, pas dans le véritable sens du terme, mais ça m’aurait fait un choc, et à la fois la série a l’air bien, donc merci de l’avertissement !

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