Une fois de temps en temps, une série qui n’avait pourtant aucune chance de le faire trouve un second souffle à l’international, des années après sa diffusion originale. Son apparition sur une chaîne ou une plateforme anglophone lui permet alors de biper sur mon radar. Des années plus tard, j’ai enfin l’occasion de voir ce qu’elle a dans le ventre.
C’était récemment le cas de la série belge Callboys, initialement lancée en 2016. Il s’agit de l’une des quelques séries s’intéressant au travail du sexe à travers des protagonistes masculins, pour changer. Pas la seule, vu l’existence de séries comme Hung, Johnny Ve Abirey Hagalil, ou plus récemment Diario de un Gigoló et American Gigolo (d’ailleurs sorties à peu près en même temps l’an passé), mais il faut tout de même admettre que la prostitution féminine a les faveurs des exécutifs de chaînes. Masculin très volontaire ; on se sait.
« Callboys » est le nom de l’agence co-gérée par Wes, Devin et Jay, qui quelques mois avant le début de la série ont engagé comme assistant Randy. L’agence a son bureau dans ce qui ressemble plutôt à un appartement tiré tout droit des années 80, situé au-dessus d’une petite boîte de consulting. Les clientes n’y sont jamais reçues directement de toute façon : les trois escorts se déplacent plutôt dans des hôtels et autres lieux privés. Randy est chargé de gérer leurs agendas, de les conduire à des rendez-vous, ainsi que de les aider à prendre plus généralement généralement soin de leur corps.
Dans cet épisode inaugural, une grande partie de l’intrigue est dédiée à montrer comment chacun des trois gérants de la boîte conduisent leurs affaires face à des clientes. Et vous savez ce que j’entends par « affaires ».
Devon, le plus jeune et le plus conventionnellement séduisant, est ravi de nous démontrer ses astuces qui marchent à tous les coups, quand bien même il ne semble pas totalement conscient que sa plus grande astuce est d’être jeune et beau (il faut dire qu’il n’est pas une lumière). Wes est plus cérébral, il a une haute opinion de lui-même et de son charme, il a aussi plus d’assurance ; au lieu de se reposer sur des gimmicks, il se repose sur ses talents d’observation pour comprendre la situation, et mettre les gens à l’aise avec psychologie sans garder son calme. Jay, qui semble être le plus âgé de la bande (pardon si je me trompe), s’imagine être un charmeur un peu rebelle, et cela peut plaire ; il a de l’expérience et il est attentif à délivrer un service de qualité, toutefois il est aussi extrêmement colérique et émotif, et ce manque de self-control semble commencer à lui faire perdre des clientes.
En montrant les méthodes de travail de chacun (tout en déroulant l’intrigue, faut-il noter), Callboys insiste sur leurs différences, mais démontre aussi en filigrane qu’il s’agit de trois hommes qui n’ignorent rien des nuances de leur métier, et que celui-ci consiste à un peu plus que « juste » échanger du sexe pour de l’argent. Le premier épisode de Callboys se repaît de notre réaction amusée devant la situation initiale, les situations rencontrées, les « trucs » de charmeur professionnel qui mettent (ou pas) les clientes à l’aise.
Malgré ces approches différentes, l’agence Callboys tourne bien, et c’est donc ce qui a vraisemblablement conduit à l’embauche de Randy 6 mois plus tôt. Randy est un grand gaillard avec une coupe mulet et des grosses lunettes, qui jusque là a fait un travail épatant et qui en plus a l’air de faire des smoothie à la rhubarbe à tomber. Ce qu’il va révéler pendant ce premier épisode, cependant, c’est qu’un jour, une cliente du nom de Mieke a demandé non pas l’un des trois escorts de l’agence, mais ses services à lui… et il a accepté. Il est rongé par la culpabilité, quand bien même ce soir-là il n’a fait que parler avec la cliente, mais voilà, elle a demandé à le revoir, alors, la queue entre les pattes, il vient demander à la fois pardon et une autorisation.
Cela chamboule pas mal l’équilibre de l’agence…
Callboys ne se prend pas trop au sérieux, et les situations sont volontairement un peu barges. Parmi les meilleurs moments de cette introduction, mentionnons par exemple le couple qui fait appel à Wes (alors que seule la femme est vraiment partante), la façon dont Jay est convaincu de devoir remonter les bretelles à Miguel (un compétiteur dont les tarifs ne sont pas très éthiques), ou comment se déroulent les aveux de Randy (un type de 2m de haut qui a toujours l’air au bord des larmes). Devon, qui n’a pas inventé le string à couper le beurre, a aussi quelques réactions sympas, même s’il n’a pas vraiment d’intrigue digne de ce nom pour le moment. La série a aussi la bonne idée de mettre en place une ambiance fraternelle qui fonctionne bien. Les personnages sont tous émotionnellement honnêtes les uns avec les autres, n’ont pas de tabous entre eux, et globalement, même si ce n’est pas à 100%, ils ont une meilleure communication que la plupart des amitiés masculines de fiction.
Pas sûr que ça puisse durer, naturellement. Callboys ne laisse pas oublier qu’il ne s’agit pas d’une série sur une bande de potes, mais sur une entreprise. C’est juste qu’on n’y conduit pas exactement le business as usual !
J’aime beaucoup le « string à couper le beurre », ça m’a fait sourire^^ (en revanche, pardon je sais jamais si tu préfères que je note ou pas, mais -et désolée si je me trompe- dans « avec psychologie sans garder son calme » je suppose que ça devrait être « perdre son calme » ?)
C’est vrai que je n’ai pas vu beaucoup de fictions sur la prostitution masculine… A moins qu’on compte les séries de « hosts » japonaises, mais généralement les personnages n’y vendent pas autant leur corps. Du coup c’est intriguant.
Bientôt, aussi, devrait commencer le drama thaïlandais « Playboyy », qui va se dérouler dans le monde de la prostitution et le porno illégal notamment, mais je sais pas ce que cela va donner, à part qu’il y aura a priori plein d’hommes très nus faisant du sexe avec d’autres hommes. Ce sera clairement un tout autre ton.