Souvent je parle du timing comme d’une force puissante, incontrôlable par nature, capable de changer totalement notre perception d’une série. Des expériences comme celle que je viens d’avoir avec le premier épisode de la série française Cuisine interne me confortent régulièrement dans cette idée.
Cette série avait été lancée à la fin de l’année dernière, sans trop de bruit en tout cas pas dans mon coin d’internet, par 13eme Rue. Je n’y avais que modérément prêté attention, aussi bizarre que cela puisse paraître aujourd’hui. Mais voilà que ce mois-ci, sur l’un de mes sites préférés (vous savez lesquels…), les épisodes de Cuisine interne sont apparus. Épiphanie soudaine : « hey, c’est une série qui se passe dans un restaurant, parfait pour moi ! », forcément.
Surtout après une deuxième saison de The Bear me laissant avec un manque à combler. Timing, je vous dis.
Résultat ? Eh bien résultat, évidemment, Cuisine interne est notre sujet du jour, en attendant que je fasse main basse sur les épisodes suivants.
A quelques heures de l’ouverture de son propre restaurant, la cheffe Adriana Soukho est sous haute pression. Elle a tout investi dans ce projet… Même ce qu’elle n’avait pas ! Elle n’a ainsi pas les moyens de payer les ouvriers qui travaillent sur son chantier, en particulier parce que son partenaire en affaires, Gunther, est aux abonnés absents. Cela ne fait qu’ajouter au stress du challenge qui l’attend. Tant de restaurants se plantent…
Avec l’ouverture chaotique du Ballast, Adriana s’est pourtant fixé un but ambitieux : elle veut une étoile. Elle a l’expérience pour, elle a la capacité de travail pour, elle a même quelques connexions pour ! Ce qui lui manque, c’est de prouver, notamment à une critique gastronomique venue faire son profil et qui s’avère peu emballée, qu’elle peut délivrer une expérience haut de gamme.
Les heures s’égrènent, le stress d’Adriana augmente, et toujours pas de trace de Gunther. Le voilà qui finalement réapparaît, et impose à Adriana qu’une partie de poker privée se passe dans le sous-sol du restaurant. Privée… et illégale. Cette partie est organisée par Jeff et Angèle Rubens, un frère et une sœur entourées de mystère, qui ont convoqué quelques « baleines » pleines de fric. Elles ont aussi décidé de tenir leur partie au Ballast, le soir de l’ouverture, parce qu’elles n’ont pas le choix, et qu’elles avaient moyen de faire pression sur Gunther.
D’ailleurs Gunther lui-même force la main d’Adriana, comme ça le cycle est complet.
Le soir de l’ouverture du restaurant, voilà donc qu’Adriana, sa sœur Stella qui fait le service, sa petite équipe en cuisine, et Gunther (je suppose), doivent ensemble composer avec l’occupation envahissante des Rubens. Angèle, l’organisatrice avisée, et Jeff, qui assure la sécurité, ont en effet toutes sortes de règles rigides auxquelles le Ballast et son staff doivent se plier au dernier moment. En outre, Jeff a l’air d’être prompt à passer aux menaces de violence, et l’ambiance de l’ouverture s’en ressent.
Mais Cuisine interne n’est pas exactement là pour nous parler de cette étrange dynamique ! Alors que tout le monde commençait lentement mais sûrement à trouver son rythme, quelque chose se produit dans le Ballast. Je ne vous gâche pas la surprise, même si Cuisine interne elle-même n’en fait, il est vrai, pas le plus grand des mystères vu la structure de son premier épisode.
Moins une série culinaire qu’un thriller en milieu culinaire, Cuisine interne conserve plusieurs des atouts qui font l’intérêt des séries sur la haute gastronomie. On y trouve notamment, en filigrane de ce premier épisode, les hésitations classiques autour de la création d’un plat (d’autant plus hésitantes qu’un leak survenu juste avant l’ouverture du Ballast oblige Adriana à inventer une œuvre en un temps record). Et puis, comme chacune sait, il y a une règle inébranlable en matière de séries se déroulant dans un restaurant : l’établissement doit toujours, TOUJOURS être en crise. Et là on ne peut pas dire qu’on manque de crises !
Je ne suis pas encore très liée à la plupart des personnages (ce premier épisode a beau en introduire un certain nombre, on ne nous fait vraiment ressentir que la perspective d’Adriana), mais en attendant, Cuisine interne réussit en tout cas l’exercice difficile d’une introduction réussie. Elle joue à deux reprises la carte du retournement de situation, et s’en tire bien, parce qu’elle semble avoir un but précis plutôt qu’une simple envie de nous surprendre. Je soupçonne de toute façon que l’aspect dramatique ne soit pas celui qui l’intéresse le plus… Tant que la tension est palpable et qu’on continue plus ou moins de parler de nourriture, je n’y vois pas d’inconvénient !