Ce mois de juillet a vraiment filé. Nous voilà déjà rassemblées pour un nouveau Take Five ! Les articles n’ont pas manqué ce mois-ci (j’étais même plutôt en forme vers la fin juillet), mais ne croyez pas que mes visionnages se sont arrêtés là ! J’ai aussi picoré d’autres premiers épisodes de série, à une exception près, puisque l’une des reviews qui va suivre avait initialement été écrite en juin, puis oubliée.
Ok c’est la honte. Mais pour ma défense, c’est vraiment une série dont j’ai rien à péter.
Comme des gosses (2022)
Je m’étonnais un peu de n’avoir pas vu beaucoup de retours sur cette comédie, diffusée l’été dernier sur M6 (et apparemment en cours de rediffusion sur 6Ter cet été). C’est rarement bon signe. Normalement je préfère regarder la série originale avant l’adaptation, mais vu que les chances de mettre la main un jour sur De Luizenmoeder relève du néant, et qu’en plus je sentais arriver la grosse bouse, pourquoi se mettre la rate au court-bouillon ?
Effectivement, c’était vraiment pas la peine de s’inquiéter : Comme des gosses est le fiasco annoncé. Cela faisait à peine 2 minutes que l’épisode avait commencé qu’on avait droit à une conversation entre un proviseur et une prof justifiant le harcèlement de la part d’un élève, et encourageant même à suivre l’exemple de Macron. « A votre place, je laisserais faire. N’oubliez pas que si dans quelques années, si jamais vous avez un contrôle fiscal, vous serez bien contente d’avoir gardé contact avec le petit Emmanuel. Et allons plus loin : on en connaît même qui sont devenues Première Dame ». J’ai vomi sur mon clavier, suis allée prendre une douche à la javel, et après avoir avalé plusieurs doses d’antibiotiques, ai tenté de finir l’épisode. Les vignettes suivantes (il n’y a pas réellement d’intrigue) n’étaient pas pires que la première. C’est le mieux que je puisse en dire. Ah, ça, n’est pas Abbott Elementary qui veut.
Deadloch (2023)
Toute la planète semble faire le forcing pour Deadloch en ce moment. Vous me direz, pour une fois qu’une série australienne fait le buzz, on ne va pas se plaindre…! Alors faisant entorse à ma règle d’éviter les séries policières, j’ai suivi le mouvement ; et je suis au regret de vous annoncer qu’effectivement, c’est pas mal. Sur le papier, Deadloch est assez similaire à plusieurs autres polars (scandinaves ou non), et suit l’enquête qui commence après la découverte d’un corps nu sur la page d’une petite ville de Tasmanie, dont la série porte le nom.
Dans les faits pourtant, il y a des nuances d’importance. Par exemple, la distribution principale est exclusivement féminine ; Dulcie Collins, qui est la protagoniste centrale, officie depuis 5 ans au commissariat de Deadloch, où elle vit avec sa compagne Cath, une vétérinaire qui a de grands projets pour leur retraite (une ferme renouvelable). C’est Dulcie qui est en charge de l’enquête pendant les 24 premières heures… jusqu’à l’arrivée de quelqu’un détaché de Darwin. Cette personne s’avère être Eddie Redcliffe, qui contrairement à ce qu’on pourrait croire est une femme (…une information que Cath aurait aimé avoir). Hélas Radcliffe n’en a rien à foutre ni de la victime, ni de l’enquête, ni même de Deadloch dont elle espère décamper aussi vite que possible. A cela encore faut-il ajouter Abby Matsuda, une policière inexpérimentée et timide, mais passionnée, pleine de bonne volonté et passionnée par le true crime. Toutes sortes de personnages secondaires viennent également s’ajouter à tout cela, dépeignant une petite ville certes paumée et excentrique, mais désireuse d’essayer d’entrer dans le 21e siècle pour garder sa pertinence dans un monde qui change.
Et c’est vraiment cet univers qui fait la différence, parce que beaucoup de personnages sont légèrement ridicules (à mon sens Radcliffe l’est un peu trop, et j’ai hâte que la série l’humanise un peu plus), à la limite de la caricature mais suffisamment bien écrits pour que cela s’ajoute, en réalité, au sentiment d’exaspération de Dulcie. C’est que, avant, elle était enquêtrice, et pour une raison qui dans ce premier épisode n’est pas encore détaillée, elle est venue se mettre au vert à Deadloch. Sans que cette vie ne lui déplaise, elle ressent vraisemblablement une part de frustration que la série utilise pour souligner à quel point cette enquête est mal menée, et combien Dulcie est la seule à prendre les choses au sérieux. Il y a peut-être un peu de crise de la quarantaine là-dedans, aussi. En tout cas, grâce à ses personnages et son ton, Deadloch parvient à éviter certains clichés du polar (le fait que la victime découverte nue soit un homme est une surprise explicitement admise par les dialogues), et à offrir une expérience qui est plus légère qu’à l’accoutumée, sans verser dans la parodie. Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? A mon corps défendant, je suis obligée de reconnaître que ça fonctionne.
Haus Kummerveldt (2023)
Luise est une jeune femme créative, intelligente et… un peu morbide. Ce qui ne s’arrange pas lorsque son père s’écroule sous ses yeux, à la table du petit-déjeuner, un beau matin. Dans les jours qui suivent, c’est son frère aîné Veit, revenu spécialement de l’école militaire, qui reprend le manoir familial en main. Et soudain, toutes les velléités artistiques de Luise ne font aucun poids contre les convenances : il faut lui trouver un mari. Haus Kummerveldt se déroule en effet au 19e siècle, et elle n’a pas son mot à dire.
C’était un peu marrant de découvrir Haus Kummerveldt au beau milieu de mon visionnage de La legge di Lidia Poët, parce que les deux séries ont certaines choses en commun en théorie, mais sur ce qui est essentiel, elles ne se rejoignent pas du tout. Là où la série italienne est un portrait nuancé d’une existence contrariée, mais taillé pour un format grand public, Haus Kummerveldt est une espèce de rêve fiévreux à la réalisation allumée, et à l’héroïne absolument indomptable, dont l’écriture n’apparaît pas tant comme une vocation que comme un exutoire. La rébellion féministe qui bouillonne dans cette série est palpable dés le premier épisode (quand bien même une partie de cette rébellion est inspirée par la consommation de diverses substances !), sublimée par la réalisation chaotique et inspirée, et… absolument parfaite pour arte, qui la propose sur son site. En fait, je ne sais pas comment mieux le formuler : c’est exactement pour diffuser des séries comme celle-là qu’arte existe.
Host Souzoku Shichaimashita (2023)
Le synopsis de cette nouvelle série estivale est relativement simple : une trentenaire à la vie un peu en panne perd le dernier membre de sa famille, un oncle qui avait été là pour elle à la mort de sa mère. Ce qu’elle ignorait en revanche, c’était que tonton gérait un « host club » ! Elle en hérite donc, et dans le premier épisode, se pose le cas de conscience autour du choix à faire : en devenir la gérante, ou pas ? Bon, il n’y a pas de série si Kumiko n’accepte pas, vous en conviendrez. Toutefois l’épisode ne bazarde pas la question, et la lie intimement à la réalité de ce qu’est l’existence de Kumiko au moment de cet étrange héritage : employée comme assistante dans une boîte de marketing, elle n’a jamais réussi à évoluer vers un rôle créatif et est donc frustrée. En outre, toute sa vie semble être au boulot, et elle n’a pas vraiment de vie sociale non plus (…en particulier, pas de petit-ami). Il semblerait donc évident pour elle de se saisir de l’opportunité, mais… mais, eh bien, c’est un host club. Ethiquement, ça lui pose un problème sur le principe, car elle trouve ce travail malhonnête. N’est-ce pas tromper les femmes que de leur faire croire à une attirance juste pour qu’elles paient des tournées d’alcool hors de prix ?
Toutefois, après une soirée entre collègues qui l’a épuisée, voilà que Kumiko se laisse happer par un charmant inconnu, qui d’abord l’emmène dans un bar à chicha, puis, sans qu’elle ne prenne garde à leur destination, l’ammène dans le host club où il travaille. Déçue, Kumiko va pourtant être visitée par plusieurs hosts, chacun ayant son charme et sa spécificité bien à lui. Kumiko change-t-elle d’avis ? Toujours pas. Mais elle est choquée d’apprendre que par le plus grand des hasards, elle a atterri dans le host club dont elle a hérité ! Elle a donc pu rencontrer sans idée préconçue les hommes avec lesquels elle travaillerait si elle acceptait. Il faudra encore quelques efforts, notamment de la part d’un host plus âgé tenant également des fonctions administratives, Naoki, pour la convaincre. La série peut enfin commencer, et, franchement, ne s’en porte que mieux pour avoir prix le temps de détailler ce dilemme.
Des fictions sur les host clubs, ce n’est pas ça qui manque, mais celle-ci m’a charmée. Malgré le ton de dramédie, j’aime l’interprétation nuancée, un peu douloureuse, que fait Yuki Sakurai de Kumiko. Et puis la galerie de personnages, surtout le staff du club, est intéressante… J’ai des questions concernant le traitement de Rui, notamment. Host Souzoku Shichaimashita a été diffusée pendant la saison printannière, et les sous-titres viennent de commencer à apparaître, donc c’est encore frais ; on verra bien où tout cela mène…
Valeria (2020)
Haha, ça alors, vous allez rire : j’avais une review préparée pour juin, dans laquelle je vous disais que la série espagnole Valeria revenait sur Netflix pour une troisième et dernière saison « au début du mois »… et je ne l’ai jamais publiée ! J’ai juste oublié qu’elle était là, en attente de relecture… Du coup on en parle maintenant, sinon après ça, c’est poubelle.
Il faut dire qu’en trois ans d’existence, je n’avais jamais jeté un oeil à la série. J’avais cru comprendre qu’il s’agissait d’une réponse espagnole à Sex & the City (même si, vu le nombre de séries similaires à travers le monde ces 20 dernières années, les réponses ressemblent de plus en plus à un écho), ce qui m’avait poussée à la mettre très bas sur ma to-watch list, mais le mieux reste de se faire une opinion par soi-même. Parfois il ne faut pas croire les impressions superficielles que l’on a d’une série. Et puis, on ne se prétend pas passionnée de série sans avoir au moins la curiosité d’y jeter un oeil soi-même ! J’ai donc lancé le premier épisode de Valeria en me disant, eh, ça se trouve, je vais tellement aimer le premier épisode que je vais me faire l’intégrale pile au moment où elle s’achève. Timing parfait.
…Et donc c’est une réponse espagnole à Sex & the City, et j’ai pas aimé du tout. Au juste, je ne sais pas pourquoi j’espérais autre chose. Comme les premières saisons de la série de HBO, la série est très focalisée sur Carrie, je veux dire Valeria, une autrice qui a une panne d’écriture monstrueuse, mais hélas un compte en banque affamé. La différence majeure (et c’est heureux, sinon ça se serait vu) est que Valeria n’est pas célibataire. Petit problème : ce premier épisode n’en a mais alors, tellement rien à foutre, qu’on lui trouve tout de même un enjeu amoureux dans le dernier tiers de l’épisode introductif. Vous me direz, peut-être que l’intention est d’explorer la perte de désir, la fatigue du couple, la tentation de tromper… Pour le moment ça donne surtout l’impression que Valeria ne sait pas raconter son histoire sans introduire ce genre de choses. C’est d’autant plus tragique à mon sens que les trois autres protagonistes ont des vies dont la problématique individuelle est à peine survolée (surtout la pauvre Nerea, à qui il n’arrive rien à part être lesbienne et louper son train), on boit ensemble, on se parle à longueur de journée sur WhatsApp ou équivalent, et au final, vous l’aurez compris, il n’y a strictement rien qui se dise dans Valeria qui n’ait déjà été cent fois répété. Si au moins cet épisode faisait mine de s’intéresser au processus créatif de Valeria (ou absence de), ça serait intéressant, mais même pas. On n’est pas là pour ça, et du coup, moi je suis pas là du tout.
C’est tout pour moi ce mois-ci, mais je ne désespère pas qu’un jour quelqu’un me parle de ce qu’elle a regardé…?
T’es dure avec Valeria, elle gagne à être suivie sur la durée. Sans dire que c’est un chef d’œuvre, on prend plaisir à suivre ses quatre héroïnes, on n’entend jamais trop les femmes parler de sexe et d’amour avec modernité, et dans la dernière saison, il y a un épisode féministe très touchant.
Ah je te crois, mais alors tu vois, le sexe et l’amour, c’est typiquement des sujets auxquels je préfère un rendez-vous chez le dentiste ! XD
(Après le but de Take Five, c’est de parler du premier épisode et du premier épisode seulement. C’est le jeu, ma pov’Lucette !)
Oui, c’est ce que je me suis dit 😉