Qui aurait crû que la ruée vers l’or australienne soit l’occasion d’une comédie féminine ? Même New Gold Mountain (en dépit de ses innombrables qualités) n’aurait pas osé.
Eh bien la comédie Gold Diggers, ose, elle. Elle ose beaucoup de choses, en fait, à commencer par ses dialogues très modernes, ses protagonistes féminines décontractées, et son univers déjanté. Lancée au début du mois par ABC, la télévision publique, cette comédie suit deux demi-soeurs alors qu’elles débarquent, les mains quasiment vides, dans une boomtown du nom de Dead Horse Gap. Ça envoie du rêve, tout de suite.
Pourtant c’est précisément ce qui amène les deux jeunes femmes en ville : leurs rêves. Ou, au moins, leurs ambitions.
Le premier épisode de Gold Diggers, mené à toute allure par deux personnages qui ne savent absolument pas se taire deux secondes, nous embarque donc aux côtés de ces deux jeunes femmes au passé tourmenté mais flou (elles ont peut-être tué quelqu’un à Sydney ? ou au moins l’ont laissé pour mort…). En effet, Gertrude et Marigold Brewer ont décidé qu’elles allaient trouver la fortune dans cette nouvelle bourgade ! Comment ? Bon, ça, c’est un autre problème.
A la base, elles se sont convaincues que leur amie Franny, qu’elles connaissent depuis le temps passé ensemble « sur les docks », va les aider à rencontrer des chercheurs d’or nouvellement riches. Ou vieux. L’un ou l’autre, du moment qu’ils sont riches. L’un et l’autre est également une option. Toujours est-il qu’elles ont fait tout ce chemin dans ce but. Après tout, être les seules femmes dans ce trou paumé devrait leur donner un avantage certain, non ? Pas de chance, depuis qu’elle s’est installée à Dead Horse Gap, et a mis le grappin sur un riche gentleman qui possède un manoir sur une colline surplombant la ville (le raffiné, très raffiné, si raffiné, trop raffiné ? Percy L’Estrange), Franny a tout changé. A commencer par son identité : celle qui se fait maintenant appeler Francesca affecte un accent français des plus faux, et se pavane dans des robes hors de prix. Vous pensez bien qu’elle ne va rien faire pour révéler à son riche époux sa conditions précédente.
Mais s’il y a bien quelque chose à savoir sur Gert et Goldie Brewer, c’est qu’elles sont inarrêtables. Sans interrompre une seconde le flot de paroles échangées, probablement même pas pour respirer, elles révisent leur stratégie. L’humour pince-sans-rire des dialogues brille dans ces moments-là, quand Gold Diggers leur donne une opportunité de faire contre très mauvaise fortune bon cœur. C’est en fait la grande leçon à tirer de ce premier épisode : quelle que soit la tonne industrielle de merde qui leur tombe dessus, les sœurs Brewer ne se laisseront pas abattre, et deviseront d’un nouveau plan pour quand même tirer leur épingle du jeu.
Jusque là, ça semble fonctionner. Le bagout incroyable des deux sœurs (surtout Gert, plus entreprenante) et leur aplomb phénoménal devant les hommes (tout en étant parfaitement conscientes de vivre à une époque peu propice à leur épanouissement et même leur sécurité) va les tirer de tout. Et c’est bien ça qui est hilarant.
Dans Gold Diggers, on sait bien que 1853 n’était pas particulièrement une chouette époque pour les femmes. Mais justement, on est quand même en 1853 et il est temps que les choses changent ! Fortes de leur conviction qu’elles méritent ce qu’il y a de mieux (quand bien même cette conviction n’est basée sur rien), Gertrude et Marigold vont prendre le monde d’assaut. Ou au moins, trouver un endroit où dormir à Dead Horse Gap, ce sera un bon début.
La bonne humeur de Gold Diggers est essoufflante, mais communicative ! L’effet anachronique du langage moderne de la série et des décors boueux du 19e siècle fonctionne, et le duo d’héroïnes accapare l’écran comme s’il était un chercheur d’or nouvellement riche. Ou vieux. Voire même carrément les deux. Si vous êtes d’humeur à vous laisser embarquer dans un tourbillon bavard et effronté, avec deux héroïnes culottées, c’est absolument la série pour vous.
Ton article m’avait bien tentée, je viens donc de voir le 1er épisode et j’ai adoré ! J’aime leur état d’esprit, qu’elles ne se laissent pas décourager même si les choses ne se passent pas comme prévu, et qu’elles trouvent toujours un moyen pour rebondir. Leurs plans successifs pour trouver un endroit où passer la nuit étaient très drôles à suivre. Et les répliques sont géniales !