La noia

2 décembre 2022 à 23:45

Décembre est traditionnellement le mois pendant lequel j’essaie de purger un peu mes brouillons de l’année écoulée, tentant de finir des reviews qui, si elles ne sont pas publiées cette année, ne le seront probablement jamais. Il y a toutes sortes de raisons pour lesquelles ce genre de choses arrive, mais cette année vient s’en ajouter une autre : mon incapacité totale à aligner deux mots de façon semi-compréhensible pendant plusieurs mois. Inutile de dire qu’il y a pas mal de reviews qui sont vouées à n’être jamais achevées dans pareilles circonstances. Enfin, bon, si en plus je me rajoute une pression complétiste, on va jamais y arriver !
La série italienne Fedeltà, lancée par Netflix au début de l’année, passe ce soir dans le camps des exhumées de la dernière heure. Et pourtant, je ne l’ai pas aimé, ce pilote. Alors pourquoi insister pour finir ma review ?
Précisément parce que je ne l’ai pas aimé.

Par ces temps de mémoire courte contagieuse, rappelons de quoi il est question dans Fedeltà : Margherita et Carlo forment un couple milanais moderne, et heureux. Enfin suffisamment heureux, quoi. La preuve, elles font du sexe dés les premières minutes de l’épisode. Si c’est pas une preuve, ça. Tout semble bien aller dans leur vie, excepté leur appartement actuel qui commence à être trop étroit pour leurs ambitions de vie à deux. Margherita, qui est agente immobilière, tombe complètement amoureuse d’un appartement dont elle est chargée, mais il est totalement hors de prix. Quant à Carlo, entre les cours d’écriture qu’il donne à la fac et le bouquin qu’il tente péniblement d’écrire lui-même, il a un peu l’impression de faire du sur-place (…vous serez surprises d’apprendre que Fedeltà est l’adaptation d’un roman écrit par l’auteur Marco Missiroli, et qu’il y a probablement un gros volet autobiographique là-dedans). C’est ça, leur genre de problème… du moins pour le moment.
Car la réalité c’est que derrière le sexe et les projets à deux, chacune rencontre des tentations. Des tentations qui apportent du piquant à une existence qui n’est pas déplaisante… mais qui n’est pas non plus dénuée de frustrations. Le début de l’ennui, quoi. Voilà une recette parfaite pour un fiasco, même si évidemment, ce n’est pas parce que la tentation se présente qu’on y cède nécessairement.
Alors l’une d’entre elles va-t-elle céder et tout foutre par terre ? Qui va créer de vrais problèmes, et de quel ordre ? Et sera-t-il possible de les résoudre ensemble ?

C’est la question que ce premier épisode de Fedeltà semble vouloir poser, et très franchement… rien à péter. Carlo et Margherita peuvent faire imploser leur « couple » si ça leur chante, ça ne m’intéresse pas le moindre du monde.
J’ai l’impression de l’avoir vu cent fois, cette histoire. Est-ce qu’il n’y a pas 712 films par an (tous produits dans un seul et même arrondissement de Paris) sur ce même sujet ? C’est l’impression que j’en ai eu. C’est aussi sans parler du nombre de séries sur le même registre (dont, j’ai remarqué, un nombre croissant depuis deux/trois ans au Japon… c’est assez nouveau d’ailleurs).
Et du coup, pardon hein, mais Fedeltà a eu sur moi un effet soporifique. C’est un sous-genre de la fiction dramatique qui me semble reposer sempiternellement sur les mêmes ressorts, les mêmes questionnements, et à peu près les mêmes conclusions. On sent une envie de parler de toutes sortes de choses qui se trament sous l’étiquette sage du « couple », qui rappelle la complexité des individualités qui vivent sous ce label, tout en interrogeant cette idée que le « couple » doit durer, mais est en permanence soumis à des tensions qui pourraient l’en empêcher. C’est assez transparent. Parfois ces tensions ne viennent même pas de l’extérieur. Dans le premier épisode de Fedeltà, on identifie aisément d’où pourrait venir le danger (il a l’apparence d’une belle étudiante blonde, ça aide), mais Carlo n’est pas vraiment intéressé. En revanche, on pressent qu’il serait aisé que les indices que, lui, ignore (plus ou moins volontairement) mettent Margherita sur une piste embarrassante pour leur « couple ».
Fedeltà manufacture un drame qu’on a vu se jouer cent fois, où à la fois tout et absolument rien ne se joue, et j’ai beaucoup de mal à m’intéresser à son exercice de pensée. Et ça n’aide évidemment pas que d’une façon générale, je me désintéresse totalement (et notoirement) de tout ce qui touche de près ou de loin aux histoires de cœur.

Alors bien-sûr, c’est un facteur aggravant que la quasi-totalité de ces fictions prenne toujours un couple de la classe moyenne (ou plus) comme sujet. Juste une fois, j’aimerais bien voir un couple qui galère à joindre les deux bouts se poser ces mêmes questions sur la durée du « couple » (…je mens, je n’ai pas réellement envie de voir une autre série sur le sujet), alors précisément que chacune joue sa survie individuelle et directe sur l’existence du « couple ». Différentes choses entrent en balance quand on a des problèmes plus gros que « oh la porte de la douche s’ouvre mal, j’aimerais un appart plus beau ». Ce ne serait pas futile de se poser la question différemment de l’importance apparemment si centrale du « couple » dans ce genre de circonstances.
Mais ça n’intéresse pas Fedeltà, ni les 712 autres fictions en son genre, parce que c’est trop concret. Non, ce qui la passionne, c’est de se demander « et si ? » en s’imaginant explorer les abysses de l’âme humaine, comme si les tourments individuels de leurs auteurs (…masculin volontaire) étaient incroyablement profonds et universels.

On en revient donc à ma question initiale : pourquoi finir cette review-là ? Il y en a plein d’autres qui n’auront jamais cette chance, après tout. Eh bien précisément pour ça. Parce que je suis imperméable à ce genre d’histoires, et que les rares fois où je les tente (comme au début de l’année avec le premier épisode de Fedeltà, donc), j’en reviens toujours à la conclusion que je me fais royalement chier devant… mais que c’est en très grande partie mon problème.
Il y a PLEIN de genres télévisuels qui peuvent sembler répétitifs et prévisibles (c’est limite le propre de la classification par genre), mais ce sont des genres bien particuliers qui me font cet effet. L’allergie est profonde et me met systématiquement dans de mauvaises dispositions, peu importe mes efforts ponctuels pour essayer de donner sa chance à une fiction en particulier ou une autre. Les histoires de « couple » (à quelque stade de la relation puissent-elles se dérouler) font partie de mes bêtes noires ; ce qui me laisse penser que, quand bien même je peux difficilement changer mes goûts téléphagiques du tout au tout, il y a quand même quelque chose à interroger par là. Les genres que nous préférons en disent sûrement autant de nous que ceux que nous détestons, après tout.
Cela aurait pu rester entre moi et moi (…comme les interrogations de Marco Missiroli, vous me direz), mais j’avais envie de voir votre réaction. D’entendre ce que vous, si vous avez vu Fedeltà, ou les 712 autres fictions équivalentes, vous en pensez. Si le sujet, ou mieux encore, son traitement ici, vous intéresse, dites-moi pourquoi. Que ce ne soient pas toujours les mêmes qui apprennent dans ces colonnes !


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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

3 commentaires

  1. Mila dit :

    J’aurais du mal à répondre à tes questions de fin, malheureusement. Personnellement, c’est ni mon genre favori ni un genre que je n’aime pas… les histoires de couple (que je sépare des « romances », parce qu’il est question de couple établi ici) m’intéressent quand les personnages m’intéressent, ce qui est la réponse la plus vague et la moins utile que je puisse te donner :’D Tout dépend de comment c’est fait, ça ne m’intéresse ou m’indiffère pas intrasèquement…
    I’m sorry ;;

  2. ChildofGhibli dit :

    Il me semble que cela fait un moment que j’en ai vu et j’ai plutôt tendance à les fuir (surtout avec le cinéma français ayant très peu de culture), ça ne m’intéresse pas surtout avec ce point de vu masculin.

  3. tiadeets dit :

    Les séries qui traitent de couples établis ne m’intéressent que lorsque l’on parle d’une saison 2 d’un drama qui m’a plu sauf que jusqu’à présent, je n’ai pas encore trouvé de dramas qui arrivent à ne pas casser ses personnages et faire du drama pour le drama et c’est bien dommage parce qu’il y a un potentiel intéressant.

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