Our house in the middle of our street

27 mai 2022 à 17:25

Il est des genres télévisuels qui circulent plus facilement que d’autres. Avec la comédie, c’est toujours un peu compliqué : outre le problème inhérent à la traduction que beaucoup de séries rencontrent, l’humour est, fondamentalement, quelque chose de très culturel. Sans les références culturelles et parfois popculturelles appropriées, une série comique peut parfois complètement nous passer à côté sans que ce soit la faute de qui que ce soit. A cela encore faut-il ajouter que tous les pays n’ont pas le même type d’humour, ni la même histoire en matière de séries humoristiques (les deux problématiques peuvent à l’occasion se confondre).

Toutes mes expériences en matière de comédies indiennes n’ont pas toujours été récompensées comme je l’espérais. Toutefois, je viens à vous ce soir avec une bonne nouvelle : pour le premier épisode de Home Shanti, le bilan est plus positif que la moyenne, et prometteur quant à la suite de la saison. Lancée le mois dernier par Hotstar (ou Disney+ Hotstar, ce qui vous parle sûrement un peu plus), Home Shanti est une comédie dans laquelle une famille tout ce qu’il y a de plus moyenne a enfin réussi à faire l’acquisition d’un petit terrain, où elle veut se faire construire une petite maison ; la série chronique ce projet du début à la fin.

Dans le premier épisode, l’achat a déjà été fait, mais le plus dur reste à venir : il va falloir construire, et ce dans les 10 prochains mois afin de libérer leur appartement. Mais avant toute chose, le petit terrain doit recevoir les rites inauguraux, supposés apporter chance et bonheur à la future habitation.

La famille Joshi est constituée du père, Umesh, un bon vivant ; de la mère Sarla, une enseignante organisée et pointilleuse ; de Jigyasa, l’aînée, une étudiante ; et de Naman, l’ado mais quand même bébé de la famille. Un beau matin voici tout ce petit monde qui s’organise pour aller sur le terrain (encore nu) de la future maison, avec un prêtre dont elles ont réservé les services. Sauf qu’évidemment rien ne va se passer comme prévu. Parce que, bien-sûr, c’est le genre de série où rien ne se passe jamais comme prévu.

En théorie, aller chercher le prêtre, apporter les objets nécessaires aux rites sur le terrain, et boucler la cérémonie ne devrait pas prendre plus de deux heures… mais ça, c’est le plan de Sarla. Il s’avère en effet que chaque membre de la famille a sa propre idée de la façon dont la journée devrait se passer. Umesh est rivé à un match de cricket sur son téléphone (et même s’il s’en cache, ça ne trompe personne), Jigyasa veut que la cérémonie se fasse au plus vite pour qu’elle puisse partir rejoindre ses potes, et Naman, sûrement en pleine crise de croissance, est affamé alors qu’il a l’ordre de ne pas manger jusqu’à ce que les rites soient effectués (et encore, la journée doit être végétarienne). Alors que le jeune garçon s’éclipse discrètement pour aller s’acheter quelques chose à grignoter, sa grande sœur essaie d’allumer un feu sous les fesses de sa famille tout en échangeant des appels et messages exaspérés avec sa meilleure amie.
Et ce n’est que le début, car naturellement les choses continuent d’empirer. Même une fois que tout le monde a réussi à se retrouver sur le terrain, et que le prêtre (tant bien que mal) est arrivé, rien ne va dans le bon sens.

Cette succession de petites contrariétés est assez prévisible dans son déroulé, mais l’humour n’en est pas pesant. L’épisode s’accompagne aussi d’une voix-off. C’est celle d’Umesh, même si, entre nous soit dit, je ne sais pas pourquoi lui : son rôle en-dehors de ça n’est pour le moment pas plus important, non plus que sa perspective pendant le reste de l’intrigue. Mais ce procédé permet d’insister sur le ressenti plutôt que sur les gags. Si elle n’a rien de fabuleusement original à raconter, cette voix-off nous incite à adopter une position plus émotionnelle qu’une « simple » litanie de tuiles. Sarla ne passe pas pour la chieuse de service, non plus, ce qui au passage m’a soulagée ; tout le monde apprécie ses talents d’organisatrice, c’est juste que le reste de la famille n’accorde pas autant d’importance qu’elle à la cérémonie en particulier ; Umesh tient même des paroles plus qu’admiratives pour elle, y compris pendant son introduction. C’est un cliché auquel il n’était pas garanti d’échapper pour une petite comédie simple d’une demi-heure, pourtant Home Shanti trouve le moyen de l’éviter avec aisance. Comme quoi, c’est faisable !
Grâce à tout cela, quand (inévitablement) l’épisode atteint son point d’orgue et que Sarla découvre qu’en dépit de tous ses efforts, la cérémonie est foutue et avec elle le projet de construction tout entier, Home Shanti prouve qu’elle n’a pas pour unique but de faire rire. Il y a une véritable tendresse qui s’exprime dans la façon dont ces personnages, qui n’ont en commun que d’être une famille, accordent de la valeur à ces liens familiaux. Umesh, Jigyasa et Naman finissent alors par s’unir pour trouver une solution, et, combinant plusieurs des ingrédients savamment semés tout au long de l’épisode, permettent d’y apporter non seulement un happy ending, mais aussi une dimension chaleureuse. Les voir toutes les trois mettre de côté leurs propres motivations personnelles pour rendre Sarla heureuse, et à travers elle, poser les fondations (métaphoriques comme littérales) de leur future vie dans la maison, crée immédiatement une affection pour les Joshi.

Cet épisode introductif donne très bien le ton des mésaventures à venir, car n’en doutons pas, la construction de cette fichue maison est vouée aux catastrophes à chaque épisode. En prouvant que ses protagonistes ne sont pas que des aimants à poisse, toutefois, Home Shanti réussit à trouver le ton juste. Voilà qui se regarde le cœur léger, peut-être même plus que certaines séries dramatiques (…mais j’espère pouvoir revenir sur ce point prochainement), et permet de prouver qu’il y a plein de choses qui voyagent bien quand on parle d’humour.


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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

2 commentaires

  1. Tiadeets dit :

    C’est chouette ce que tu dis. Ca me ravit toujours que ce genre de séries existe parce que je me dis qu’une personne qui est crevée de sa journée qui regarde un épisode le soir pour se déstresser va tout à fait y trouver son compte et parfois, c’est exactement ce dont on a besoin.

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