Il s’avère qu’à ma grande surprise, j’ai bien aimé le premier épisode de Krakowskie potwory (ou Cracow monsters de son titre international), une série fantastique d’horreur qui nous vient de Pologne.
Non-non, vous n’avez pas halluciné, je viens bel et bien de dire que j’étais enchantée par une série d’horreur, moi, la grande froussarde. Pourquoi ? Eh bien, ça fait deux jours que je cherche, et je ne suis pas tout-à-fait certaine encore.
Krakowskie potwory repose en grande partie sur son portrait d’Aleksandra Walas, une étudiante en médecine. De premier abord, ce portrait apparaît comme assez convenu : Alex est une jeune femme qui fume, boit, consomme des drogues, consomme des relations sexuelles, le tout en étant perpétuellement de mauvaise humeur. Il y a quelque chose de destructeur dans ses actions, pourtant ce n’est pas exactement elle qu’elle essaie de détruire, mais les cauchemars qui la hante et dont elle ne parvient pas à se débarrasser. Je la comprends, voir toutes les nuits une femme sans visage se pencher au-dessus de son lit, ça ne peut pas faire du bien au moral. En-dehors du cauchemar (étrangement spécifique, vous en conviendrez) que fait Alex toutes les nuits, apparemment toujours à la même heure, le personnage est assez commun dans les séries. En language sériel de 2022, ça veut dire « personnage féminin dysfonctionnel mais libéré ».
Pourtant, ce premier épisode révèle progressivement qu’Alex a quelque chose de plus. Quelque chose que les autres personnages qui lui ressemblent à la télévision n’ont pas : un ange gardien.
La série n’emploie pas ce terme, mais nous allons le voir de nos propres yeux : une créature étrange veille à ce qu’Aleksandra ne soit jamais durablement en danger. La jeune femme elle-même n’a pas conscience de cette présence, mais cela fait des décennies qu’elle est à ses côtés, depuis qu’elle l’a sortie du véhicule que la mère d’Alex avait conduit tout droit dans un lac… Même à l’âge adulte, cette créature continue de l’accompagner, et sa présence apparaît par contre de façon très claire au professeur Zawadzki, un pathologiste qui donne des cours et mène un groupe d’étudiantes dans son université. Sauf que Zawadzki est aussi féru d’occulte, et qu’avec son assistant Lucky, il a repéré avant la jeune femme elle-même qu’elle sortait de l’ordinaire. Et il a bien l’intention de ne recruter Alex à cause de cela.
Est-on ici dans une configuration à la Buffy ? Pas exactement.
Krakowskie potwory ne veut pas nous faire croire qu’Aleksandra est spéciale ; il est au contraire sous-entendu que la créature qui la protège serait plutôt liée à son histoire familiale, surtout si l’on s’en réfère aux derniers mots prononcés par sa mère avant de foncer dans le lac. Une conversation téléphonique avec sa grand’mère, qui semble familière de divers phénomènes paranormaux, le confirmera également.
Mais surtout, Krakowskie potwory met en place tout un univers où le surnaturel est omniprésent. Il est là, dans les égouts de Cracovie, loin de l’université, où des travaux semblent avoir exhumé quelque chose de peu naturel. Il est là, dans les grimoires de Zawadzki, épais, forcément épais. Et il est même là, dans le groupe de travail que mène le professeur, constitué d’une poignée d’élèves triées sur le volet, et qui semblent toutes avoir un talent ésotérique.
C’est ce dernier point qui m’a intriguée le plus. Dans ce premier épisode, Krakowskie potwory n’en dit pas encore beaucoup, mais pose tout de même les bases d’un monde dense dont on a l’impression de ne percevoir encore qu’un bruissement, certes, mais un bruissement prometteur. Je ne sais pas comment le décrire, mais en voyant cet épisode, j’ai eu le sentiment qu’il existe tout un monde surnaturel, et qu’il me manque seulement quelques clés pour y accéder et le comprendre. La série fait l’effet d’avoir une mythologie à la fois obscure pour le moment, et foisonnante.
Et puis, c’est aussi la réalisation. Ce n’est pas franchement parce que la série semble ne se dérouler que de nuit et/ou sous la pluie. Ce ne sont pas non plus les effets spéciaux, bien que réussis dans l’ensemble, comme en témoigne la créature horrible à laquelle Aleksandra va par inadvertance être confrontée sur la fin de l’épisode. Non, c’est qu’elle souligne surtout ce que j’ai dit sur l’exposition en elle-même : convenue, mais en fait, pas vraiment. Dans une scène au déroulé relativement prévisible, soudain la camera va s’arrêter pendant une seconde, pas plus, sur un plan saisissant une émotion bien particulière, mais instantanément transmise. C’est le visage de la vendeuse à la supérette du coin, ou l’expression d’anxiété de la créature qui garde Alex lorsque celle-ci est en danger, qui vraiment m’ont laissé une forte impression. Krakowskie potwory n’est pas là pour faire peur ou pas seulement.
Depuis mon visionnage du premier épisode, ce vendredi, je n’arrête pas d’y penser. Je sais que cette série va me faire faire des cauchemars si je la poursuis ; la seule raison pour laquelle ça ne s’est pas encore produit, c’est que je ne dors quasiment pas en ce moment. Et ça ne risquerait pas de s’arranger ! Mais rien à faire, je n’arrive pas à me l’ôter de la tête. Je n’arrête pas de voir le visage de l’ange gardien d’Alex s’affoler dans la voiture.
Si je suis trop fatiguée pour poster des reviews la semaine prochaine, faudra pas se demander d’où ça vient. Enfin, bon, la décision n’est pas encore prise…
» voir toutes les nuits une femme sans visage se pencher au-dessus de son lit, ça ne peut pas faire du bien au moral. » C’est pas bien de juger les gens sur leur physique comme ça u_u
Plus sérieusement, j’étais curieuse de te lire sur cette série d’horreur fantastique qui t’avait autant enthousiasmée, et ça fait super envie !!! J’adore quand on sent qu’on touche un monde du doigt et qu’il foisonne hors de notre regard !
J’ai toujours pas décidé si j’allais poursuivre (en plus la semaine a été chargée avec Séries Mania), mais j’y pense toujours…
C’est pas le physique le problème, c’est l’absence de XD Tu sais, comme dans cette scène dans le pilote de Pushing Daisies : « Do I have something right here ? »/ »No, there’s nothing right there ».
…. J’ai commencé le pilote de Pushing Daisies y a une dizaine d’années (je crois) et je l’ai jamais terminé, du coup je vois pas ;A; Je suis désolée de te ré-avouer cette chose si décevante 🙁
En fait ya un type qui s’est fait arracher la moitié du visage, que Ned le Piemaker ressuscite, et ne peut s’empêcher de fixer parce qu’évidemment c’est glauque. Et le « mort » pointe sa partie du visage manquante et fait : « J’ai un truc, là ? ». Et, non, il n’y a littéralement rien là 😛
…Et je ne ferai pas d’autre commentaire sur ce réaveu.