S’il vous est déjà arrivé d’avoir votre curiosité piquée par une affiche intrigante, un titre énigmatique, et/ou un synopsis mystérieux… tout ça pour réaliser 45 minutes plus tard que vous n’avez pas du tout aimé le premier épisode, alors vous avez, en quelque sorte, partagé mon expérience devant Katakomben, une série dont le titre lui-même semblait être tout un programme.
La série allemande, lancée au printemps dernier par la plateforme Joyn, me faisait saliver de par son matériel promotionnel original, reflétant le fait qu’une grande partie de son intrigue tourne autour des bas-fonds de Munich. Lorsque j’ai enfin réussi à mettre la main dessus, je n’étais que joie. Et, hélas, les choses se sont compliquées à partir de là.
C’est-à-dire qu’au vu de ce premier épisode, je sens bien que Katakomben essaie de nous dire quelque chose. C’est juste que je ne suis pas convaincue qu’elle sache quoi.
Reprenons : plusieurs adolescentes ont décidé d’aller faire la fête après avoir reçu une invitation pour une rave organisée dans les sous-sols de la gare centrale de la ville. Parmi elles, Nellie Mahler, qui souffre de l’isolement depuis que sa mère est devenue conseillère municipale et dédie toute sa vie au travail ; Max Mahler, son frère, qui à l’opposé se contente de profiter de leur nouvelle maison et de faire la fête ; Maya-Florence Mühlberg, la riche petite amie de Max ; ou encore Janosch Seiler, le meilleur ami de Nellie et un influenceur qui a toujours le portable à la main.
Katakomben établit pas mal de choses d’entrée de jeu, notamment le fait qu’une des raisons pour lesquelles Anna Mahler n’a plus vraiment de temps pour Nellie et Max tient à une explication pour le moment inconnue de tous : elle a obtenu sa nouvelle maison grâce à la « générosité » d’une certaine Mme Gordon, une architecte-urbaniste qui entend gagner un appel à projet relatif à la gare de Munich, et fait chanter la conseillère municipale pour l’obtenir. C’est quelque chose que la série aurait pu ne révéler que très progressivement, mais ici on nous délivre l’information pendant les 10 premières minutes de cet épisode inaugural. Cependant, pour l’essentiel, ce premier épisode se concentre surtout sur la perspective de Nellie, qui ne peut compter que sur Janosch pour lui tenir compagnie. Elle semble personnifier la « pauvre petite fille riche », et à un moment je crois que Katakomben aurait voulu que nous la prenions en pitié (voire même que nous nous identifions à elle), mais c’est absolument impossible tant ses préoccupations sont, au final, parfaitement futiles. La voilà en effet qui finit par se bourrer au champagne avec Janosch avant d’aller rejoindre la rave, qui évidemment a le frisson de l’interdit puisque c’est une fête illégale. Elle y va séparément de Max, mais retrouve son frère sur place, lequel est évidemment accompagné de Maya-Florence, ainsi que de son pote Wenzel ; toutes les trois sont d’ailleurs bourrées ET ont consommé des drogues, ce qui les rend encore plus insupportables qu’à l’ordinaire.
En parallèle, la série nous présente un autre personnage qui semble déconnecté de cet univers : Magdalena Kaltbrunner, agente de police qui mène une enquête dont on sait peu de choses, mais qui vraisemblablement n’a pas l’aval de sa hiérarchie pour le faire. Ses investigations vont la conduire, elle aussi, dans l’univers souterrain des catacombes de Munich.
C’est alors que se produit le pire : un feu se déclenche pendant la rave, provoquant la panique des jeunes présentes (qui, pour la plupart, ne sont évidemment pas dans leur état normal). La bousculade qui s’en suit est chaotique, et à la surface, alors que lentement les secours s’organisent, on commence à évaluer les dégâts. Or, Max, Maya-Florence et Wenzel sont portées disparues, ce qui panique immédiatement Nellie… mais pas nécessairement pour les raisons qu’on pourrait imaginer. Magdalena, quant à elle, poursuit son enquête…
Katakomben voudrait nous dire quelque chose, mais un peu comme lors d’une conversation dans Lassie, j’avais le sentiment qu’on ne parlait pas le même langage. Il y a une volonté claire d’essayer de critiquer un certain style de vie, outrancièrement riche ; l’épisode insère par très petites touches des rappels sur l’extrême opposé de ce monde, la pauvreté étant omniprésente autour de la gare… et sous elle. Si la jeunesse dorée de Munich a fait la fête une nuit dans les entrailles de la ville, elle n’a pas réalisé qu’il y a une population qui y vit tout l’année. C’est clairement quelque chose que Katakomben veut explorer…
…mais c’est difficile à faire quand on passe 99% de son temps dans une superbe villa moderne, avec des ados qui ivres de champagne, vêtues de fringues de luxe. Katakomben ne peut s’empêcher d’admirer le style de vie qu’elle semble vouloir faire mine de critiquer. Et quand bien même elle semble vouloir s’atteler à la corruption (via l’intrigue secondaire d’Anna Mahler) en matière d’aménagement urbain, elle persiste à le faire en plaçant des protagonistes riches dans une situation légèrement périlleuse, certes, mais sans danger de tout perdre comme ce peut être le cas pour les personnes vivant dans les souterrains de la ville.
Certains choix différents auraient pu contribuer à modérer cette impression, mais ils ont été écartés. Par exemple, faire de Janosch le point focal de la série plutôt que Nellie aurait été intéressant, car il a une position plus surprenante qu’il n’en a l’air dans cet équilibre. Passer plus de temps avec un personnage vivant dans les catacombes aurait également été une excellente solution, même si cet aspect peut encore s’améliorer dans les épisodes suivants. Je ne suis pas pro-séries policières, mais même adopter le point de vue de Magdalena aurait été plus courageux. Globalement, faire le choix de traiter ces riches comme des intruses, plutôt que partir du principe que les spectatrices vont s’identifier à elles, aurait été, sous quelque forme que ce soit, une meilleure solution…
Pour le moment, Katakomben est trop intéressée par l’ennui terrible d’une classe sociale qui a tout mais n’a envie de rien de substantiel, pour accomplir quoi que ce soit. Sa fascination pour la rave, plutôt que la façon dont la fête a été vécue par celles qu’elle a dérangées, trahit son manque de volonté de réellement oser dire quelque chose sur le sujet qu’elle s’est choisi. A ce tarif-là, c’était pas la peine.
Argh quel dommage quand tu voulais quelque chose et que le résumé était plus alléchant que le plat final. En espérant que ce soit pour la prochaine fois.
Ou alors la prochaine fois j’apprendrai enfin ma leçon, et arrêterai d’avoir des attentes XD