C’est pour ton bien

31 janvier 2022 à 22:07

Comme je le laissais entendre dans ma rétrospective de 2021, l’une de mes bonnes résolutions cette année est de dénicher plus de séries africaines. Sur les bons conseils de Najat, me voilà donc à me pencher sur Marodi, une société de production sénégalaise qui vend ses séries à des chaînes mais les propose aussi sur Youtube.
J’avoue qu’à part Maîtresse d’un homme marié, je n’avais jamais vraiment fait attention à leurs séries. Or, la semaine dernière Marodi a lancé Emprises (à raison de deux épisodes par semaine), une nouvelle série qui me donne donc l’occasion parfaite de mettre au jus.

Rama est la matriarche d’une famille aisée, qu’elle a entièrement portée sur son dos pendant des années. Aujourd’hui ses enfants ont grandi et commencent à avoir juste un peu moins besoin d’elle, mais elle est toujours présente dans leurs vies.
Pape Demba a réussi dans les affaires ; pendant ce premier épisode, il est même promu à un poste d’importance au sein de sa société. C’est un homme marié, heureux en amour ; il faut dire que son épouse Diary est parfaite en tous points. Sérieusement, j’ai dû mettre l’épisode en pause.
Ouly a fait un très beau mariage : elle a réussi à mettre le grappin sur Mansour, un homme riche, dont elle est devenue la quatrième épouse il y a seulement six mois. La lune de miel est loin d’être terminée, au point de rendre jalouses les autres femmes de Mansour.
Quant à la plus jeune, Marie Thérèse, elle est encore étudiante, ce qui devrait la promettre à un brillant avenir également. Hélas, elle est celle qui a les rapports les plus tendus avec Rama, n’ayant jamais totalement digéré l’absence de son père.

Car en effet, il y a un peu anguille sous roche : au tout début de l’épisode, Rama nous a été montrée dans une position compromettante. Emprises semble suggérer qu’elle a tué le père de ses enfants, mais ne le confirme pas dans ce premier épisode, pas plus que les circonstances, qui semblent indiquer de la légitime défense. De toute façon tout le monde (sauf Marie Thérèse) se comporte comme si le père n’avait jamais existé. D’ailleurs la série démarre le jour de la fête des mères, qui est une nouvelle occasion de porter aux nues (et couvrir de cadeaux) la matriarche, dont on ne cessera de vanter le courage et l’abnégation au passage.
Emprises ne veut, toutefois, pas seulement jouer sur cette ambivalence. Plus l’épisode progresse, plus il devient clair que la série veut montrer la main-mise de Rama sur la vie de sa progéniture. C’est, après tout, ce que suggère le matériel promotionnel (simple mais particulièrement réussi) de la série.

Sous ses airs de primetime soap, Emprises s’intéresse donc au rôle de cette mère. Une mère que ses enfants aime, et probablement vice-versa ; en tout cas, comme l’indique à plusieurs reprises cet épisode d’introduction, elle prend son rôle au sérieux. Ce n’est pas exactement une mauvaise mère, mais c’est, de toute évidence, une mère imposante, voire envahissante. On la verra conseiller Ouly sur la façon de mener son mariage, et sa façon de la pousser à faire un enfant dés que possible n’est pas que l’expression d’une femme qui veut des petits-enfants : c’est une femme calculatrice, prête à tout pour obtenir ce qu’elle considère être le succès… à travers ses enfants. Potentiellement, ça fait d’elle une femme dangereuse.
Dans cette introduction, certaines intrigues secondaires m’ont totalement indifférée (mais si vous avez aimé Big Love, il y a de quoi vous intéresser). Mais certains indices laissent penser que les fruits ne sont pas tombés loin de l’arbre, et que la génération élevée par Rama a hérité d’elle quelques habitudes. Ouly, en particulier, semble prête à tout pour obtenir l’exclusivité des affections de son mari. Et j’espère que Diary s’achètera une bonne paire de cisailles de jardinage pour ce que Pape Demba s’apprête à faire.
Si ce genre d’intrigues soapesques vous intéresse, je ne saurais que trop vous recommander de jeter un oeil à Emprises. Personnellement ce n’est que modérément ma came, mais je reconnais que l’angle choisi, et ce personnage de mère ambigu, ont plus que du mérite.


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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

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