On a toutes des défauts, et l’un des miens est de prétendre être curieuse. Un jour comme aujourd’hui, je réalise à quel point c’est faux. La réalité, c’est que plus je regarde de séries et plus mes goûts semblent se restreindre. Il y a encore quelques années ça ne m’aurait pas dérangée de regarder le premier épisode de la série Hotel Portofino ; et quelques années avant cela, peut-être même qu’elle m’aurait plu. Mais voilà : me mettre devant cet épisode a été un véritable défi aujourd’hui. Ou plutôt, rester devant.
Hotel Portofino répond au besoin de pas mal de spectatrices britanniques en ce mois de janvier gris, froid, et, si j’en juge par le thème récurrent de ma timeline sur Twitter, beaucoup trop long : c’est une série ensoleillée qui transporte ailleurs. Bon, certes. Mais au-delà de ça…
Pour résumer, Hotel Portofino se déroule à la fin des années 20 en Italie, dans un hôtel (je vous laisse deviner son nom) tenu par une famille britannique, les Ainsworth, et réservée à une clientèle anglophone de la haute société.
L’endroit a ouvert il y a quelques mois seulement, et semble être surtout le projet de Bella Ainsworth, qui prend très au sérieux son rôle de manager au quotidien, faisant tourner l’établissement avec quelques employées. Son mariage avec Cecil Ainsworth semble être essentiellement une affaire de raison, et d’ailleurs lui-même ne s’intéresse vraiment ni à elle, ni à l’hôtel, dont il s’absente régulièrement. Leur fille (Alice, je crois ?) vit avec sa propre fille sur place, et semble assister sa mère ; une nourrice sera embauchée en cours d’épisode pour l’aider, mais on passe peu de temps sur ce personnage. La série est en revanche très intéressée par leur fils Lucian. Le jeune homme est revenu des tranchées avec des blessures physiques mais surtout psychologiques, dont il ne se remet pas. Evidemment à l’époque il n’est pas question de diagnostiquer un PTSD, mais clairement il a du mal à remonter la pente, se réfugiant dans des litres d’alcool et des mœurs dissolues ; quand la série démarre, l’un de ses plus proches amis Anish Sengupta, également vétéran, lui rend visite.
L’hôtel accueille quelques clientes : la snob et désagréable Lady Latchmere, accompagnée de la jeune Melissa ; Jack Turner, qui (scandale !) est venu passer son séjour avec une jeune femme racisée, Claudine ; le comte Carlo Albani et son fils Roberto (ils sont anglophones alors ils ont le droit de rester). Dans cet épisode, arrivent également Julia Drummond-Ward et sa fille Rose.
Par sa mise en place mais aussi ses choix esthétiques, Hotel Portofino évoque des séries comme The Durrells ou Indian Summers : beaucoup d’escapisme et un peu d’Histoire. Vraiment juste un peu. Cela se caractérise par l’apparition d’un personnage italien, Danioni, encore mineur pour le moment mais dont la fin d’épisode indique qu’il va prendre de l’importance, entre autres parce qu’il milite au parti fasciste. Mais globalement, il ne faut pas attendre grand’chose de la série dans le domaine historique, hors cette problématique et les flashbacks de la Première guerre mondiale dont souffre Lucian : dans des séries comme Hotel Portofino, l’Histoire est tout autant source d’exotisme que la destination.
Si on lui retirait le côté pittoresque de l’Italie, peu de ses intrigues seraient pour le moment changées. Une grande partie de l’épisode est ainsi consacrée à parler du mariage que les Ainsworth sont en train d’arranger avec les Drummond-Ward, pour unir Rose et Julian. L’idée n’enchante ni l’une ni l’autre. Par contre, Cecil est particulièrement investi dans cet arrangement, qui semble porteur aussi bien financièrement (et les finances du couple en ont bien besoin) qu’à d’autres égards, puisque Julia est… une ancienne conquête. Le monde est petit, surtout quand on est un aristocrate. Très occupée par son cher hôtel, et plus encore par ses propres affaires de cœur (elle est éprise d’un autre), Bella ne commence à ne s’apercevoir qu’il y a un loup que dans ce premier épisode.
Tout cela est très Downton Abbey, et la série ne s’en cache pas vraiment (et ça me rappelle que j’ai toujours pas touché au premier épisode de The Gilded Age, mais bon au point où on en est, ça peut attendre quelques jours de plus). Pourtant, sur le papier, les résumés de Hotel Portofino parlent de meurtre et de mystère (j’ai vu une comparaison avec du Agatha Christie !), c’est juste que pour le moment on n’en voit pas la couleur. D’autres séries auraient casé quelque chose à ce sujet dans leur premier épisode, histoire de piquer notre intérêt, mais non. Hotel Portofino ne mange pas de ce pain-là.
Avec le recul, je ne sais pas trop à quoi je m’attendais. Peut-être que si j’avais uniquement eu l’impression de voir une série colorée dans un hôtel d’Italie, ça serait mieux passé. Mais les intrigues sur le mariage arrangé m’ont proprement assommée ; en outre j’en ai tellement marre des séries historiques où ya un personnage codé gay qui secrètement en pince pour un hétéro, ça va bien quoi, on a fait le tour du sujet, essayez de vous renouveler un peu.
Du coup, moi j’ai perdu une heure de mon temps (plus la rédaction calamiteuse de cette review) aujourd’hui, et je ne vous recommande pas d’en faire autant. Enfin, si, à la rigueur, si vraiment vous avez besoin d’un truc creux et copiant cent autres séries, Hotel Portofino est pour vous.
C’est intéressant ce que tu dis sur l’évolution de tes goûts parce que je regarde moins de séries que toi (même si j’en regarde quand même beaucoup xD), mais ce genre de séries, j’en aurais mangé des tonnes il y a quelques années encore, mais je suis comme toi et ce que tu en dis ne me donne pas envie d’aller y jeter un coup d’œil.