POUR VOUS OFFRIR UNE REVIEW REFLÉTANT PARFAITEMENT MON IMPRESSION DU PREMIER ÉPISODE DE GOOD SAM, IL FAUDRAIT IDÉALEMENT QUE JE CRIE TOUT DU LONG.
PARCE QU’AVEC LA MUSIQUE SEPT CENT DOUZE FOIS PLUS BRUYANTE QUE LES DIALOGUES, C’EST À LA FOIS CE QUE LES PERSONNAGES AURAIENT DÛ FAIRE POUR QUE J’ENTENDE CE QUI SE DISAIT, ET À LA FOIS LA FAÇON DONT JE ME SUIS EXPRIMÉE PENDANT DEUX HEURES APRES LE VISIONNAGE, VU QUE J’ÉTAIS DEVENUE SOURDE. VRAIMENT, JE NE SAIS PAS QUI ÉTAIT EN CHARGE DU MIXAGE SUR CE PILOTE, MAIS PAS MERCI. DANS CERTAINES SCÈNES, JE N’AURAIS PAS SURVÉCU SANS SOUS-TITRES. VRAIMENT, IL Y A DES SÉRIES MAUVAISES ÉLÈVES SUR CE PLAN, MAIS J’AI RAREMENT VU (OU ENTENDU) PIRE. MÊME CHEZ LA CW, ON N’OSERAIT PAS, D’AILLEURS ON N’A PAS OSÉ À CE POINT DANS EMILY OWENS, MD.
…Bon, j’ai pitié de vous, donc tout bien pesé je vais écrire le reste de cette review normalement. Mais sachez que le cœur y est.
Imaginez que Dr. Gregory House ait une fille (la pauvre), et qu’une fois adulte elle suive la même voie professionnelle que lui. Eh bien dans les grandes lignes, Good Sam, c’est une série sur cette fille… mais quand même un peu beaucoup son père.
Dr. Samantha Griffith a tout dans la vie, sauf l’approbation du seul homme qui compte réellement : Dr. Rob « Griff » Griffith, chef du service de chirurgie thoracique et cardiovasculaire d’un grand hôpital du Michigan. Celui-ci est sévère avec tout le monde, mais surtout avec elle. Malgré cela (ou, plus vraisemblablement, à cause de cela), elle travaille dans le même hôpital que lui, directement sous son autorité : Sam supervise les résidentes en chirurgie qu’il est en train de former, officiant comme n°2 du service.
Parmi ces résidentes se trouvent Lex, la meilleure amie de Sam, ainsi que Caleb, avec lequel notre héroïne entretient une relation apparemment assez sérieuse. Suffisamment sérieuse pour qu’elle envisage de faire des plans avec lui pour le futur… du moins jusqu’à ce que ce dernier panique. Les autres membres de l’équipe sont plus anecdotiques : Isan le chirurgien au grand cœur, et Joey qui ne rêve que de la vie confortable de chirurgien esthétique.
En outre, Sam et Griff ne sont pas les seules personnes à exercer dans cet hôpital : Vivian, la mère de l’une et l’ex-femme de l’autre, occupe un poste de direction.
Good Sam met un point d’honneur à montrer que les tensions entre le père et la fille ne sont pas simplement une question générationnelle. Les deux protagonistes sont radicalement opposées dans leur pratique de la médecine, et pas simplement de la chirurgie. Le père est le stéréotype du chirurgien vivant pour la compétition, peu intéressé par les patientes et uniquement par les cas médicaux, et obsédé par la performance (et donc avec un ego gigantesque) ; la fille, par contre, est une team player diplomate, utilisant l’empathie pour parler avec mais aussi écouter ses patientes, et se remettant perpétuellement en question. Bonjour les rôles genrés, au passage.
Sauf qu’un beau jour, par un prétexte quelconque dont on ne reparlera probablement plus jamais, Griff Griffith est plongé dans le coma. Sam prend naturellement sa place dans la hiérarchie de l’hôpital… jusqu’à ce que 6 mois plus tard, il se réveille en s’attendant à ce que les choses reviennent à la normale. Or, évidemment, Dr Griffith père n’est pas en mesure d’opérer à nouveau ; en fait, il doit même être supervisé par un pair spécialement assigné à vérifier ses capacités à reprendre un scalpel. Naturellement, Griff demande à Sam (ou plutôt passe par Vivian pour lui demander) d’agir comme sa surveillante, pensant certainement pouvoir obtenir d’elle qu’elle signe ce dont il a besoin plus vite qu’un autre proctor… sauf qu’en l’espace de 6 mois, Sam Griffith pense s’être affirmée suffisamment pour lui tenir tête. Elle accepte, mais en s’imaginant avoir de l’autorité (entre autres due à son poste) qui lui permette de ne plus se laisser marcher sur les pieds.
Voilà en tout cas l’idée de base, même si évidemment, pendant ce premier épisode, Sam va découvrir qu’elle se faisait quelques illusions sur sa capacité à faire basculer une dynamique vieille de plusieurs décennies en l’espace de 6 mois.
Il y a quelque chose d’agaçant dans ce premier épisode de Good Sam, et ce n’est pas que son volume musical. Même si ça aussi.
Ce n’est que le premier épisode, et la série est déjà complètement embourbée dans son « tout le monde peut avoir raison ». Good Sam est focalisée sur son but : réconcilier le père et la fille, ce qui ne serait pas la pire idée au monde (bien que peu surprenante), si au moins cet épisode ne versait pas dans le bothsiderism médical : chaque fois que Sam et son père s’affrontent sur un point particulier du cas médical du jour, quelqu’un va avoir raison, le prouver à l’autre, et faire lui concéder ses torts. Sauf que quand Griff a raison, c’est sur un point purement technique, parce qu’il a les connaissances médicales et l’expérience qui se prêtent à reconnaître des choses qui échappent à Sam et ses résidentes ; quand Sam a raison, c’est uniquement sur le plan humain (même si ses interactions empathiques avec le patient lui permettent de décrocher une information importante, elle est moins orientée sur l’angle médical). Du coup c’est facile que tout le monde ait raison quand on ne parle pas de la même chose ! Et puis surtout, ça donne l’impression que tous les épisodes à venir vont jouer à ce va-et-vient entre « non mais moi je sais » et « peut-être mais moi je suis gentille », et ça me lasse d’avance. C’est la fonction primaire d’un premier épisode (a fortiori pour une série médicale) de décrire la formule autour de laquelle la série va se construire par la suite ; même si on aura immanquablement droit à des variations, Good Sam pose les bases d’une dynamique paresseuse.
En outre, l’épisode reconnaît ouvertement que son postulat, c’est que Sam a encore besoin de progresser en médecine (alors qu’elle était jusque là numéro deux du service ? …okaaaaay) avant de devenir une bonne chirurgienne ; mais ne vous inquiétez pas, au contact de son insupportable père, elle va s’améliorer. Alors oui, elle se prépare aussi à s’affirmer vis-à-vis de lui, chose qu’elle n’avait encore jamais vraiment faite mais… c’est super infantilisant. Sam aurait vraiment dû accepter le poste dans je ne sais plus quelle autre ville, jamais on ne l’y traiterait comme une vulgaire apprentie.
Tout cela aurait pu, dans une réalité parallèle, donner une série intéressante. Good Sam fait mine de parler d’assertion : une fille qui démontre qu’elle est une adulte, et l’égale de son père. Mais dans la pratique ce premier épisode prouve que pour pousser ces deux personnages à interagir, la série n’a rien trouvé de mieux que d’insister au contraire sur ce qu’elle a encore à apprendre de lui. Mais pas l’inverse ! Aucun signe dans ce premier épisode que Griff va apprendre l’empathie en parallèle ! Comme toujours quand on fait comme si tous les avis se valaient, ce qu’on veut dire c’est qu’il y a en fait un avis qui vaut plus que l’autre…
Et comme si ce n’était pas assez irritant, Good Sam a en plus décidé de s’aventurer sur les terres de Grey’s Anatomy avec ses autres intrigues personnelles. On fait là encore dans le cliché le plus total, parce que tout ce petit monde vit à l’hôpital, dort à l’hôpital, et bien-sûr baise à l’hôpital.
Ainsi, pendant les 6 mois du coma de papa Griffith, Sam a aussi plaqué son mec, Caleb, qui semble depuis à la dérive et a l’air de vouloir recoller les morceaux. Pas de chance : elle va rencontrer dans ce pilote Malcolm, un nouvel enjeu amoureux, et je vous parie qu’on va avoir au moins quelques épisodes de triangle romantique, d’autant que le nouveau personnage n’est pas juste riche et séduisant, il est aussi (par la force du Saint-Scénariste) devenu un membre du personnel. Ce qui est une manie. Le simple fait que toute la famille Griffith travaille dans le même hôpital (ya qu’un seul hosto dans tout le Michigan ?!) n’était pas suffisant, apparemment ! A plusieurs reprises, c’est en fait Vivian qui va agir comme tampon entre Griff et Sam, ou comme conseillère (à croire qu’une directrice n’a rien d’autre à foutre que materner les gens à longueur de journée). Il faut aussi que Papa Griffith ait des coucheries avec… ma foi, le seul autre personnage féminin vaguement susceptible de coucher avec lui, donc ni sa fille ni son ex-femme (ç’aurait été tellement plus original si au moins il s’était tapé un des mecs de l’équipe…).
Bref tout ce petit monde va s’écharper entre deux séquences de diagnostic différentiel, sur de la musique (forte) que n’aurait pas renié l’épisode le plus hallucinatoire de Desperate Housewives. Le ton de la série ne semble d’ailleurs pas se décider, essayant désespérément de rendre plus légères des scènes quotidiennes qui n’ont pas à l’être (et les dialogues ne sont pas toujours au courant), puis noyant des scènes médicales sous un thème à suspense (où on n’entendra donc pas ce qu’il se dit, et ne ressentira donc aucun enjeu).
Vous dire que j’ai eu une mauvaise expérience de ce premier épisode relève donc du doux euphémisme. Et ça m’énerve parce que j’aime beaucoup Sophia Bush, j’aime bien Jason Isaacs, et j’aime tout court les séries médicales… mais là franchement, il n’y a pas assez d’argent au monde pour me payer à regarder les épisodes suivants.
« j’aime beaucoup Sophia Bush, j’aime bien Jason Isaacs, et j’aime tout court les séries médicales » – On se comprend. Bon, bah je n’irais pas y jeter de coups d’œil si je tombe dessus parce que ma mère regarde s’il y a une diffusion française et que ma mère regarde. Cela dit, Wikipedia me dit qu’elle a été annulée après une saison. Tant mieux, on verra les acteurices dans une autre meilleure série (on l’espère).