Friendtopia

23 décembre 2021 à 22:59

Comme je refuse le concept-même de « retard » en téléphagie, me voilà au mois de décembre à commencer une série dont tout le monde a parlé au printemps. De toute façon, c’est pas comme si les séries s’auto-détruisaient au bout de quelques mois !

We Are Lady Parts est une série dont j’ai en effet entendu beaucoup de bien, mais avec la tentative de visionnage de Girls5eva (puissamment pas drôle), puis le lancement Queens (dont j’ai un peu plus apprécié la tendresse mais qui restait basique), les groupes de musique, j’avais l’impression d’en faire le tour. Vraiment, ça ne me disait vraiment rien de tenter une troisième série sur ce thème, quand bien même le buzz n’en finissait pas de m’y inciter. We Are Lady Parts, bien-sûr, est un peu différente : contrairement aux deux séries que je viens de citer, elle ne s’intéresse pas à un groupe qui se reforme, mais à un groupe qui est en train de se constituer. Cependant, ce n’est pas sa plus grande originalité.

S’il s’agit bel et bien d’une série sur plusieurs jeunes femmes, c’est la perspective de l’une d’entre elles, Amina, qui a les faveurs de ce premier épisode (et, je le présume mais n’y ai pas encore jeté un oeil, des suivants aussi). Amina est brillante (elle étudie la microbiologie), passionnée (par la guitare ; elle donne d’ailleurs des cours), drôle (même si parfois seules ses parents semblent l’apprécier)… Le problème c’est qu’elle a une personnalité juste un tout petit peu trop loufoque pour être considérée comme l’épouse potentielle idéale, et qu’elle n’arrive pas à trouver chaussure à son pied. Dans sa quête de l’âme sœur, ou au moins d’un homme voulant bien d’elle (baby steps), elle se sent d’autant plus isolée que tout son entourage semble, lui, engagé hors de la voie du célibat. Et ça, ça la désespère plus que tout : cette solitude face à une période de sa vie où personne ne semble vivre la même chose qu’elle.

Dans ces circonstances, Amina semble donc vivre beaucoup dans sa tête, mais cela va changer. Elle croise en effet (totalement par hasard) le chemin de quatre autres jeunes femmes qui, elles, ont un tout autre objectif que la romance. Saira, Ayesha, Bisma et leur manager Momtaz ont en effet créé le groupe punk Lady Parts, et y consacrent tout leur temps libre. Sauf que Saira, la charismatique leader du groupe, a décrété qu’il manque quelque chose à leur son, et qu’il leur fallait absolument recruter une guitariste.
Alors naturellement, le premier épisode de We Are Lady Parts ne fait pas beaucoup de mystère sur le fait qu’Amina d’une part, et Saira, Ayesha, Bisma et Momtaz d’autre part, vont finir par jouer ensemble. De toute façon, le suspense n’est pas exactement sa préoccupation centrale : la série essaie plutôt de dépeindre, avec humour et énergie, les vies de ces vingtenaires londoniennes, avec leurs hauts, leurs bas… Et ce premier épisode, qui pourtant devrait être alourdi par les contraintes d’un épisode d’exposition, le fait avec une légèreté incroyable. On se laisse emporter dans ces portraits de personnages gentillement excentriques ; des jeunes femmes profondément imparfaites, essentiellement parce que leurs vies sont imparfaites, mais qui, chacune à leur façon, font leur possible pour en tirer le meilleur.

Pendant les mois qui ont séparé son lancement de mon visionnage, j’avais entendu des choses sur We Are Lady Parts. Ce qui revenait le plus souvent (à part des épithètes dithyrambiques), c’était qu’aux yeux de beaucoup, la série avait le mérite de mettre en scène un groupe de jeunes femmes musulmanes très différentes les unes des autres ; et oui, évidemment, à la télévision occidentale ça fait un bien fou de voir qu’il y a de la place pour plus d’un archétype pour ce genre de personnage. On ne peut certainement pas dire que ça arrive tous les jours. Rien que l’existence d’Amina (à plus forte raison en tant que protagoniste centrale) est rarissime ! Et je suspecte que pour certaines spectatrices encore plus que pour moi, ç’ait beaucoup de valeur.
Mais je crois que ça joue un peu en défaveur de la série d’en parler (presque) toujours sous cet angle, parce qu’elle a vraiment plein d’autres qualités. Il y a eu notamment une séquence musicale pendant ce premier épisode qui m’a laissée… écoutez, le mieux que je puisse faire pour vous décrire ma réaction, c’est rappeler à votre bon souvenir la tête des Showrunners devant le trailer de Crazy Ex-Girlfriend. D’ailleurs, ce n’est pas la seule raison pour laquelle We Are Lady Parts m’a rappelé Crazy Ex-Girlfriend, il y a une volonté commune d’utiliser la musique pour dire des choses finalement très intimes sur ce que c’est que d’être une jeune femme aujourd’hui (bon, la série américaine est plus saucy que la britannique, mais vous saisissez l’idée), et ce, sans hésiter à tenir des propos féministes ouvertement politiques, allant au-delà d’un girl power simpliste. Sans compter que We Are Lady Parts semble vraiment se réclamer haut et fort de la tradition des sitcoms blue collar britanniques… Bref, je comprends complètement qu’on soit extatique à son sujet, c’est juste dommage de se focaliser uniquement sur le côté «  » »diversité » » » et la musique, quoi.

En tout cas, pas mécontente d’avoir refusé de finir l’année sans avoir tenté We Are Lady Parts, et je vais probablement combler mes lacunes à son sujet dans les jours qui viennent. Comme quoi, ça a du bon parfois d’attendre le moment pour regarder une série quand on le sent.


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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

3 commentaires

  1. Piou dit :

    Tellement d’amour pour cette série, et assez d’accord sur le fait qu’il y a tellement de ses qualités qu’il faut mettre en avant pas les une ou deux les plus citées

    • ladyteruki dit :

      Les voix les plus audibles (surtout que je lis plus de critiques américaines qu’autre chose) sont souvent celles qui bloquent sur la «  » »diversité » » ». Les choses évoluent lentement et de plus en plus de critiques américaines sont écrites par des personnes racisées, qui vont au-delà de cela, mais encore très souvent, on reste sur le « c’est la première série XYZ ! »/ »pour la première fois des protagonistes ZYX ! » qui ne rend service à personne.

  2. Tiadeets dit :

    Vraiment je suis hypée depuis la première bande-annonce pour cette série et pourtant, je n’ai pas encore regardé la série. Vraiment il faut que je rectifie le tir.

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