It’s not much, but it’s home

5 décembre 2021 à 16:27

Dans la famille Finley-Cullen, on porte la dysfonction comme une médaille d’honneur. Si votre vie est un bordel innommable, vous n’avez jamais quitté votre ville natale, vous ratez tout ce que vous n’entreprenez même pas, et vous cumulez les mauvaises décisions ? C’est normal, vous êtes une Finley-Cullen. Il ne saurait en être autrement.
Pas étonnant que dans cette famille, la sœur aînée Lidia passe pour le mouton à cinq pattes. Partie de la demeure familiale pour poursuivre des études d’architecte, elle vit désormais à New York avec son riche mari et ses enfants. En bref, elle n’a plus rien d’une Finley-Cullen. Ou bien ?

Moonshine démarre alors que Lidia revient dans sa famille à l’occasion des funérailles de sa tante Felicia. Elle n’est pas reçue avec froideur, mais une distance s’est instaurée, c’est certain. De toute façon ce n’est pas grave, elle ne va pas rester.
…Vraiment, vous y croyez ?

La série Moonshine doit son nom à Moonshine, la propriété : un camping de second zone, mais avec accès à une plage de la Nouvelle-Ecosse. Les touristes viennent, font la fête, repartent, et laissent derrière elles chaque année un établissement un peu plus décrépi. Ce sont les parents Finley-Cullen, Bea et Ken, qui sont à la tête du business familial depuis plusieurs décennies ; leur affaire a connu des hauts et des bas, mais malgré tout, elle semble tenir bon. Leurs enfants travaillent à Moonshine ou autour : Rhian, la demi-soeur de Lidia, perpétuellement de mauvaise humeur ; Nora, qui anime la radio locale ; Ryan, l’habitué des cures de désintoxication ; et Sammy, le petit frère adopté qui comme un caméléon, semble toujours là sans jamais qu’on le remarque trop. Il faut aussi compter sur Crystal, la petite amie de Ryan, une bimbo qui fait des ménages mais aspire à plus.

En dépit des circonstances qui ramènent Lidia dans sa famille, le premier épisode de Moonshine est plutôt gai : ce type d’événement familial, après tout, est aussi très souvent l’occasion de retrouvailles. Même si elle ne fait plus vraiment partie de leur monde, Lidia n’est pas détestée (à part peut-être par Rhian qui se sent depuis toujours en compétition avec elle), et en plus elle vient avec ses deux adolescentes, Eleanor et Finn, ainsi que son mari qui les rejoint un peu plus tard, urgence professionnelle oblige. C’est l’occasion pour tout ce petit monde de se réadapter les unes à la présence des autres, de se reparler aussi… et ainsi de découvrir que Bea commence à avoir des ennuis de santé dont elle n’avait jusque là pas trop discuté.
Cette introduction dans le monde des Finley-Cullen embrasse à pleine bouche le côté légèrement white trash de cette famille, et plus largement de toute la communauté qui vit au camping. On y fait la fête, on y fait de mauvais choix, et le lendemain matin, on est tellement occupée à gérer la gueule de bois qu’on passe à autre chose. Lidia n’a pas besoin de beaucoup de temps pour reprendre les vieux réflexes, un peu malgré elle, et apprécier ce style de vie moins haut de gamme, mais plus reposant. Et puis, elle ne va pas rester. S’pas ?

Ce n’est évidemment pas ce que le scénario a prévu pour elle. Moonshine nous apprend en effet que la fameuse tante Felicia possédait des parts de Moonshine (remontant à l’époque où Bea et Ken n’avaient rien d’autre pour payer les employées du camping)… 43% des parts, pour être précise. Et qu’elle a contre toute attente décidé de les léguer exclusivement à Lidia, évidemment.
Cela suscite, forcément, quelques réactions animées. Et au départ, Lidia entend bien se débarrasser de ses parts (en les distribuant à ses adelphes par exemple) pour aller reprendre sa vie normale à New York. Mais ça, c’est avant d’avoir la confirmation de quelque chose qu’elle pressentait depuis un moment : sa vie à New York est un ratage. Elle est des nôtres !

Il a plein de charme, ce premier épisode ; un charme chaotic good. La façon dont les personnages de Moonshine ont parfaitement accepté le chaos de leurs vies (individuellement ou ensemble) a quelque chose de touchant. La série se veut être une dramédie, et cultive des moments absolument absurdes (comme Eleanor décidant de relâcher des dizaines de homards pendant que le reste de la famille se relaie dans une gigantesque bagarre au bar attenant à Moonshine), mais d’autres aussi plus émouvants, comme lors des adieux à cette sacrée tante Felicia. A l’instar de beaucoup de séries en son genre, son credo est évidemment qu’il ne sert à rien d’aller chercher ailleurs ce qui a toujours été chez soi, et ce trope a souvent tendance à m’irriter d’ailleurs. Sauf que la série y ajoute aussi une intrigue sur le sort de Moonshine (je ne sais pas si on peut parler de Succession white trash, vu que je n’ai vu en tout et pour tout qu’un seul épisode de Succession, mais on est probablement dans un thème voisin), ainsi qu’un mystérieux secret sur les origines du lieu et/ou de la famille, à propos duquel on nous tease vers la fin de cet épisode.
A cela il faut ajouter un cast large de protagonistes totalement décomplexées, un cadre assez unique (Moonshine et ses propriétaires ont vraiment un côté hippie), et un bon sens du rythme, qui fait qu’il n’existe pas le moindre temps mort pendant ces 43 premières minutes. Ah, et il y a mon crush vieux de 15 ans sur Jennifer Finnigan, aussi.

Donc oui, j’ai vraiment bien aimé ce premier épisode, il a quelque chose de profondément jouissif sans jamais abandonner sa part d’humanité (alors que le matériel promotionnel pourrait vous laisser penser qu’il s’agit juste d’une comédie), aussi je suis bien contente d’avoir eu une opportunité de finir le brouillon de cette review avant la fin de l’année. C’aurait été dommage de passer sous silence ce mini-coup de cœur canadien.


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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

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