Elle est mignonne, la nouvelle dramédie mexicaine de Netflix ! Todo va a estar bien (soit Everything will be fine de son titre international) n’est pas exactement révolutionnaire, mais elle adopte une approche intéressante et un ton bien sympathique pour nous parler de ce qui, à nous grandes romantiques, envoie toujours du rêve !
J’ai nommé, bien-sûr, le divorce.
Le premier épisode commence les hostilités sur une scène assez glaçante, cependant : Ruy et Julia sont interrogées, séparément, par des assistantes sociales chargées de déterminer qui serait à même d’avoir la garde de leur fille Andrea après le divorce. Ambiance. D’autant que les questions sont très intrusives (apparemment au Mexique on n’a pas de problème avec l’idée que le nombre de partenaires sexuelles est en corrélation avec l’aptitude parentale), et que le procédé vient naturellement s’ajouter à une situation difficile.
D’ailleurs, cette difficulté ne vient pas simplement du divorce lui-même : Todo va a estar bien démarre alors que le couple a décidé depuis un moment déjà de se séparer, mais ne veut pas alerter leur fille. Pour préserver les apparences auprès d’Andrea, Ruy et Julia dorment donc toujours dans la même chambre (Ruy doit planquer son matelas pneumatique), et continuent leur vie familiale « comme avant ».
Sauf que bien entendu, rien n’est comme avant. Dans cette maison, on ne se parle plus, parce qu’on ne se supporte plus, quand bien même on a décidé de faire des efforts pour maintenir un semblant de normalité dans la vie de la petite. Andrea ne semble pas percevoir ce qui se trame : elle a quelque chose comme 6 ans, et le but est précisément qu’elle ne se rende compte de rien pour le moment… mais de toute évidence cela ne peut pas durer.
Todo va a estar bien est, évidemment, un titre de série qui ment : les choses ne vont pas bien se passer parce que c’est un divorce, et qu’un divorce, c’est forcément douloureux et compliqué, même avec les meilleures des intentions.
Todo va a estar bien se donne beaucoup de mal pour être une série s’adressant aux Millennials. Parce que son couple d’héroïnes a la trentaine, bien-sûr. Mais aussi en cultivant un côté un peu artsy, légèrement rebelle mais défraîchi. Ruy est un spécialiste de rock alternatif, qui n’a pas l’air d’avoir une vie professionnelle palpitante ni lucrative ; Julia est une dessinatrice dont le style ainsi que les convictions la portent généralement vers des projets peu rémunérateurs (même si, avec son collègue, elle est pour une fois en train d’essayer de décrocher un contrat un peu plus mainstream… mais qu’elle a quand même essayé de placer un clitoris et un penis dans son design !). Leur attitude légèrement anti-conventions a perdu en panache depuis leur mariage, que le générique détricote ; devenues des adultes, au quotidien comme dans leur vie professionnelle, il a fallu apprendre à faire des compromis. Et on sent, même si Todo va a estar bien n’explique pas (encore ?) les raisons du divorce dans ce premier épisode, que ça en dit long sur les dynamiques de ce couple. La désillusion va au-delà du seul mariage.
Avant de vous quitter, permettez que je fasse un petit aparté sur un passage un peu étonnant vers la fin de ce premier épisode, dont je me dois de parler. Julia se fait la réflexion (et nous la fait par la même occasion) qu’historiquement, le mariage, c’est de la merde. Qu’à l’origine il s’agissait d’une pratique permettant de vérifier la paternité des enfants, et donc de s’arroger la propriété des femmes, qu’ensuite l’institution a changé pour apporter des pressions supplémentaires aux femmes, et qu’au final, le mariage, on n’a toujours pas trouvé la bonne combinaison. Ce qui est un discours qui se comprend dans sa position. Mais c’est fait de façon bien particulière : là où le reste de l’épisode est dénué de voix-off, cette séquence est entièrement consacrée à écouter Julia s’adresser directement à nous. Qui plus est, ce bref historique de la question matrimoniale est entièrement animé !
Cette étrange parenthèse donne un peu l’impression qu’au départ, la série était supposée commencer par cette scène… Avant que finalement il ne soit décidé, au montage par exemple, que ce seraient les entretiens avec les assistantes sociales qui servirait d’exposition. Peut-être que je me trompe, que le but a toujours été de balancer cette scène peu avant la fin de l’épisode, mais elle sonne vraiment comme une introduction. Du coup, ça paraît un peu maladroit, ou en tout cas comme une cassure du rythme et du style de l’épisode, et je me demande ce qu’il en restera dans les épisodes suivants. Si Todo va a estar bien se ménage une scène de ce genre à chaque épisode, c’est un choix… sinon, c’est que c’était une maladresse.
Enfin bon, ce cas particulier mis à part, Todo va a estar bien produit quand même un effort honorable pour essayer de parler de divorce avec doigté, dosant son humour avec intelligence. Et du coup, c’est quand même un bon plan. Plus que certaines autres séries sur le divorce qu’on ne nommera pas ici, en tout cas.