Comment ça va en ce vendredi soir de février. Le moral ? Bon bah attendez de voir le programme du jour, puisqu’on va causer dystopie.
Et plus particulièrement dystopie allemande, puisque c’est du premier épisode de la dernière série en date de Netflix, Tribes of Europa (en anglais dans le texte).
Avant de me lancer, notons que c’est, encore une fois, de Netflix que nous vient une série allemande dite « de genre ». Après Dark, 8 Tage, SPIDES, Biohackers… on assiste vraiment à un incroyable phénomène de tout un genre complètement boosté par des acteurs récemment arrivés sur le marché (des chaînes du câble/satellite sont à inclure dans le lot) alors que dans le même temps, les chaînes historiques teutonnes continuent de copieusement ignorer la science-fiction. God, I see what you’ve done for others.
Tribes of Europa commence dans la joie et l’allégresse en nous apprenant que pendant l’année 2029, un gigantesque blackout surnommé Black December a plongé le monde dans le chaos. C’est neuf années plus tard que mes estimations mais soit. La série se déroule dans un futur post-apocalyptique où les pays que nous connaissons aujourd’hui ont alors disparu, et toutes sortes de micronations sont apparues pendant les décennies suivantes, qu’on appelle donc des tribus (comme la série emploie le terme anglais, et que ça colle avec le titre, j’emploierai dans cette review le terme de « tribe« ). Elles se font la guerre aux quatre coins de l’Europe pour prendre le contrôle du territoire, parce que pourquoi rompre avec des habitudes millénaires ? Et tout ça nous amène donc à notre intrigue, qui démarre en 2074.
Notre héroïne dans la série se nomme Liv, et elle vient des Origines, une tribe fondée par sa mère (aujourd’hui décédée) et dirigée par son père, vivant proche de la nature dans un village retiré dans la forêt, le Refugium. C’est tout ce qu’elle a connu, faisant partie de la première génération de sa tribe à naître et grandir dans la forêt, comme c’est également le cas de ses deux frères, Kiano l’aventurier qui ne rêve que de découvrir le monde, et le jeune Elja, fasciné par le monde d’avant et sa technologie. Les Origines sont pacifiques, refusant de prendre part aux conflits menés par les autres tribes… cela n’est évidemment pas voué à perdurer.
C’est le crash d’un appareil étrange qui vient semer la zizanie ; c’est une sorte de navette, qui ne ressemble à aucune technologie d’avant Black December, laissant penser que quelqu’un, quelque part, possède à nouveau une technologie avancée, voire même plus avancée qu’avant le blackout. Mais la question la plus pressante pour les Origines, c’est surtout de déterminer où est passé le pilote de l’engin, afin de s’assurer que personne ne viendra troubler la quiétude du Refugium. Pas de chance, une tribe particulièrement hostile, les Crows, sont à la recherche de l’appareil, dans l’espoir de mettre la main sur la technologie embarquée (ils suspectent que la technologie appartient à la tribe Atlantis). L’une des cheffes de guerre, Varvara, mue essentiellement par l’envie de gravir les échelons et plaire aux seigneurs des Crows, se lance sur la piste de ce pilote et n’hésite pas à laisser une trainée de sang dans son sillon. Visiblement, les Crows ne sont pas du genre pacifiques du tout du tout… Liv, Kiano et Elja s’apprêtent à voir leur vie complètement bouleversée, et forcés de s’impliquer dans le conflit entre les tribes.
Ce qui est fascinant avec Tribes of Europa, c’est que ce sujet de départ aurait pu se décliner de cent façons… et pourtant chaque fois qu’il y a un choix à faire, ce premier épisode va systématiquement opter pour le plus évident. La raison à cela n’est pas à chercher très loin : la série est un amalgame plutôt grossier de ficelles ayant fait leurs preuves dans d’autres fictions, que Tribes or Europa s’approprie histoire de ne surtout pas prendre de risques. C’est un peu la méthode Another Life, avec du post-apocalyptique au lieu du space opera.
Parfois on dirait que Netflix commande des remakes avant d’avoir commandé l’original, c’est assez dingue. La recette est si grossière, qu’on pourrait la trouver sur Marmiton :
Il y a du Revolution, il y a du Hunger Games, il y a du Mad Max, il y a du The 100, tout ça avec les décors et les costumes de Spellbinder. Tribes of Europa essaie, essaie très fort, de manger à tous les râteliers.
A un certain moment je me suis demandé si Tribes of Europa était supposée être une série pour la jeunesse, et puis j’ai vu les hectolitres de sang vers la fin de l’épisode et j’ai réalisé que non ; c’est généralement mauvais signe. Quand une série utilise le Wilhelm scream au premier degré en 2021, difficile de la prendre au sérieux ! Rien que la dégaine et le surjeu du Vilain Méchant, le Kapitan à la tête des Crows, ont de quoi faire douter de la démarche.
Alors je ne dis pas, il y a quelques scènes vaguement réussies, et les effets quelques spéciaux ne sont pas dégueulasses. Quand les Crows arrivent au Refugium, il y a une brève scène qui fonctionne vraiment bien, pendant laquelle le père de nos trois héroïnes tente de négocier une issue pacifique à la rencontre entre les deux tribes… c’était glaçant à souhait (bien plus que la scène de torture vers la fin de l’épisode). Pas original pour un sou, mais sur le moment ça fonctionne.
C’est un peu le drame en fait : tout ce qui tient à peu près la route dans ce premier épisode a été pompé ailleurs. Globalement tout n’est pas à jeter dans Tribes of Europa… mais la majorité l’est et ça reste quand même problématique parce que ce qui est bon vient d’ailleurs, et pour le même prix je préfère me refaire l’original, tant qu’à faire.
Et puisque le chaos n’a pas l’air d’attendre 2029, je suis pas convaincue de vouloir perdre mon temps avec des séries comme celle-là.
La série n’est pas arrivée dans mes recommandations Netflix, mais si elle finit par arriver, je lui passerai mon chemin.
« Parfois on dirait que Netflix commande des remakes avant d’avoir commandé l’original » Oh, jolie formulation !
Bon et sans surprise, je ne suis pas spécialement motivée à commencer cette série dont j’ignorais l’existence avant que tu en parles…