Ma première série scandinave de l’année n’est pas exactement une série policière (genre que j’ai décidé d’éliminer le plus possible de ma consommation), mais une enquête tout de même. Ecoutez, on fait avec les moyens du bord.
Equinox, c’est son nom (…alors qu’elle n’a même pas été lancée par Netflix un jour d’équinoxe, quelle arnaque) se déroule à deux époques en parallèle : 1999 et 2020. En effet de nombreux flashbacks sont disséminés dans ce premier épisode, permettant à son héroïne Astrid de se remémorer des faits vieux de plus de deux décennies alors qu’elle entreprend de résoudre un mystère ancien qui l’a touchée personnellement.
Ca me fait plaisir qu’Equinox soit apparue, parce que comme je n’avais pas vu la fin de Limetown, ça va me permettre de compenser. Les deux séries ont en effet pas mal de points en commun : elles sont toutes les deux nées sur des plateformes (Facebook Watch pour Limetown et Netflix pour Equinox), portent toutes les deux sur la disparition d’un groupe entier d’individus (une ville scientifique pour Limetown et un bus de lycéens pour Equinox), et ont même pour cadre narratif l’enregistrement d’un podcast d’investigation (un cadre narratif qui est dû au matériau-source qui a inspiré la série : un podcast). D’ailleurs je comprends pas comment un podcast initialement produit par la filiale audio de DR finit en série sur Netflix, mais bon. C’est pas mon dos, comme disent les jeunes.
Je vous rassure, il y a quand même des nuances.
A la fin de l’année scolaire 1999, Astrid n’a encore que 10 ans mais elle assiste aux célébrations autour de l’obtention du diplôme de fins d’études de sa sœur aînée, Ida. L’ambiance est étrange, Ida en particulier n’a pas l’air heureuse alors que c’est un jour supposément de fête, et la petite fille capte auprès de sa sœur et ses parents des sous-entendus dont elle ne sait pas à quoi ils se rapportent. Clairement, il se passe quelque chose, mais avec sa compréhension d’enfant, Astrid ne sait pas quoi.
Qui plus est, elle l’ignore, mais c’est la toute dernière fois qu’elle voit sa sœur : le bus dans lequel toute sa classe a embarqué est retrouvé quelques heures plus tard, totalement vide. Enfin, non, pas exactement. Trois élèves (dont le petit-ami d’Ida) sont toujours là, mais ils ne sont pas capables d’expliquer ce qui est arrivé aux autres. C’est comme s’ils s’étaient tous évaporés.
La vie d’Astrid n’a jamais été la même après ça. On ne commence d’ailleurs à en prendre la mesure que très progressivement, l’épisode initial d’Equinox ne nous en disant pas trop tout de suite. Ce n’est que vers la fin qu’on découvre que la jeune femme n’est pas simplement obsédée par la disparition de sa sœur (une obsession relacée par un appel au cours de son émission de radio, mais qui n’a jamais vraiment été éteinte), elle souffre aussi psychologiquement de troubles qui se manifestent depuis l’enfance. S’agit-il de cauchemars, d’hallucinations, ou d’autre chose ? La cause directe est-elle la disparition d’Ida ? Au fil de ce premier épisode, on peut présupposer certaines choses, mais il s’agit ici de ne surtout pas nous donner de réponse. L’épisode introductif d’Equinox n’est que cela : une introduction, pour nous plonger dans la psyché de cette femme qui n’a jamais fait le deuil de sa sœur ni de sa santé mentale.
Ce sont des angles présents de façon plus ou moins importante dans Limetown, donc. Alors quelle est la différence majeure ? Probablement le genre : Limetown lorgne du côté de la science-fiction, Equinox donne plus dans le fantastique (bien que se réservant, au moins pour le moment, une porte de sortie en accablant la santé mentale de son héroïne). Equinox a aussi un discours, au moins dans son premier épisode, plus tiède quant à la médiatisation d’une affaire étrange comme celle-ci, et prête finalement peu d’attention au temps qui passe, et qui émousse l’intérêt du grand public. Tout au plus pourra-t-on voir que les parents d’Astrid ont tenté de tourner la page bien avant elle, mais c’est bien tout. Le phénomène médiatique, et sa continuité à travers le podcast enregistré par l’héroïne, n’a pas l’air de faire l’objet de beaucoup d’attentions scénaristiques.
En toute honnêteté, ça fait presque deux semaines que je dors sur cette review. Je me promets d’essayer de regarder un ou deux épisodes supplémentaires d’Equinox, pour envisager une review de saison moins vague… et pourtant, rien à faire, je n’en ai jamais envie. Il y a plein d’autres choses qui me motivent bien plus.
Je vois ça comme un signe. Un signe que ma curiosité pour cette série et mon intérêt pour elle sont deux choses radicalement différentes. Un signe que je vais sans doute continuer de me faire des promesses encore un temps, puis complètement oublier l’existence d’Equinox. Cela m’est déjà arrivé avec de nombreuses séries, dont je regarde le premier épisode en me demandant où tout ça nous mène ; sans avoir, en tout cas pas réellement, envie de le découvrir. Il y a une ambiguïté dans cette introduction, entre ce qui a des causes psychologiques et ce qui a des causes fantastiques, et je sens bien que je devrais être intriguée… simplement le sujet et/ou son traitement ne m’inspirent aucune passion dévorante.
Oui, une question est posée… mais à quel point ai-je envie de connaître la réponse ? Bof.
A de nombreuses reprises par le passé, j’ai eu l’occasion de vous dire qu’un premier épisode, c’est une question de potentiel : il n’a pas pour obligation d’être bon, par contre il a pour obligation de laisser entrevoir ce que la série peut nous procurer à l’avenir. Eh bien, je crois que les rapprochements réguliers que je faisais entre Equinox et Limetown m’ont empêchée un peu de croire en son potentiel.
Et aussi, plus largement, je crois fermement qu’une série peut avoir un peu de potentiel, mais que malgré lui, on est parfaitement en droit de s’en tamponner le coquillard s’il n’y a pas eu une connexion émotionnelle pendant le visionnage du premier épisode. Clairement, je ne me suis pas liée à cette Astrid, à son histoire, à son parcours, suffisamment pour m’intéresser aux réponses qu’elle tentera d’obtenir. Ce qui ne présume en rien de votre réaction potentielle devant Equinox (si vous n’y avez pas encore jeté un oeil), d’ailleurs, et à vrai dire très peu de monde en France a vu Limetown, donc les problèmes de comparaison ne se poseront pas… Il y a quelque chose à jouer pour une partie d’entre vous. Mais moi, non, je ne vais pas insister.
eh, parfois quand ça veut pas, ça veut pas. Parfois ce n’est pas le bon moment et parfois ce n’est simplement pas la bonne série.