Nous voilà de retour au Louvre ! Cette fois ce n’est pas pour y pister Belphégor mais pour suivre Lupin, la dernière série de Netflix en date, qui s’inspire du gentleman cambrioleur le plus célèbre de la littérature française.
Autant vous le dire tout de suite, je n’ai vu aucune des séries précédentes se penchant sur le personnage : ni la série Arsène Lupin diffusée dans les années 70 (mais le sieur Thierry Attard satisfera votre curiosité sur les saisons 1 et 2), ni Lupin, la version proposée par la télévision philippine il y a environ 14 ans. J’ai quelques vagues souvenirs de vieux visionnages de la série animée japonaise mais bon, rien qui suffise à me donner la quelconque autorité nécessaire pour faire des comparaisons. Quant à la littérature et au cinéma, écoutez, vous me connaissez mieux que ça.
Lançons-nous donc à l’aveugle dans le Lupin de Netflix. Après tout découvrir une série pour elle-même, ce n’est pas ce qu’il y a de pire au monde.
De toute façon, dans la série de Netflix, ce n’est pas Arsène Lupin lui-même que nous suivons, mais un personnage qui s’inspire de ce héros de la littérature française : Assane Diop, un français d’origine sénégalaise. C’est même une idée plutôt fine pour que la série puisse écrire son propre personnage sans être trop liée par l’oeuvre d’origine de Maurice Leblanc !
Les aventures de cette première moitié de saison (seuls 5 épisodes sur 10 ont été mis à disposition aujourd’hui par Netflix) sont gorgés de références plus ou moins subtiles à Arsène Lupin et ses diverses aventures, mais tout en se laissant les coudées franches pour raconter des histoires différentes, et, notamment, pour pouvoir moderniser allègrement.
Lupin se déroule en effet en 2020, bien que s’octroyant de nombreux flashbacks en 1995 où son intrigue a en réalité commencé.
Dans les années 90, Babakar Diop est un immigrant sénégalais qui se fait employer comme chauffeur et employé de maison d’une riche famille parisienne, les Pellegrini, qui habite dans un hôtel particulier parisien. La richesse des Pellegrini, qui ne cesse de s’étendre, fait de cette famille la plus puissante de la capitale ; la fortune qui en découle, Hubert Pellegrini la consacre à récupérer le « collier de la Reine », une pièce unique ayant jadis appartenu à Marie-Antoinette avant que les siècles et les évènements historiques ne la fasse passer de main en main. Hubert Pellegrini s’est juré de se faire le protecteur du collier, mais celui est dérobé un jour de 1995, et aussitôt, Babakar Diop est accusé. Ce dernier signera des aveux avant de mettre fin à ses jours peu de temps après, en prison.
Son fils, Assane Diop se souvient de tout : de l’accueil des Pellegrini (Hubert, mais aussi sa femme Anne, et leur fille adolescente Juliette), qui n’a cessé de lui rappeler sa place. De la vie en foyer, après la mort de son père. De l’arrivée dans un collège d’élite, où une mystérieuse mais généreuse donation a assuré sa scolarité.
Il se souvient de tout, mais il n’a pas l’essentiel : une explication à ce qui s’est produit. Il ne fait aucun doute pour Assane que son père était innocent. Et désormais il est bien décidé non seulement à découvrir la vérité, mais aussi se venger des Pellegrini.
Chose qui ne se fera pas sans peine, parce que son passé le hante, qu’il a passé les dernières années à foirer sa relation avec Claire, la mère de son fils Raoul, et qu’il n’a rien construit de solide dans la vie. L’instabilité qui est la sienne est peut-être romanesque, mais elle n’est pas vraiment une fondation solide sur laquelle se reposer en cas de besoin. Et il en aurait bien besoin.
Il y a dans cette backstory des ingrédients intéressants, à un tel point qu’ils mériteraient d’être détaillés par Lupin. Au lieu de cela il faudra bien souvent se contenter d’allusions.
Au détour d’une scène, d’un plan, d’une réplique, Lupin évoque parfois la douleur de se savoir noir et immigré dans le contexte riche et blanc où a dû évoluer Assane pendant une grande partie de sa vie. On voit brièvement le visage noir de son père inspirer d’abord la peur, la méfiance, puis la supériorité, aux Pellegrini, par exemple. Il y a quelques réflexions en passant évoquant la colonisation ou l’exploitation des diamants en Afrique noire. Et bien-sûr le traitement criminel de Babakar doit autant à son statut subalterne qu’à sa couleur de peau.
On pourrait aussi mentionner combien la police patauge pour identifier Assane, lequel leur passe plusieurs fois sous le nez parce qu’il est noir et que, même si ce n’est pas explicité, personne ne fait attention aux traits de son visage, rendant les portraits-robot impossibles. Il y a aussi cette intrigue pendant laquelle Assane prend la place d’un prisonnier noir en prison, pariant (à raison) sur le fait que personne ne remarquera la différence.
Lupin pourrait détailler un peu comment Assane a transformé cette infâmie en force. Ou même comment Assane, dont tant de scènes de l’adolescence nous sont détaillées, prend conscience de cette curieuse cape d’invisibilité. Il n’en sera rien. On n’en saura rien.
Non, on va vite passer sur la question, quand elle aurait offert une magnifique opportunité de pousser un peu la réflexion.
Ce qui ne signifie pas que Lupin est un gâchis. Par contre, comme beaucoup de séries françaises, elle est trop attentive à ne vouloir fâcher personne. Et, osons le dire, surtout pas le public blanc, un peu nostalgique, qui se considère seul comme fondé à avoir un attachement à Maurice Leblanc (alors que la série prouve à chaque épisode qu’Arsène Lupin appartient à tous ceux qui l’admirent, mais bon). Il n’y pas d’audacité de fond, et c’est regrettable.
Mais l’efficacité est là, au moins. Dans les références piochées, utilisées, détournées…
C’est là que je vous délivre une bonne nouvelle : Lupin est en fait une série de heist ! Genre dont on ne peut pas dire qu’il se bouscule sur le petit écran français.
Chaque épisode donne en effet lieu à un plan (plus ou moins bien exposé aux spectatrices, certes), mis en place par un Assane astucieux et bien renseigné sur le genre, qui a des chances de foirer mais qui au dernier moment révèle que tout est sous contrôle, et l’a probablement été depuis le début. C’est un plaisir, et ce dés le pilote, de voir l’intelligence développée par le scénario pour montrer comme Assane avait tout prévu, et malgré les obstacles a réussi à faire la nique à la police, ou quelque autre danger similaire.
Cette formule permet en outre des variations intéressantes, renvoyant aussi bien à l’oeuvre de Leblanc qu’aux standards du genre. C’est aussi la garantie d’épisodes semi-procéduraux, puisque chaque nouvelle entreprise d’Assane trouve une conclusion en moins d’une heure. Toutefois il faut bel et bien regarder Lupin dans l’ordre : in the grand scheme of things, chaque aventure est une pièce du puzzle conduisant le héros à prouver l’innocence de Babakar.
Enfin je présume, parce que, comme je le disais, on n’a eu droit qu’à une moitié de saison aujourd’hui. Je présume que les retards de tournages dus à l’épidémie n’y sont pas pour rien (j’avoue n’avoir pas trop été vérifier). Ce serait bien que, lorsque les 5 suivants seront tournés, les personnages féminins gagnent un peu en épaisseur, au passage…
De toute façon, on l’aura compris, Lupin n’est pas la meilleure série de tous les temps, et cela ne provoquera qu’une frustration tiède : les épisodes, s’ils se laissent regarder, relèvent plutôt d’une consommation amusée que d’une fascination hypnotique. Passez 5 heures en compagnie d’Assane (en plus Omar Sy n’est vraiment pas mauvais, et ça ne gâche rien), puis n’y pensez plus. Il sera toujours temps de revenir à Lupin quand les 5 derniers épisodes de la saison feront leur apparition sur la plateforme.
J’ai fini les 5 épisodes, et c’est plutôt sympathique, en effet !
Bon, par contre, niveau intrigue, hum… disons que j’ai deviné durant la première moitié du premier épisode la majorité du mystère principal que le héros met 3 épisode à découvrir… passe encore, mais l’épisode 4 a complètement brisé ma suspension d’incrédulité à cause de la stupidité de 2 personnages ! C’est dommage, ça m’a un peu gâché la fin (qui est moins pire à ce sujet, même si pas parfaite) !
Enfin, une série française sympathique, c’est toujours ça, espérons qu’ils corrigent leurs défauts (et oui, les persos féminins sont vraiment à creuser !!) et relèvent un peu leur intrigue pour la seconde moitié !
De ce que j’ai lu les 5 autres épisodes ont déjà été tournés. La seconde partie sortira en 2021 en tout cas.
Pour une fois qu’il y a une série française de qualité sur Netflix qui fait passer un bon moment sans pour autant devenir notre série préférée, je ne vais pas me plaindre. J’ai hâte de voir la suite de la série. Après tout, j’adore les heist !
J’ai vu aussi les 5 premiers épisodes, sans en attendre grand chose, et j’ai bien aimé.
Comme tu le dis, ce n’est pas une série qui cherche la polémique, alors qu’elle en a les capacités. Mais sans vraiment y croire je me suis attachée au personnage, moins à l’enfant curieusement, mais quelque part, Assane adulte est resté très enfant.
Enfin en bref, je regarderai la seconde partie avec plaisir, même si je ne vais pas souffrir de l’attendre.
Même impression globale que toi au visionnage de la série. J’ai globalement passé un bon moment et j’ai trouvé ça vraiment malin d’avoir fait du héros un fan de l’œuvre de Lupin.
Ça m’a donné envie de (re)lire les livres d’ailleurs ^^
Commentaire que tu peux supprimer à la modération : y’a une coquille c’est Maurice Leblanc et non Michel, l’auteur 🙂
Ah oui pis c’est bizarre parce que je l’ai eu correctement à un autre passage XD
(je ne supprime jamais les commentaires, même si ce sont des corrections, ya pas de raison de faire disparaître les traces de mon point de vue)