Il arrive rarement que je sois friande de romances, mais je dois dire que le premier épisode de Mismatched (une romcom indienne lancée en novembre dernier sur Netflix) est franchement réussi. Sauf que ça ne se voit pas au premier coup d’oeil.
Les premières minutes de Mismatched commencent en effet en suivant Rishi, un jeune homme issue d’une famille aisée et un grand romantique dans l’âme, alors qu’il écume le campus de sa nouvelle école sur les traces de Dimple, celle avec laquelle il vit sa plus grande histoire d’amour. Sa meilleure amie Namrata sur les talons, il remonte la piste, interroge tout le monde, trouve sa colocataire, et finalement après bien des recherches, trouve la jeune femme. Dimple, c’est son nom, a ravi son cœur.
Sauf qu’elle ne le sait pas.
Cette introduction d’environ 4 minutes a tenté de nous laisser croire que Rishi était le personnage central de Mismatched, mais ce n’est pas le cas. L’épisode opère un retour en arrière pour suivre la perspective de Dimple elle-même, et nous allons comprendre que de son point de vue, les faits sont bien différents. A commencer parce qu’elle ignore l’existence de Rishi.
Dimple est de toute évidence la vraie héroïne de Mismatched (quand bien même Rishi ne disparaît pas totalement, ça va de soi). Et quand on se penche sur les jours qui précèdent son arrivée sur le campus de la Old Royal School of Jodhpur, on comprend que ses préoccupations sont toutes autres.
Férue d’informatique et de jeux videos, peu féminine, et désintéressée par la perspective du mariage, Dimple n’est pas l’héroïne de romance indienne classique. Elle est aussi, et ce n’est pas un détail, une jeune femme dont la peau est un peu « trop » foncée, et qui donc est considérée comme ayant moins d’options, y compris par sa mère. L’épisode fait un travail plutôt efficace lorsqu’il s’agit de nous présenter Dimple, et son désir d’exister pour elle-même, ses passions, sa personnalité.
Mismatched détaille donc non seulement qui est Dimple, mais aussi ce contre quoi elle se bat : des standards selon lesquels rien ne va chez elle. Sa peau n’a pas la bonne teinte, ses yeux ont besoin de lunettes, elle est trop intelligente… et tout ça, ça coûte des points dans la course au mari. Course à laquelle Dimple n’essaie même pas de prendre part, non parce qu’elle se sent perdante, mais parce qu’à 17 ans elle a surtout des projets pour son avenir à elle, pas son avenir avec quelqu’un.
Du coup ce premier épisode évite pas mal de poncifs, et s’achève sur une scène hilarante et réussie, qui montre bien la différence entre les deux perspectives. Evidemment comme Mismatched est une comédie romantique, et les choses vont sûrement évoluer à partir de là. En fait ce sera même très intéressant de voir comment la série, qui semble pour le moment prendre Dimple au sérieux et vouloir raconter son expérience de jeune fille pas spécialement « bonne à marier », va traiter cette romance. Devra-t-elle tomber dans le rang ? Sera-t-elle au contraire appréciée pour ses qualités, et non ce qui est projeté sur elle ? Et dans ce cas, Rishi devra-t-il reconsidérer certains de ses idéaux romantiques abstraits ?
Il peut se dire tout et son contraire à partir de là, mais cette mise en place me laisse penser que Mismatched ne va pas trop trahir son héroïne.
C’est tout ce que je lui souhaite, et ce que je souhaite aux spectatrices indiennes par la même occasion. Même si, fait original, le best seller sur lequel la série est basé se déroulait en fait sur un campus étasunien.
C’est fou le nombre de séries Netflix qui nous passe complètement à côté !
Ouais, hein ? Netflix a la fâcheuse manie de promouvoir ses séries US et les séries de notre zone géographique, mais à peu près jamais les autres. Il y a des exceptions bien-sûr, mais très irrégulières (par exemple Queen Sono avait pas mal été promue au lancement, mais aucune autre série originale africaine de Netflix n’y a eu droit à quelque chose de semblable). Du coup quand il y a des productions asiatiques, on dirait que Netflix se préoccupe de s’assurer que les abonnées en Asie l’auront remarquée, et c’est tout. Alors je veux bien qu’on ne manque pas de gens en Inde, mais je trouve quand même ça étonnant que personne ou presque n’entende parler de Leila ou de Mismatched, surtout quand on voit comment les formats ont quand même été lissés en vue de coller aux standards de productions internationaux. Ca n’a juste pas de sens pour moi.
*soupir* Pardon, je digresse.
J’ai bien accroché aussi et je ne sais pas si tu as regardé les autres épisodes depuis, mais j’espère qu’elle sera renouvelée (je ne crois pas que ce sera encore le cas) parce que j’ai trouvé la fin de saison très brusque/frustrante quasi comme la fin d’une « part 1 » et non d’une véritable saison.
Et bien tenté de lire le livre pour voir les divergences
Je ne lis jamais le livre (la dernière fois que je l’ai fait c’était pour The Slap AU donc ça date), j’espère que tu me diras. Mais c’est le problème de pas mal de séries de plateformes, en fait, qui semblent miser sur une durée de 2/3 ans et qui en fait ne sont pas toujours renouvelées. Sur Netflix aussi, c’était le problème de Khweng par exemple (même si le genre était totalement différent bien-sûr). Je crois que les producteurs non-US n’ont pas compris que la moyenne de 2/3 saisons, c’était surtout vrai pour les séries anglophones, les autres vivent beaucoup plus au jour le jour.