C’est une charmante petite comédie qui a démarré la semaine dernière sur Netflix, avec Bhaag Beanie Bhaag, mais hélas pas une comédie très originale. L’histoire est celle de Beanie Bhatnagar, une jeune femme passionnée par l’humour et notamment le stand-up, et qui réalise soudainement que cette passion a trop longtemps été reléguée à l’arrière-plan de sa vie.
C’est difficile de ne pas faire de comparaisons avec d’autres séries similaires, soyons honnêtes. Beanie est une femme qui semble avoir tout dans la vie, et dans ce premier épisode, ce tout devient plus tout encore : Arun, l’homme qu’elle fréquente depuis 3 ans, lui propose de l’épouser. C’est un homme d’affaires issu d’une famille riche, les parents de Beanie l’adorent, et même s’il est un peu soporifique, c’est quand même un peu le rêve ultime de n’importe quelle jeune femme indienne. Sauf que Beanie n’est pas n’importe quelle jeune femme indienne, bien-sûr. Les fiançailles lui font comprendre, un peu violemment, qu’elle aspire à reprendre le stand-up, qui lui sert de soupape. En plus, bien qu’elle ne se soit pas trop investie depuis qu’elle a commencé à voir Arun, son travail sur scène est apprécié et reconnu, y compris par un talent scout… le contraire de ce qui se passe dans l’entreprise où elle tient un emploi de bureau avec un patron ridicule et qui a un béguin malsain pour elle.
Le conflit de ce premier épisode n’en est pas vraiment un, osons le dire : lorsque Beanie se voit offrir la possibilité de figurer sur l’affiche d’un des spectacles les plus influents du stand-up indiens, qui pourrait lancer sa carrière… celui-ci a lieu le soir de ses fiançailles. A votre avis, que va choisir Beanie ?
Alors au début, bon, malgré l’angoisse grandissante (surtout en découvrant que tout le monde a une idée très précise des prochaines années de sa vie, et du nombre de bébés à y produire), Beanie tente de faire bonne figure, se plier à ce qui est attendu d’elle, laisser sa belle-mère organiser la soirée et même lui choisir une robe, en bonne petite fiancée. Mais lorsqu’elle découvre son cadeau de fiançailles, elle atteint le point de rupture. Comme on s’y attendait.
Et c’est vraiment la tragédie qui se joue dans le premier épisode de cette comédie. Bhaag Beanie Bhaag n’est pas mauvaise, au contraire la belle énergie de son interprète principale, Swara Bhaskar, opère un charme réel ; à défaut d’avoir le matériel le plus hilarant qui soit devant le micro, en revanche c’est un plaisir de la voir réagir dans la vraie vie. Mais en-dehors de ça, c’est un peu convenu, et tout se passe exactement comme on peut l’imaginer, y compris lorsqu’un comédien américain (Ravi Patel, dans son presque propre rôle) débarque dans le tableau. Il n’y a pas de will-they-won’t-they ici, on se doute largement de ce qui se prépare. On fait semblant de prétendre.
Peut-être que dans les épisodes suivants, on verra Beanie travailler son art et pas juste se prendre les pieds dans le tapis sous un angle personnel. Mais ce n’est pas garanti. Je me doute que des transformations conséquentes l’attendent, mais à tout le moins, si une série s’intéresse au monde du stand-up (et a fortiori du stand-up indien, bien moins représenté dans la fiction que son homologue nord-américain), j’aimerais voir du bon stand-up. Ce ne devrait pas être révolutionnaire que de l’espérer.
Au moins la série a le mérite de tenter de parler d’autre chose que du stand-up états-unien, c’est déjà ça. Merci de l’article. 😀