Cette semaine vous avez sûrement entendu, au beau milieu de la nuit, un glapissement étrange. Je vous rassure, c’était juste mon excitation quand j’ai découvert que je pouvais regarder le premier épisode d’Ana Andi Nos, une série koweïtienne qui me faisait envie depuis un an déjà, vu qu’elle a été diffusée pendant le Ramadan précédent. Je n’en avais jamais vu le moindre extrait, et encore moins avec des sous-titres, mais je savais que je voulais la voir… et maintenant que c’est possible, je suis… un peu… terrifiée ?
Non, mais allez, je suis sûre que ça va bien se passer.
Ana Andi Nos (parfois orthographié « Ana Andi Nuss« , c’est souvent le soucis avec les séries arabes : les romanisations peuvent varier et il y a très peu de sources anglophones pour aider à naviguer dans tout ça si l’on n’est pas soi-même arabophone) est proposée par Netflix sous le titre I have a script, qui forcément donne une idée plus transparente de ce qu’il s’y trame. Ce qui m’avait attirée, c’était la perspective de parler d’écriture, certes, mais aussi tout simplement de suivre une vieille dame, ce qui se produit encore trop rarement dans une série à mon goût.
Asmaa n’est pas juste un personnage de vieille dame : c’est LA vieille dame. Je crois bien que c’est la raison pour laquelle je l’ai aimée immédiatement, quand bien même je l’ai découverte sous un jour un peu différent.
Le premier épisode nous la présente d’abord au début de l’adolescence ; aînée de trois enfants (les deux autres sont ses jeunes frères, Mansour et Salah), elle prend très au sérieux son rôle à plus forte raison parce que leur mère est hospitalisée. Elle est attachée à leur raconter des histoires dont elle a le secret, à leur préparer à manger, à veiller à ce qu’ils n’aillent pas s’amuser au parc afin d’être là pour le retour de leur père. Le jour de l’Eid, pourtant, leur père reste plus longtemps que prévu à l’hôpital pour sa visite, et à son retour, il apparaît qu’il ne sait pas comment leur annoncer que leur mère n’est plus.
De sa mère, Asmaa a appris la cuisine, et la fabrication de ses propres parfums. De son père, elle apprend ce jour-là une autre leçon : toujours faire ce qu’elle veut tant que cela ne nuit pas à autrui.
Il faut un long moment à Ana Andi Nos pour nous raconter cette origin story, parce que les dialogues sont plutôt lents, et que le ton imposé, d’emblée, est celui de la chronique. Il faut encore un petit moment avant de découvrir quelle vieille dame cette Asmaa est devenue, car la camera préfère nous présenter d’abord son appartement. Un appartement de petite vieille dame, vraiment ; un appartement qui nous dit qui elle est bien avant que son visage n’apparaisse.
Et comme dans les scènes ayant ouvert la série, la journée pendant laquelle se déroule l’action dans le présent est celle de l’Eid ; Asmaa se prépare à sortir, pour aller déjeuner avec ses frères. Le problème, c’est qu’elle s’est brouillée il y a deux ans avec ses frères, et qu’elle a en réalité été invitée par sa belle-sœur sans qui les autres membres de la famille n’en aient la moindre idée. Les retrouvailles après deux années de rancœur ne se passent pas franchement bien, et Asmaa est bientôt renvoyée chez elle sans ménagement. Mais elle n’est pas la seule : un troisième frère s’est également présenté à déjeuner, que Mansour et Salah ont chassé avec la même véhémence.
Un troisième frère ?! De toute évidence, Ana Andi Nos a bien des surprises dans sa manche ; il faudra attendre le deuxième épisode (auquel je le confesse, j’ai jeté un œil) pour comprendre d’où sort Khalid. Mais dans l’intervalle, nous avons fait plus ample connaissance avec Asmaa, et il est vraiment difficile de ne pas l’adorer.
Pendant tout cet épisode, je n’ai eu de cesse de penser à ma propre grand’mère ; je ne sais pas trop pourquoi, parce que ma grand’mère n’était pas vraiment comme Asmaa. Mais il y a quelque chose, dans sa façon de souffler dans les escaliers ou d’offrir des cadeaux en insistant pour que personne ne se sente obligé de les prendre, qui évoque non pas une vieille dame en particulier, mais toutes les vieilles dames quelle que soit leur personnalité. Cela paraît probablement idiot, et au moins autant cliché ; je suppose que toutes les vieilles dames ne se ressemblent pas (j’avoue ne plus en fréquenter beaucoup). Asmaa transmet pourtant cela, cette affection immédiate qu’on peut avoir pour quelqu’un qui a vécu, qui a fait ses choix, qui a décidé qui elle était, et qui n’a plus besoin de tout réévaluer. Asmaa a cette qualité qui me fait tant rêver qu’on ait plus de séries sur des personnes âgées : celle d’offrir un personnage dont les moments charnière de l’existence appartiennent au passé, et qui a donc des choses différentes à raconter.
Nul doute qu’Ana Andi Nos n’est pas pour tout le monde, et je dois avouer que vers le milieu du deuxième épisode (sur 30 en tout, puisque c’est un mosalsal), j’ai commencé un peu à me demander à quel moment cette histoire de script allait enfin être abordée. Oui, Ana Andi Nos prend son temps, c’est le moins qu’on puisse ire, mais qu’importe, vu qu’on le passe avec une adorable vieille dame.
Je suis contente que tu aies enfin eu accès à cette série, puisque tu voulais la voir depuis un moment, alors^^ Et oui, quand les choses prennent leur temps, du moment qu’on le passe avec un personnage qui nous plait, tout va bien, finalement 🙂
En tous cas elle a l’air effectivement adorable cette vieille dame ! (mais je confirme que toutes les vieilles dames ne sont pas comme ça… pas que j’en côtoie *beaucoup* mais j’en croise suffisamment…o.o)
Tu as raison, il manque de séries avec des personnages de personnes âgées, tu as raison. Ravie de lire sur cette série sur ton blog et en espérant que ce soit loin d’être la dernière sur le sujet. 😀