La télévision russe a une longue tradition de séries historiques, mais je dois admettre que Sofia (une production de Rossiya1 diffusée en 2016) sort particulièrement du lot, de par l’époque qu’elle s’est choisie. Jamais je n’ai vu une série historique russe se déroulant au 15e siècle… et ça veut dire que quand j’ai découvert que Sofia avait des sous-titres, je me suis ruée sur le premier épisode, objet de notre review du jour.
Comme son nom l’indique, Sofia est une mini-série en 8 épisodes portant sur Zoe Palaiologina (plus tard rebaptisée Sofia), une princesse byzantine qui après la prise de Constantinople par les Ottomans, a grandi sous la protection du Pape à Rome, avant d’être vendue, oopsie, je veux bien évidemment dire mariée à Ivan III, roi russe qu’elle n’a jamais rencontré. C’est ce dont sont faits les contes de fées, je suppose.
Tournée en deux langues (italien et russe, donc sans surdoublage !), Sofia dédie son premier épisode à la mise en place de son sujet, qui passe par l’arrangement du mariage en question. Ce qui ne veut pas vraiment dire que les personnages sont établis, mais plutôt que leur rôle dans l’organisation des épousailles est clarifié : dans cette mini-série, on ne privilégie pas tant le côté dramatique que la reconstitution d’événements historiques. J’ignore si ça va s’arranger ensuite, mais la présentation de chacun est pour le moment très superficielle.
Si vous vous posez la question (légitime) de savoir, dans ce cas, ce qui est mis en place, c’est très simple si on se penche sur l’aspect purement historique des choses, en particulier sous l’angle de l’histoire religieuse.
Or, où on est-on en 1472, soit à la date des noces entre Ivan et Zoe/Sofia ? Eh bien, l’empire byzantin donc orthodoxe est tombé, le royaume russe d’Ivan est également orthodoxe et en pleine expansion… mais c’est l’Eglise catholique qui a protégé Zoe et son frère. Or l’Eglise espère toujours réparer le schisme de 1054, en particulier parce que le territoire d’Ivan s’étend et que donc, de plus en plus d’âmes sont en jeu. En outre, le Pape espère lever une armée catholique face au sultan Mehmet, dont les conquêtes territoriales menacent également, si ce n’est plus, l’influence de Rome. Bon je vous dis ça, je ne suis pas experte, mais justement Sofia s’est donné pour mission de couvrir plutôt l’approche géopolitique de son sujet pour mieux l’introduire.
C’est ce qui explique, par conséquent, le positionnement de la plupart des personnages face à la perspective de ce mariage princier. Zoe n’a peut-être plus de royaume, ni même de fortune, mais elle vient avec une dot conséquente (que peut se permettre le Vatican), et surtout un titre qui intéresse Ivan. Mais la jeune femme a été éduquée par des catholiques, et les plus fervents des orthodoxes dans l’entourage du roi sont réfractaires par principe à cette union, craignant qu’elle ne se soit convertie. La série préfère partir du principe qu’ils se trompent (les historiens sont moins sûrs apparemment), et toute tentative d’empêcher le mariage et/ou attenter à la vie de ceux qui y sont favorables est filmée comme une menace, pas une tentative d’éviter le pire.
Sofia veut que Zoe devienne reine, une reine orthodoxe qui nous est présentée comme parfaite : belle (…Ivan a des arguments politiques mais il ne peut nier que le portrait peint de la jeune femme lui a fait forte impression), pure, et pieuse.
Nous la voyons avec un regard extérieur, cependant ; contrairement à beaucoup de séries portant sur des personnalités historiques, et plus encore des personnalités historiques féminines (qu’on cherche souvent à humaniser voire dramatiser), ce qui compte avant tout dans le récit de Sofia, c’est le rôle qu’elle joue dans l’Histoire de la Russie au sens large, et à la cour d’Ivan III en particulier. Elle n’exprime d’émotions et d’intentions que dans ce but, ainsi donc, comme je le disais, que celui de nous la présenter comme louable, pour ne pas dire angélique. Ce n’est pas un mauvais parti pris, mais il désarçonne un peu. Ce qui est certain, c’est qu’il est radicalement différent de l’approche choisie par la plupart des séries en son genre ; même les intrigues de la cour n’ont, au moins pour le moment, pas vraiment l’air d’intrigues. Il s’agit plutôt de conflits d’opinions. Seul un personnage semble vraiment manigancer des choses dans le dos de son propre prince, mais encore une fois, c’est pour un motif uniquement religieux. Les ambitions personnelles sont pour ainsi dire absentes de la série.
Du coup, Sofia est intéressante à plein d’égards, au-delà de l’époque qu’elle s’est choisie (plutôt médiévale, et qui visuellement tranche vraiment avec ce qu’on peut être habitué à voir d’ailleurs vu que la reconstitution historique est soignée, mais la réalisation se montre peu intéressée par le grandiose). C’est un plaisir de déguster une production aussi unique, quand bien même par certains ingrédients elle a quelque chose de conventionnel voire d’éducatif. En fait, peut-être même grâce à son approche semi-pédagogique, elle revêt un intérêt bien différent de beaucoup de ses contemporaines. Regarder les épisodes suivants s’annonce comme un plaisir !
C’est vrai que c’est une période qui n’est pas forcément beaucoup traitée et à fortiori quand on parle de Russie (j’ai perdu le compte du nombre d’adaptation de la Grande Catherine). Rien que les costumes de l’image en haut de l’article donne envie. J’aimerais bien en savoir plus sur la vérité historique histoire de voir quelles sont les libertés prises et de comprendre les choix qui ont été faits dans l’adaptation.
L’angle pris pour parler du personnage féminin central, et la période choisie semblent en effet originales (bon, pour la période, jte fais confiance, parce que moi, je ne saurais pas dire ce qui a été beaucoup ou peu traité en Russie), mais tel l’Ivan superifciel moyen (mais encore plus superficielle que lui), j’avoue que ce qui me tape le plus dans l’oeil, ce sont les costumes…I’m sorry ;A; je suis incorrigible…
Mesdames, si les costumes vous plaisent, je pense que la série espagnole Isabel pourrait également vous satisfaire. Voilà je dis ça je dis rien, mais euh je le dis quand même.