Le premier épisode de Desenfrenadas n’est pas aussi déluré que son poster promotionnel, c’est un fait. Je ne sais pas trop à quoi je m’attendais (fidèle à mon habitude, j’avais évité les résumés autant que possible, et savais juste qu’il serait question d’un road trip), mais globalement je m’attendais à quelque chose de plus joyeux et euh… c’est pas trop l’ambiance, non.
En fait, comme pour tout bon road trip, la bonne question c’est souvent de se demander ce qui motive à prendre la route.
Sauf que je ne sais pas où on peut aller pour fuir la violence patriarcale. Si un tel refuge existe, il n’est sur aucune carte. Aucune que j’aie trouvée, en tout cas (faites passer les liens Google Maps en commentaires).
Cette violence peut prendre une forme évidente, comme à la fin de cet épisode inaugural, lorsque le personnage de Marcela nous est présenté. Cette jeune femme, qui fréquente un malfrat quelconque dont elle semble sincèrement éprise mais dont j’ai déjà résolu de ne pas retenir le nom, mène une vie dangereuse, qui dépend des frasques de son compagnon. Or, celui-ci a offensé un mafieux local, et Marcela se propose d’essayer d’arrondir les angles et négocier un pardon avec lui. Ce qu’elle n’avait pas prévu, c’est que le malfrat s’attende à ce qu’elle le compense en nature. Fort heureusement la jeune femme arrive à se débattre et échappe au pire, mais elle découvre rapidement que son mec l’a lâchement abandonnée à son sort (pour ne pas dire carrément vendue), et elle décide donc de se barrer vite fait.
Le motel où elle se trouve est en bord de route, la route mène à Oaxaca, c’est donc là que Marcela se dirige.
Mais l’immense majorité du premier épisode de Desenfrenadas nous parle d’une autre forme d’oppression, personnifiée par Rocío.
Rocío a tout pour elle : elle est brillante, belle, fille d’un scientifique renommé, fiancée à un beau prétendant… Elle a tout pour elle, en apparence. En réalité elle subit une pression professionnelle constante de la part de son père, après s’être également engagée dans la recherche médicale ; sa mère et sa grand’mère, elles, ne sont intéressées que par son mariage à venir, et encore : elles n’ont à l’esprit que Sofía, la sœur de Rocío qui les a quittées. Quant à Juan, le fameux promis, il est peut-être parfait sur le papier mais il traite Rocío en objet et n’a vraiment que faire de ce qu’elle veut ou ressent. Y compris sur un plan sexuel, qu’il estime être un dû.
La série commence alors que Rocío se prépare à partir une semaine plus tard pour un long internat en Suède, après avoir été sélectionnée pour un prestigieux programme international. C’est en fait tellement incroyable que son hôpital universitaire a organisé une cérémonie pour l’en féliciter, lors de laquelle elle est supposée donner un discours.
Rocío a beau être capable de sang froid dans une salle d’opération (quoique… jamais assez, si l’on en croit son père), elle commence déjà à craquer sous la pression. Elle étouffe sous cette charge de jeune femme parfaite : professionnelle parfaite, fille parfaite, future épouse parfaite. Tout le monde exige d’elle qu’elle joue son rôle… et puis, elle se demande à quel moment elle a choisi tout ça. Elle n’est plus trop sûre de l’avoir choisi, et en tout cas, de plus en plus convaincue de ne plus en vouloir. Il semblerait que personne n’ait pensé à lui demander son avis, à aucun moment, sur aucun aspect de sa propre existence. Cette quête de perfection et de réussite (mais uniquement aux yeux des autres, quoi qu’elle coûte à Rocío intimement) a assez duré.
Alors quand ses deux amies de toujours, Carlota et Vera, lui proposent de partir pour un weekend à Oaxaca, Rocío plaque tout et se lance dans un road trip improvisé. Elle dont la vie n’a rien d’improvisé, jamais.
Vous allez me dire : peut-être que l’endroit où l’on peut fuir la violence patriarcale est à Oaxaca, mais rien n’est moins sûr. Après, ce n’est que le premier épisode, hein… mais à regarder le démarrage de Desenfrenadas, j’ai le sentiment que le vrai refuge contre le patriarcat, c’est la compagnie d’autres femmes de bonne volonté, tout simplement.
« En fait, comme pour tout bon road trip, la bonne question c’est souvent de se demander ce qui motive à prendre la route. » avant même de cliquer sur le lien, j’étais sûre de savoir vers où il mènerait :’)
Et bien que j’aie apprécié de lire tout l’article (oh là là j’ai tant de retard dans mes lectures de sites/blogs, pardon), c’est la phrase qui m’a malgré tout le plus marquée. Je la trouve joliment tournée, et c’est une chose à laquelle je n’avais jamais pensé de façon aussi claire ? Dans le sens où quand je regarde un road-trip, bien sûr que je réfléchis à pourquoi il a lieu, mais je n’avais jamais réfléchi au genre du road-trip sous cet angle général ? Arf, je sais pas si ça a du sens, mais du coup j’aime particulièrement cette phrase^^
Il doit sûrement y avoir des exceptions (en particulier les road trips comiques), mais je pense que c’est la raison pour laquelle la plupart des road trips ont une destination finalement assez accessoire 🙂
(oh et je sais pas si je l’ai déjà dit, mais je trouve àa super que depuis quelques temps tu mettes le lien vers le post twitter à la fin de tes articles, parce que je RT généralement après avoir lu, mais des fois j’oublie, alors que là ça devient plus facile et donc automatique, du coup^^)
Merci 🙂 Je n’ai aucun mérite : la requête vient d’un commentaire anonyme !
« j’ai le sentiment que le vrai refuge contre le patriarcat, c’est la compagnie d’autres femmes de bonne volonté, tout simplement. » – Cette phrase m’a fait penser au film Mad Max: Fury Road. Parfois l’endroit que l’on cherche n’est pas un lieu physique, mais la compagnie d’autres personnes choisies.