Hier soir, Série Club lançait la diffusion de Magnus, une série norvégienne présente sur son offre à la demande depuis début janvier.
Rien que sur le principe, je trouve l’initiative satisfaisante : certes, Magnus est une série policière scandinave, à une époque qui n’en manque pas… mais son ton humoristique assumé est rafraîchissant dans un panorama où, d’ordinaire, seuls les dramas les plus sombres nous parviennent des télévisions nordiques. Rappelons (parce que j’aime bien cette statistique pour garder à l’esprit la vision biaisée que nous avons des écrans de ces pays) qu’environ un tiers des séries produites en Scandinavie sont des comédies ou dramédies, et qu’on ne les voit pour ainsi dire jamais chez nous. En tout cas pas jusqu’à ce que Canneseries s’en mêle, et donne à Série Club l’idée d’importer Magnus ; causons donc de son premier épisode aujourd’hui.
C’est pour commencer son angle qui fait la force de Magnus : contrairement à beaucoup de séries humoristiques (comme par exemple Hellfjord, qui lui est similaire par d’autres aspects mais résolument pas celui-ci), la série a pour personnage principal un type anormal dans un monde complètement normal. C’est d’abord et avant tout par lui que la dinguerie de cet univers se manifeste, alors qu’il est un inventeur raté convaincu de son propre génie, mais qu’il est bien le seul. Magnus Undredal est, en réalité, un flic en uniforme que tout le monde prend un peu de haut, qui n’a pas l’estime de sa hiérarchie ou de ses collègues, qui est perpétuellement écarté même des interventions les plus banales, et qui encombre plutôt qu’autre chose. Il en est d’ailleurs conscient, et c’est probablement sa plus grande force.
Tout l’intérêt de Magnus réside dans ce décalage. L’intrigue du premier épisode s’appuie sur la normalité de tous ceux qui entourent son héros éponyme, et à quel point cette normalité est prévisible. Magnus est capable de comprendre rapidement ce que l’on attend de lui, et les spectateurs comprennent aisément les forces en présence, parce que tout cela s’appuie sur des enchaînements logiques. Personne ne prend quelqu’un comme Magnus au sérieux, les gens louches ne veulent pas que des flics compétents fouinent dans leurs affaires, et donc Magnus est mis sur une affaire pour laquelle tout le monde le pense incapable.
Mais cette logique glisse complètement sur Magnus, et c’est peut-être là que se loge son véritable génie : pas dans ses inventions ou ses théories alambiquées, mais dans cette capacité à voir à travers la logique des gens normaux pour mieux l’ignorer… et se retrouver happé dans un monde absurde à la place, en suivant sa propre étrangeté où qu’elle le conduise.
Je ne sais pas où veut nous mener l’enquête de Magnus, mais je me régale du grain de folie de son premier épisode. Elle a quelque chose de contagieux et de triomphant, dans son refus de la normalité comme repère à la fois à son intrigue et à son humour. Ce qui est incongru peut mener loin, semble dire la série, et du coup ça donne envie de la suivre dans ses scènes absurdes. Je ne suis pas étonnée que Magnus ait été sacrée meilleure série comique lors des Seriedagene décernés en septembre dernier, et pas plus étonnée de sa capacité à piquer l’intérêt d’une chaîne française suite à son passage à Canneseries : Magnus semble être l’antidote parfaite au rationalisme rigide des séries policières que d’ordinaires nous importons.
J’ai cliqué très vite à cause de l’image, et s’il y a une chose à laquelle je ne m’attendais pas, c’est bien la phrase « certes, Magnus est une série policière scandinave » … *Mila lit la phrase* *regarde l’image* *relit la phrase* *not computing*
Couleurt moi intriguée, du coup.
(Et je sais que c’est pas français)
Grâce au reste de l’article aussi, bien sûr ^^ !