Enfin le mois de septembre !!! Je ne sais pas si vous ressentez la même excitation que moi, mais la perspective de retrouver, enfin, la série française Missions… eh bah, ça me met dans tous mes états. Surtout après avoir passé un été pouilleux en matière de séries de science-fiction (suivez mon regard). Enfin de la SF digne d’être vue ! Et ça se passe en France en plus !
…Enfin, sur Mars, en fait. D’ailleurs je vous accorde qu’au bout de deux ans, les souvenirs ne sont plus nécessairement très frais. En prévision de la saison 2 qui débarque dans quelques jours sur OCS, laissez-moi vous rappeler pourquoi Missions est un cadeau tombé du ciel.
Il y a quelques jours encore, je parlais sur Twitter des difficultés récurrentes que j’éprouve à regarder tant de séries françaises. J’en cause régulièrement dans ces colonnes, aussi : l’impression que la direction d’acteurs en France passe complètement à côté de l’art télévisuel, les rigidités presque systématiques de la plupart des scénarios, la réalisation scolaire dans laquelle il n’est laissé aucune place pour l’émotion… Ca fait des années que ça dure, et j’ai eu l’occasion d’en parler aussi bien là qu’ici ou encore de ce côté. Ce n’est pas vrai de toutes les séries françaises, le Dieu de la Téléphagie en soit loué, mais c’est vrai de beaucoup trop.
En un certain sens, je persiste à croire que les attentes que nous avons envers la fiction française™ sont intenables, surtout de la part d’une seule série. Ca ne m’empêche absolument pas d’être souvent navrée, hein ! Mais c’est quand même invivable. Dans les productions des autres pays, y compris ceux que nous encensons rapidement comme les USA ou la Grande-Bretagne, il est extrêmement rare pour ne pas dire impossible de trouver une série qui réussisse sur absolument tous les plans, sur la forme comme sur le fond, et plus encore que cette réussite tienne sur la durée. C’est une demande déraisonnable et nous l’avons pour les séries françaises, mais pas souvent pour les autres. Aucune série ne devrait soudainement être responsable de la qualité de toute la fiction française™, mais c’est quand même le poids qui incombe à chacune, quasiment à chaque lancement.
On ne devrait pas attendre d’une série qu’elle bouleverse toute la production nationale… mais quand une série produit visiblement les efforts qu’on attend de toutes les autres, il faut aussi le dire.
Or chaque fois que je regarde Missions, que je pense à Missions, que j’écoute le générique de Missions en boucle (parfaitement), je suis dans cet état-là : à me dire que bon sang, on tient là une série qui n’est pas parfaite, mais qui a vraiment, vraiment tout donné pour s’en approcher le plus possible. Sur le fond comme sur la forme. Dans l’intention comme dans le résultat. Dans ses choix artistiques comme dans son travail de production.
Il y a quelque chose de sincère et de communicatif dans la perception de cet effort. Notre colère récurrente, notre désapprobation régulière, notre attente impossible d’un basculement de la production de tout un pays… traduisent peut-être, en fait, non pas le désir de voir une série française parfaite, mais de voir une série française tenter de l’être. Nous aurions l’exigence d’une ambition, plus que d’un résultat.
Je crois qu’on ne dit pas assez qu’aucune série n’est parfaite.
En revanche, une série réussie, c’est une série qui essaye de toutes ses forces. Et nous n’avons pas souvent l’impression que les séries françaises (…même quand elles se targuent du contraire, conscients que leurs créateurs sont de nos attentes) essaient vraiment de toutes leurs forces. C’est injuste d’attendre qu’une série révolutionne la fiction de tout un pays. Mais c’est juste, et c’est normal, et à un moment, c’est un dû, d’attendre qu’une série essaie d’être la meilleure fiction qu’elle puisse être.
Alors je vous l’accorde, dans cette review, je ne vous dévoile pas par le menu tout ce que j’ai pensé des 10 épisodes de la première saison de Missions.
Je n’ai pas envie, en réalité. Personnellement j’ai apprécié de me prendre une claque la première fois, sans rien savoir à part un pitch de quelques lignes dans un programme ; et j’ai aussi apprécié de me reprendre cette claque une seconde fois, en revoyant la saison 1 à l’occasion du retour de la série, et de cette review. Même sans l’élément de surprise, mon imagination a parfois été stimulée, mes rires ont parfois fusé, mes larmes ont parfois coulé, ma curiosité a parfois été comblée. Missions a clairement tenté de me faire passer quelques heures passionnantes, et la combinaison de tous ces facteurs fait que, ben, ouais, ça s’est produit. Pourquoi je vous enlèverais ce plaisir, juste parce que je veux communiquer mon enthousiasme à son sujet ?
A la place, je veux dire ceci, et je veux d’autant plus le dire que pendant les 2 années et quelques qui se sont écoulées, je ne l’ai pas dit (ou même pensé) aussi souvent que j’aurais dû le faire : Missions transpire l’ambition. Cela ne signifie pas que ses moyens sont monumentaux (de l’aveu-même de ses créateurs, c’est même plutôt l’inverse). Cela ne signifie pas que ses résultats sont toujours égaux, non plus. Cela ne signifie même pas qu’elle évite tous les écueils que nous reprochons à la fiction française™.
En revanche il est palpable, à chaque instant, que la série tente de faire de son mieux et même plus. Qu’une véritable réflexion a été engagée sur l’utilisation de ses moyens, mais aussi sur la portée de son contenu intellectuel, émotionnel, mythologique. Il y a une volonté de pousser Missions aussi loin que possible pour trouver quelque chose proche de nous, qui nous parle, qui nous touche… (en plus du reste, c’est par ailleurs profondément meta). Missions essaye vraiment très fort de communiquer une foule de choses.
En des épisodes d’une demi-heure en plus (prouvant qu’un format n’est jamais qu’un contenant et jamais un indice du contenu, et que les formats d’épisodes sont flexibles d’une infinité de façons, mais vous saviez déjà ce que j’en pensais). En faisant mentir les idées préconçues qu’on peut avoir de certains genres, de certains formats, de certains budgets. Et de certains pays…
Ce n’est certainement pas juste d’attendre d’une série française qu’elle révolutionne la télévision française dans son ensemble. Cela étant, quand une série s’y attelle avec toute l’énergie de l’univers, il faut le dire, le répéter, et faire passer le secret aux autres spectateurs français qui se cherchent une raison de tomber amoureux d’une série relevant le défi. Missions ne remporte pas ses paris à chaque minute, mais elle donne tout pour tenter le coup. Ce faisant, elle touche quelque chose d’intime chez le spectateur. Une série où l’on va nous parler de vie, de mort, d’éternité, d’extinction, de sacrifice, d’orgueil, et de plein de choses encore que je ne vois pas venir… ça ne court pas les rues. Toutes nationalités d’origine confondues.
Parfois je suis désolée par les mauvais élèves de la fiction française™, mais parfois, je me dis qu’on ne parle pas assez de ses premiers de la classe les plus studieux (et j’ai totalement, comme chacun d’entre nous qui prenons la parole sur les séries, un rôle à jouer dans cette dynamique).
Vous vous rendez-compte de la chance qu’on a d’avoir Missions ?