Alors que commence aujourd’hui la nouvelle version de The Tick via Amazon, le moment est évidemment idéal pour s’offrir un instant de nostalgie en parlant de la précédente mouture, qui remonte l’air de rien à 2001. C’est-à-dire que certains de mes lecteurs n’étaient pas encore nés (véridique)… donc peut-être plus découverte que nostalgie pour eux !
The Tick est à l’origine un héros de comics, adapté d’abord sous forme de série animée puis, grâce à quatre auteurs de celle-ci, en série live action absurde proposée par FOX au début du siècle. L’un de ces auteurs n’étant nul autre que Ben Edlund, le créateur de la version dessinée, la série est supposément très fidèle à l’original (que je confesse n’avoir pas lu), bien que présentant quelques différences notamment pour des raisons de droits.
Ainsi, les deux personnages sur la gauche de la photo de promo ci-dessous (Captain Liberty et Batmanuel) ont été rajoutés pour compenser l’impossibilité d’utiliser certains superhéros des versions précédentes de The Tick.
Bien que portant le nom de son héros bleu, The Tick emploie pour son pilote le point de vue d’Arthur, un petit comptable totalement anodin qui a décidé de devenir un superhéros, « au moins à temps partiel pour commencer ». Arthur s’est donc fabriqué un costume avec lequel il se présente à son emploi de bureau, ruinant par la même occasion toute possibilité de double identité. Mais surtout, le « déguisement » irrite au plus haut point son employeur, et Arthur finit par être viré.
Dans l’univers éminemment parodique de The Tick, les superhéros existent mais sont aussi difficilement pris au sérieux ; on comprend à la discussion qu’Arthur a avec son patron que nombreux sont les anonymes sans aucun talent ou don particulier à se lancer dans une carrière de superhéros, et à s’y casser les dents, au mieux. En partie à cause de ces avertissements, et en partie parce qu’Arthur n’est pas le type le plus courageux au monde (bref, il est comme vous et moi), il va découvrir pour son premier soir dans la peau d’un superhéros est bien plus dangereuse qu’il ne l’espérait, et qu’il n’a pas forcément la carrure pour une telle fonction. C’est le moment que choisit The Tick pour apparaître dans sa vie.
The Tick nous a été présenté, au début de l’épisode, comme un type complètement idiot, mais aussi particulièrement enthousiaste quant à sa mission de protection des plus faibles. Jusque récemment, il faisait régner l’ordre à un arrêt de bus sur une autoroute quelconque, mais après avoir défait son pire ennemi (une machine à café), il comprend qu’il est temps pour lui de partir vers de nouveaux horizons (en l’occurrence « The City », une métropole évidemment pleine de superméchants). Enfin ça, c’est évidemment sa perception des choses, mais en réalité les personnes travaillant à l’arrêt de bus en avaient marre de lui, et lui ont payé un ticket pour qu’il se barre le plus loin possible. Comme vous le voyez, dans The Tick, les superhéros sont plus méprisés qu’autre chose, même quand ils n’écoutent que leur courage.
Car dans son délire de sauveur, The Tick ne recule jamais devant le danger… il est parfois trop idiot pour comprendre qu’il y a un danger, mais quand il le perçoit, il ne recule jamais, et c’est ça l’important, nous dit la série. C’est d’autant plus important qu’Arthur admire vraiment la fonction de superhéros, et qu’il refuse que ses camarades costumés ne respectent pas toujours la mission qui leur incombe. Lui n’a pas forcément le courage d’aller au bout, sûrement parce qu’il est un peu trop conscient des risques, mais sa motivation l’honore.
L’idée motrice de The Tick, c’est donc de dépeindre à la fois le ridicule de ces protagonistes, et leurs (plutôt) bonnes intentions. C’est aussi une combinaison idéale pour obtenir des situations grotesques, faites d’incompréhensions et de ratages. Après tout, l’Enfer est pavé de bonnes intentions…
Dans ce premier épisode, Captain Liberty et Batmanuel jouent clairement les seconds couteaux ; ils n’ont que deux scènes de présence, d’ailleurs. The Tick se concentre vraiment sur son personnage éponyme et sur son sidekick Arthur. Je ne me rappelle plus si ça s’améliore ensuite, honnêtement, mais leur fonction est purement parodique, l’introduction des deux personnages servant uniquement à se moquer des clichés entourant les superhéros. C’est la mission première des comics The Tick, si on veut être honnête ; mais à côté d’Arthur, rendu vulnérable et donc émouvant, ces personnages paraissent bien vides hélas.
De toute façon, The Tick n’est pas à prendre sérieusement. Si elle n’est pas dépourvue d’aspects un peu plus tendres (chose qui faisait cruellement défaut à Powerless qui pourtant s’essayait aussi à la parodie de l’univers des superhéros, preuve qu’il y a toujours plus incompétent que soi), elle reste, avant tout, une parodie absurde à regarder sans prise de tête. Enfin, c’est le cas pour cette version, en tous cas… on verra pour l’adaptation d’Amazon.